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 Berne, le 16 octobre 2011IPU Logo-bottom

INTERVIEWS A L'OCCASION DE LA 125ème ASSEMBLEE DE L'UIP

Autres interviews, déclarations et communiqués de presse de cette serie


On peut avoir une croissance économique grâce aux technologies propres

Entretien avec Bertrand Piccard, aéronaute et inventeur de l'avion Solar Impulse avec André Borschberg

M. Bertrand Piccard Q : Quel a été votre message aux parlementaires de 130 pays à la 125ème Assemblée de l'UIP à Berne ?
B.P. Les parlementaires ont un rôle extrêmement important à jouer pour le développement des nouvelles technologies et le remplacement progressif des énergies fossiles par des énergies renouvelables. Si nous attendons que la situation évolue toute seule, ça ne marchera pas. Les clients sont prêts à acheter de nouvelles technologies, mais elles ne sont pas sur le marché, les industriels sont prêts à en produire mais il faudrait qu'ils sachent dans quelle direction investir. Qui va changer le monde ? Ce seront les parlementaires qui feront les lois et établiront le cadre légal concernant l'économie d'énergies fossiles et le développement des énergies renouvelables. Lorsqu'on s'adresse aux parlementaires, on parle à ceux qui peuvent changer quelque chose dans ce monde.

Q : Avez-vous été entendu ?
B.P. Lorsque je vois le nombre de questions qui m'ont été posées, je pense que quelque chose s'est créé. C'est de bon augure.

Q : Qui sont les interlocuteurs politiques de Solar Impulse ?
B.P. La plus grande partie de nos événements organisés autour de Solar Impulse sont destinés au monde politique : parlementaires, commissaires européens, ministres, chefs d'Etat et de Gouvernements, rois ou princes. Solar Impulse n'est pas seulement un avion solaire qui vole sans carburant, c'est avant tout un message à transmettre au monde politique qui peut changer la politique énergétique de notre monde, à condition d'avoir le courage et l'esprit pionnier nécessaires.

Q : Quel est votre prochain défi ?
B.P. Celui qui va m'occuper encore longtemps : non seulement avoir un avion qui vole autour du monde sans carburant grâce au programme Solar Impulse, mais utiliser ce programme et cette démonstration technologique pour encourager le plus grand nombre de personnes à utiliser, dans leur vie de tous les jours, les technologies que nous utilisons dans notre avion. Si un avion peut voler jour et nuit sans carburant, ces mêmes technologies permettent de faire marcher des voitures, d'isoler des maisons, etc.

Q :Voulez-vous changer la culture des citoyens ou leur psychologie par rapport à l'écologie?
B.P. Je suis psychiatre. J'ai toujours eu l'impression qu'il ne fallait pas créer des résistances contre lesquelles il fallait se battre. Nous devons montrer l'intérêt que chacun peut avoir à ce nouveau développement technologique. Tant que l'on a voulu protéger la nature et diminuer la charge de CO2, on s'est heurté à une de résistance de la part du monde industriel et économique. Le but est de créer des emplois, d'utiliser ces nouvelles technologies pour de nouveaux produits et ouvrir de nouveaux marchés. On peut avoir une croissance économique grâce aux technologies propres. Cela aidera l'environnement et motivera non seulement les écologistes mais aussi beaucoup d'autres personnes à se lancer dans ce nouveau défi industriel, économique et technologique.

Q : Nicolas Hulot a sensibilisé les hommes et les femmes politiques lors de la campagne présidentielle en France. Faites-vous de même en Suisse et ailleurs ?
B.P. Il y a un mois, j'ai lancé une charte énergétique qui a été soumise à tous les candidats aux élections fédérales suisses, 530 candidats l'ont signée et s'engagent à atteindre des buts clairs en termes d'économies d'énergie et de développement des énergies renouvelables. C'est peut-être un rêve utopique, mais mon but est que ceux qui signent cette charte soient mieux élus que les autres. C'est pour cela que nous avons publié le nom de tous ces candidats sur notre site internet et dans les journaux. S'ils sont mieux élus que les autres, cela veut dire que, dans quatre ans, tous les partis et les candidats devront incorporer des messages énergétiques dans leur campagne électorale. En quatre ans, on peut changer une grande partie de la politique énergétique d'un pays.

Q : Changer les choses par la politique, cela vous intéresse ?
B.P. Cela m'intéresse depuis longtemps, mais je ne veux pas être dans un parti politique. Car même dans le plus grand parti de Suisse nous aurions 30% d'audience et 70% d'adversaires. Il vaut mieux être en dehors des partis et voir quel est l'intérêt de chacun d'eux à jouer le jeu. Cette charte énergétique a été signée par les candidats de tous les partis, de la gauche à la droite. Cela montre qu'il y a une possibilité et une chance à prendre là.

Q : A Berne, vous avez brièvement rencontré le Président de la Chambre des Représentants du Maroc, M. Abdelwahed Radi, qui est aussi le nouveau Président de l'UIP. Solar Impulse devrait rejoindre Marrakech en 2012. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce prochain vol ?
B.P. Nous sommes effectivement en train d'étudier la possibilité de voler vers le Maroc l'année prochaine, mais rien n'est encore décidé. Tout dépendra des infrastructures que nous pourrons y trouver pour notre immense avion.

Q : Pourquoi avez-vous choisi le Maroc et Marrakech comme prochaine destination ?
B.P. Avec Solar Impulse, Andre Borschberg et moi voulons soutenir les efforts des pays qui veulent développer les énergies renouvelables, et c'est exactement ce que le Maroc veut faire. C'est admirable de voir autant d'esprit pionnier à l'échelle d'un pays!

Entretien : Luisa Ballin (UIP)
Photo : Parlement suisse/Christof von Waldkirch

Fondée en 1889 et basée à Genève, l'UIP, doyenne des organisations politiques internationales, compte 159 parlements nationaux affiliés et neuf assemblées parlementaires régionales comme membres associés. L'organisation mondiale des parlements dispose d'un Bureau à New York en tant qu'Observateur permanent auprès de l'ONU.
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