Les électeurs namibiens se sont rendus aux urnes les 15 et 16 novembre 2004 à l'occasion des élections législatives et présidentielles qui ont marqué la fin de l'ère Nujoma. Le président Sam Nujoma, héros de la libération nationale et membre fondateur du parti au pouvoir, la SWAPO, qui a mené une lutte armée pendant plus de trente ans contre le régime d'apartheid imposé par l'Afrique du Sud, a dirigé le pays pendant les 14 années qui ont suivi l'indépendance, proclamée en 1990. Sam Nujoma, qui devait conserver la présidence de la SWAPO, avait désigné Hifikepunye Pohamba, Ministre des affaires foncières du gouvernement sortant, comme candidat du parti aux élections présidentielles.
Quelque 977 400 électeurs inscrits, pour une population de 1,82 millions d'habitants, ont été invités à élire les 72 membres de l'Assemblée nationale au scrutin de liste, le Président étant élu au suffrage universel direct. Sept des neuf partis politiques en lice pour les élections législatives ont présenté des candidats aux élections présidentielles. Trois formations politiques, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), l'Organisation démocratique pour l'unité nationale (Nudo) et le Parti républicain, participaient pour la première fois aux élections. Le Parti républicain et la Nudo s'étaient présentés aux élections précédentes sous l'étiquette de l'Alliance démocratique Turnhalle (DTA). Le Congrès des démocrates (COD), le Groupe d'action (MAG) le Front démocratique unifié (UDF), la Swanu et la SWAPO ont également présenté des listes.
La réforme foncière figurait en bonne place dans les programmes électoraux de la quasi-totalité des partis politiques en lice. Lors de la présentation du programme de la SWAPO, Sam Nujoma s'est engagé à exproprier les propriétaires étrangers de 162 exploitations agricoles et de redistribuer les terres récupérées à des agriculteurs noirs. Benjamin Ulenga, chef du Congrès des démocrates, a critiqué la réforme agraire engagée par le gouvernement, affirmant qu'elle n'avait profité qu'aux membres les plus riches de la SWAPO, et a demandé à ce que les terres soient attribuées aux pauvres et aux paysans sans terre. Le chef du Parti républicain a déclaré pour sa part que la réforme foncière était un " dilemme politique hérité du passé " auquel il convenait d'apporter une solution.
Outre la réforme agraire, la SWAPO s'était fixée pour objectifs prioritaires la santé, le logement, l'éducation et la création d'emplois. Le Parti républicain a fait campagne sur le thème de la lutte contre le chômage et la pauvreté, tandis que la Nudo a mis l'accent sur la santé et le bien-être social, et plus particulièrement sur la pandémie de VIH/SIDA.
Deux semaines à peine avant le scrutin, les partis d'opposition ont menacé d'appeler au boycott des élections, accusant l'organisme public de radiodiffusion et de télévision, la Namibia Broadcasting Corporation (NBC), de parti pris en faveur de la SWAPO. Le COD et la DTA ont notamment avancé que la NBC avait accordé à la SWAPO un temps d'antenne télé disproportionné.
Outre l'accès gratuit aux moyens publics, la SWAPO a investi dans la campagne des fonds versés par diverses sociétés privées accusées par l'opposition de financer le parti dans le but d'obtenir des marchés. La loi électorale en vigueur en Namibie interdit aux formations politiques de recevoir des fonds de l'étranger, et les partis d'opposition ont fait valoir qu'ils ne disposaient d'aucun budget pour financer leur campagne.
La Commission électorale namibienne a accueilli des observateurs étrangers et des équipes envoyées par le Forum parlementaire de la Communauté de développement de l'Afrique australe, l'Union africaine et l'Union européenne.
Le taux de participation, tel qu'il a été annoncé par la Commission électorale, était de 85 %. C'est le niveau le plus élevé jamais enregistré lors des trois élections générales tenues depuis la fin du régime d'apartheid et la proclamation de l'indépendance en 1990.
La Commission électorale, le parti au pouvoir, la plupart des partis d'opposition et les observateurs internationaux ont estimé que les élections avaient été globalement libres et régulières.
A l'issue du scrutin, la Commission électorale a annoncé que le candidat de la SWAPO, Hifikepunye Pohamba, avait obtenu 625 605 voix, soit 76,4 % des 818 360 suffrages valables exprimés. Benjamin Ulenga, chef du Congrès des démocrates, est arrivé en tête des six candidats d'opposition, et obtenu 59 547 voix, soit 7,3 des suffrages.
La SWAPO a également obtenu 75 % des suffrages valables, ce qui lui a valu de conserver ses 55 sièges à l'Assemblée nationale. Le COD et la DTA, qui avaient remporté 7 sièges chacun aux élections précédentes, n'en ont obtenu cette fois que cinq et quatre respectivement. Le Front démocratique unifié (UDF) a remporté trois sièges, contre deux dans la précédente mandature, et le Groupe d'action a conservé son unique siège. La Nudo, qui participait à des élections pour la première fois, a obtenu trois sièges, et le Parti républicain un siège.
Donnant suite à une plainte déposée par les partis d'opposition, la Haute Cour a, le 16 décembre, ordonné à la Commission électorale de communiquer à ces partis des rapports sur les élections pour toutes les circonscriptions électorales. Après avoir pris connaissance de ces documents, les partis d'opposition ont demandé le 21 décembre 2004 à la Cour de déclarer nulles et non avenues les élections nationales de novembre, ou d'ordonner un nouveau dépouillement des 830 000 bulletins de vote. Le 10 mars 2005, la Haute Cour a ordonné un deuxième décompte des bulletins, dans un délai de cinq jours. Le deuxième décompte a commencé le 13 mars et a été gêné parce que quelques urnes avaient été endommagées par la pluie et qu'un certain nombre d'autres avaient disparu d'un entrepôt public. Le Président de la Commission électorale namibienne a néanmoins validé le 16 mars 2005 les résultats des élections.
Les membres de l'Assemblée nationale ont prêté serment le 20 mars comme prévu et ont élu M. Theo Ben Gurirab à la présidence de l'Assemblée. |