Les élections de mai 2010 étaient les quatrièmes depuis la chute du régime militaire de M. Mengistu Haile Mariam en 1991. Les trois premières avaient été remportées par la coalition au pouvoir, le Front populaire démocratique révolutionnaire de l'Ethiopie (EPRDF).
Lors des précédentes élections (tenues en mai 2005), l'EPRDF, dirigé par le Premier ministre Meles Zenawi, a remporté 327 sièges sur les 547 que compte la Chambre des représentants du peuple. Son allié, le Parti démocratique des peuples somalis (SPDP), a remporté 24 sièges. L'opposition a remporté 173 sièges, comme suit : la Coalition pour l'Unité et la Démocratie (CUD), 109 sièges; les Forces Unies et Démocratiques d'Ethiopie (UEDF), 52 sièges; le Mouvement Fédéraliste et Démocratique Oromo (OFDM), 11 sièges; l'Organisation Démocratique Nationale du Peuple Argoba (ANDO), un siège.
L'EPRDF est composé de plusieurs partis fondés sur des groupes ethniques : le Front populaire de libération du Tigré (TPLF) de M. Meles Tigray, qui a remporté 38 sièges en 2005, le Mouvement démocratique national amhara (ANDM, 87 sièges), l'Organisation populaire démocratique de l'Oromo (OPDO, 110 sièges) et le Mouvement démocratique du peuple d'Ethiopie du Sud (92 sièges).
A la suite des élections de 2005, les partis d'opposition ont accusé le gouvernement EPRDF de fraudes électorales et organisé des manifestations de rue. Plus de 200 personnes, dont sept agents de police, ont trouvé la mort. Plus de 70 membres de l'opposition et journalistes - dont le dirigeant de la CUD Hailu Shawul et un autre membre éminent de la Coalition, Mme Birtukan Mideksa - avaient été arrêtés. En juillet 2007, la Haute cour avait condamné 30 des 38 dirigeants de la CUD à la prison à vie.
En juillet 2007, le Président Girma Woldegiorgis a gracié les 38 membres de la CUD. En janvier 2008, M. Shawul s'est exilé aux Etats-Unis, à la suite de quoi la CUD s'est scindée. En juin 2008, Mme Mideksa a contribué à la fondation du parti Unité pour la démocratie et la justice (UDJ), et a par la suite été élue à sa direction. En décembre 2008, elle a de nouveau été arrêtée pour avoir contesté la version officielle des circonstances ayant mené à sa libération. Sa grâce a été annulée, et sa peine de réclusion à perpétuité rétablie. Malgré une pression locale et internationale grandissante, Mme Mindeksa n'a pas été libérée avant les élections de 2010.
Dans l'intervalle, en octobre 2009, le Premier ministre Meles a vu son mandat de dirigeant de l'EPRDF renouvelé pour cinq ans. En novembre 2009, 26 personnes ont été condamnées pour avoir fomenté un coup d'Etat contre le Gouvernement, qui affirmait que M. Shawul avait organisé l'opération.
En 2010, 2188 candidats - dont 272 femmes - représentant 63 partis politiques étaient en lice pour les élections à la Chambre des représentants du peuple.
L'EPRDF a fait campagne sur son bilan au pouvoir. Il s'est engagé à maintenir sa politique agricole et ses services de santé et d'éducation. Le Premier ministre Meles a promis d'organiser des élections pacifiques en 2010. L'opposition a accusé le gouvernement de contrôler les médias et les organisations indépendantes.
En 2010, la force d'opposition majeure était une alliance de huit partis dirigée par l'UDJ, le Forum d'unité démocratique fédérale éthiopienne (FORUM), connu sous le nom de "Medrek" (qui signifie "forum" en amharique). Le FORUM était dirigé par un dignitaire de l'UDJ, M. Merera Gudina, et soutenu par l'ancien Président Negaso Gidada. Le FORUM a demandé le développement de l'industrie et des services, en s'opposant à l'attention prioritaire portée par le gouvernement à l'agriculture. Il a aussi promis d'accorder aux agriculteurs le droit de posséder leurs terres, qui actuellement sont toutes détenues par l'Etat. Le 16 mai, un membre de l'opposition dans le Parlement sortant, Mme Asnaketch Balcha, a été arrêtée et condamnée deux jours plus tard à six mois de prison pour atteinte à l'autorité de la justice.
L'Organisation de l'Unité éthiopienne (AEUO), qui faisait partie de la CUD en 2005, s'est présentée aux élections de 2010 avec son propre programme, sous la direction de M. Shawul. L'AEUO a demandé la libération d'autres détenus de la CUD (qui avaient été incarcérés pour d'autres chefs d'accusation que les émeutes liées aux élections de 2005).
D'après la Commission électorale, 93,44 pour cent des quelque 32 millions d'électeurs inscrits se sont présentés aux urnes.
Les observateurs de l'Union européenne (UE) ont dit que les élections ont été pacifiques et bien organisées, mais qu'elles n'ont pas satisfait aux normes internationales. Ils ont ajouté que l'UE avait reçu de nombreux rapports indiquant que des personnes avaient été harcelées ou intimidées. La mission d'observation de l'Union africaine (UA) a déclaré que les élections avaient été généralement conformes aux directives et normes de l'Union africaine pour la conduite d'élections démocratiques.
Les résultats préliminaires ont conféré une victoire retentissante à l'EPRDF et ses alliés, qui ont remporté 545 des 547 sièges en lice. A lui seul, l'EPRDF s'est adjugé sans difficulté 499 sièges. Le FORUM n'a remporté qu'un siège, et un candidat indépendant a été élu. En tout, 152 femmes ont été élues.
Le FORUM et l'AEUO ont crié à la fraude électorale, en particulier dans les zones isolées où l'observation était difficile. Le dirigeant du FORUM, Merera, a réclamé de nouvelles élections. Le gouvernement a rejeté ces allégations et accusé l'opposition de tenter de trouver des excuses à sa défaite cuisante.
Le 31 mai, 14 partis éthiopiens d'opposition ont annoncé qu'ils acceptaient les résultats des élections, en déclarant qu'elles s'étaient déroulées de manière pacifique et démocratique. Ces partis étaient notamment la CUD, le Congrès national oromo (ONC), le Parti démocratique éthiopien (AEDP), le Mouvement national éthiopien (AENM), le Parti du projet éthiopien (EVP) et le Mouvement pour l'Unité Démocratique de l'Ethiopie (EDUM).
Le 21 juin, la Commission électorale a annoncé les résultats finaux, confirmant les résultats préliminaires.
Le 4 octobre, la Chambre des représentants du peuple nouvellement élue a tenu sa première séance et élu M. Abadula Gemeda Dego du parti OPDO à sa présidence.
Le Président Woldegiorgis l'a de nouveau graciée le 6 octobre. |