Conformément à un décret royal de juin 2007, les premières élections générales de la nouvelle Assemblée nationale (chambre basse du Parlement du Bhoutan), composée de 47 membres se sont déroulées le 24 mars 2008. Elles faisaient suite aux élections de la chambre haute nouvellement créée, le Conseil national, tenues en décembre 2007 et janvier 2008.
L'ancienne Assemblée nationale, qui comptait 150 sièges, était une instance où les partis n'avaient pas leur place. Ses membres étaient élus dans les districts. Elle avait été dissoute le 31 juillet 2007, en prévision des élections de 2008.
Le 22 avril 2007, le monarque avait pris un édit autorisant la formation de partis politiques au Bhoutan. Le Parti démocratique du peuple PDP, de l'ancien Premier ministre, Lyonpo Sangay Ngedup, a été le premier parti politique à voir le jour au Bhoutan. En juillet, le Parti des peuples unifiés du Bhoutan (BPUP) et le Parti de tous les peuples (APP) ont fusionné sous le nom de Druk Phuensum Tshoga (Parti de l'unité du Bhoutan, DPT), emmené par l'ancien Premier ministre Lyonpo Jigme Y. Thinley. Le DPT et le PDP se sont engagés à fonder une démocratie solide et ont promis allégeance à l'objectif national que constituait l'indicateur du Bonheur national brut. La Commission électorale a donc enregistré le DPT et le PDP pour les élections de 2008.
Un autre parti, le Parti national du Bhoutan (BNP), qui se composait de retraités de la fonction publique, a été constitué en 2007. Toutefois, la Commission électorale a annoncé qu'il ne remplissait pas les conditions requises pour être enregistré comme parti politique, estimant qu'il ne rassemblait pas des militants représentatifs de l'ensemble de la nation, ni ne recueillait une adhésion suffisamment large, et ne présentait pas non plus un programme répondant à une idéologie claire.
L'élection de l'Assemblée nationale se déroule normalement en deux tours. Lors de "l'élection primaire" (premier tour), les Bhoutanais votent pour le parti politique de leur choix, puis les deux partis politiques qui ont obtenu le plus de voix, présentent des candidats à l' "élection générale" (deuxième tour).
Dans la mesure où seuls deux partis étaient enregistrés, il n'y a pas eu de primaires aux élections de 2008. Les deux partis ont fait campagne sur des programmes similaires, promettant de de mettre en œuvre de vastes projets de développement. Le DPT a mis l'accent sur "l'équité et la justice". Il souhaitait donner la priorité à l'éducation, à l'emploi et aux infrastructures. Le PDP promettait, quant à lui, de lutter contre la pauvreté et de stimuler l'économie rurale par la décentralisation.
Le 20 janvier 2008, des attentats à la bombe ont frappé le pays en quatre endroits, parmi lesquels la capitale : Thimphou. Ces attentats ont été revendiqués par un groupe radical de formation récente, le Front révolutionnaire uni du Bhoutan.
Sur les 634 000 habitants que compte le pays, 318 000 avaient le droit de vote. Afin de garantir l'indépendance des élections, ce droit est refusé aux membres de la famille royale et aux moines bouddhistes. Malgré les actes de violence qui avaient secoué la période préélectorale, le scrutin s'est déroulé dans un climat relativement calme. Au total, 79,45 % des électeurs se sont rendus aux urnes, ce qui représente près de 25 points de pourcentage de plus que pour l'élection du Conseil national, deux mois plus tôt.
Quarante-deux observateurs internationaux, parmi lesquels la Mission d'observation électorale de l'Union européenne (MOE UE), ont suivi le scrutin. La mission de l'UE a déclaré que les élections avaient globalement été conformes aux normes internationales régissant les élections démocratiques, mais elle a toutefois relevé quelques manquements dans certains domaines. Les observateurs de la mission ont mis en avant l'importance de donner aux électeurs "un vrai choix entre des projets différents".
Les résultats définitifs ont donné une victoire écrasante au DPT, avec 45 sièges sur 47. Les médias locaux ont attribué la victoire du DPT à la popularité de M. Thinley, qu'ils jugent proche de la population. Quatre femmes ont été élues.
Le 29 mars, les deux élus du PDP se sont engagés à travailler à l'édification d'une "opposition forte" à l'Assemblée nationale.
Le 9 avril, le Roi a désigné M. Thinley, Premier ministre. Celui-ci a ensuite annoncé le nom des dix membres de son gouvernement et présenté des candidats aux postes de Président et de Vice-Président de l'Assemblée nationale.
L'Assemblée nationale a tenu sa première séance le 22 avril et élu M. Jigme Tshultim (DPT) à sa présidence. |