Malgré des bouleversements politiques et une transformation démocratique dans certaines parties du monde, l’année 2011 a été marquée, une fois de plus, par de bien maigres avancées en ce qui concerne la participation politique des femmes, et par une insuffisante volonté politique de remettre en question le statu quo, a déclaré l'UIP.
Dans son étude annuelle sur les femmes parlementaires lancée aujourd'hui, l'UIP constate que la moyenne mondiale des femmes dans les parlements s'établit à 19,5 % en 2011, contre 19 % en 2010. Cette augmentation de 0,5 point reflète l’évolution observée durant la dernière décennie et les avancées minimes des efforts déployés pour parvenir à la parité hommes-femmes dans la représentation parlementaire à travers le monde.
« Aujourd’hui, moins d'un parlementaire sur cinq dans le monde est une femme. Ce chiffre, qui est inquiétant à ce stade du développement humain, est injustifiable. Dans la plupart des cas, la volonté politique de faire évoluer la situation est tout simplement absente », a expliqué le Secrétaire général de l’UIP, Anders B. Johnsson.
L'étude en question met néanmoins en relief plusieurs succès tels que l'amélioration spectaculaire de la représentation politique des femmes dans de nombreux pays après les élections tenues en 2011, notamment au Nicaragua, aux Seychelles, en Slovénie, en Andorre et à Sainte-Lucie. Le nombre de chambres basses comptant plus de 30 % de femmes est passé de 25 à 30, et une tendance similaire se manifeste dans les chambres hautes. Le nombre de chambres parlementaires sans aucune femme a chuté à sept.
En outre, d’autres travaux de recherche effectués par l'UIP et ONU Femmes, présentés dans la carte Les femmes en politique 2012, montrent des progrès au niveau de l’Exécutif puisque le nombre de pays ayant une femme chef du gouvernement ou chef d'Etat, ou les deux, a plus que doublé depuis 2005 et s’établit à 17. Le pourcentage de femmes ministres a lui aussi légèrement augmenté, passant de 14,2 % en 2005 à 16,7 % en 2012.
Mais on constate aussi des reculs très nets dans des pays comme l'Egypte, le Pérou, les Emirats arabes unis, l'Estonie, la Zambie et Chypre, qui ont enregistré les plus forts reculs de la représentation féminine. A l’issue des élections tenues récemment en Egypte, le pourcentage de femmes parlementaires est passé de 12,7% à un peu moins de 2 %. Dix femmes seulement siègent au Parlement, sur un total de 508 sièges.
Malgré quelques évolutions encourageantes dans le monde arabe, notamment en Tunisie où une loi garantit la parité sur les listes de candidats ou au Maroc où la mise en place de quotas pour les femmes parlementaires s’est traduite par une augmentation de 6 points de pourcentage du nombre de femmes parlementaires en 2011, la moyenne régionale de 10,7 % reste bien inférieure à la moyenne mondiale.
« Le printemps arabe n'a pas produit les effets escomptés en ce qui concerne les femmes en politique. Pourtant, les chances que plus de femmes soient élues au Parlement sont bien réelles. Il faut simplement s’en saisir. Plus d'un tiers des pays où la proportion de femmes parlementaires est égale ou supérieure à 30 % sont des pays qui sont au sortir d'un conflit et sont en transition. Il y a des précédents incontestables », a déclaré le Président de l'UIP, Abdelwahad Radi. « Les femmes étaient à l'avant-garde des soulèvements au Moyen-Orient. Elles doivent aussi être à l'avant-garde de la démocratie parlementaire ».
« Pour ONU Femmes, l’élargissement de la participation politique des femmes est une priorité absolue », a déclaré Michelle Bachelet, Secrétaire générale adjointe à l’ONU et Directrice générale d'ONU-Femmes. « Aujourd'hui, j'appelle à une volonté politique plus forte afin de corriger la sous-représentation des femmes en politique, qui reste l'une des grandes disparités entre hommes et femmes dans le monde. En 2012, ONU Femmes aidera les Etats membres de l'ONU à accroître la présence des femmes aux postes de l’administration publique comme l'a demandé l'Assemblée générale des Nations Unies dans une résolution adoptée en décembre ».
Les chiffres tendent à confirmer que les femmes auraient le même taux de réussite aux élections si elles ne faisaient pas face, dans leur parcours, à beaucoup plus d’obstacles que les hommes.
L’UIP considère que des solutions existent mais qu’elles doivent être mises en œuvre avec diligence et une réelle détermination.
Les partis politiques ont un rôle clé à jouer en aidant davantage de femmes à se présenter aux élections. En instituant la parité sur les listes de candidats et en attribuant davantage des sièges gagnables aux femmes, ils rétabliraient l’égalité des chances pour tous les candidats. Il faudrait en outre mettre en place des règles claires et transparentes sur la sélection des candidats, et apporter un financement adéquat aux campagnes conduites par des femmes.
Pour l’UIP, des sanctions frappant les partis politiques qui ne parviennent pas à progresser vers la parité ou à respecter les quotas, attesteraient la volonté politique d’opérer de vrais changements.
Tant que cette volonté n’est pas concrétisée, les quotas restent la solution la plus efficace pour accroître la présence des femmes. Sur les 59 pays qui ont tenu des élections en 2011, 17 appliquaient des quotas légaux. Les femmes y ont conquis 27,4 % des sièges parlementaires, contre 15,7 % dans les pays dépourvus de toute forme de quotas.
« Il y a encore trop peu de femmes en politique. Tant que la parité n’est pas une réalité, le droit à la participation politique reste réservé à un seul groupe, et les femmes sont privées de la possibilité d’opérer des changements sociaux et économiques par des moyens politiques », a déclaré Anders Johnsson.
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