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N°11
OCTOBRE 2003
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SOMMAIRE


white cube Editorial
white cube L'invité : M. Supachai Panichtpakdi
white cube Activités : Session de Cancún de la Conférence parlementaire sur l'OMC
white cube Dossier : Rencontre entre parlementaires israéliens et palestiniens
white cube Egalité des sexes : Guide parlementaire UIP/Nations Unies
white cube Evolution parlementaire

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Le Monde des Parlements
 Dossier

Rencontre entre parlementaires israéliens et palestiniens

Etablissement d’un groupe de parlementaires israéliens et palestiniens

Réunion entre les membres de la Knesset et du Conseil législatif palestinien
à Genève
Réunion entre les membres de la Knesset et du Conseil législatif palestinien à Genève

Une délégation de la Knesset et une délégation du Conseil législatif palestinien (CLP) ont tenu leur première réunion depuis trois ans au nouveau Siège de l’UIP, à Genève le 17 juillet 2003.

La rencontre a eu lieu à l’invitation de l’UIP et du Groupe interparlementaire suisse, en collaboration avec le Manifeste-Mouvement pour une paix juste et durable au Moyen-Orient et avec le soutien des autorités genevoises. La réunion avait pour but de renouer le dialogue entre les deux parties, qui participent aux activités de l’UIP. A l'issue de la rencontre il a été décidé d’établir un groupe de travail entre Israéliens et palestiniens élus, chargé d'entretenir l'esprit de coopération et de jeter, dans un proche avenir, les bases de coopération entre les deux parlements élus.

La rencontre s'est déroulée sous la présidence de M. Finn Martin Vallersnes, membre du Parlement norvégien et Président du Comité de l'UIP sur les questions relatives au Moyen-Orient.

Le Chef de la délégation israélienne, Avraham Burg, ancien Président de la Knesset et membre du Parti travailliste israélien, et le Chef de la délégation palestinienne, Abdelkader Hamed "Farhès Kaddoura", membre du Conseil législatif palestinien et du Parti du Fatah, expliquent l'importance de cette réunion.

Avraham Burg :
"Offrir aux deux parties une alternative à la violence, voilà notre mission"

Délégation israélienne
La délégation israélienne était composée (de gauche à droite) de MM. R. Chayne, A. Burg, A. Vilan et M. Whebee.
Q : M. Burg, concrètement, comment allez-vous travailler avec les membres du CLP ?
A.B.:
J'espère bien que cette réunion de Genève aboutira à un groupe de travail. L'expérience m'a appris que lorsque vous siégez dans le même groupe, le processus gomme les différences. Je représente la partie A et il représente la partie B et nous travaillons ensemble à la réalisation du même objectif. Assis ensemble dans la même pièce, j'espère que nous oublierons tout ce qui nous a opposés précédemment et que nous oeuvrerons de concert à un avenir meilleur. Les parlements représentent le peuple, démocratiquement et publiquement. Offrir aux deux parties une alternative à la violence, voilà notre mission.

Q : Allez-vous aussi tenter de convaincre vos dirigeants et vos gouvernements ?
A.B.:
Je ne pense pas qu'on puisse persuader les gouvernements en leur disant : "voilà ce que nous pensons, alors voilà ce que vous dites", mais si le public voit qu'il y a vraiment une autre solution, il dira au gouvernement ce qu'il doit faire. Mon rôle est de mobiliser le public et le public mobilisera le gouvernement.

Abdelkhader Hamed Farhès Kaddoura :
"Il est bon de dialoguer directement car nous avons essayé une autre forme de dialogue sur le terrain, la pire, le dialogue des armes"

Délégation palestinienne
La délégation du Conseil législatif palestinien était composée de (de gauche à droite), MM. A. Elhabbash, A. Hamed Farhès Kaddoura et K.H. Tibi.
Q : Comment définiriez-vous l'importance de cette réunion ?
A.H.F.K. :
S'asseoir avec les Israéliens et tenter de dialoguer directement est une bonne chose. Nous avons fait l'expérience du pire, le recours aux armes, chaque partie accusant l'autre. Les Palestiniens en ont souffert, les Israéliens aussi. A propos de dialogue, les Israéliens doivent comprendre qu'aucun Etat dans l'histoire du monde ne peut détruire un peuple qui veut la liberté. Nous comprenons bien que l'Etat d'Israël a le droit de vivre dans la sécurité à côté de notre Etat. Dans cet espace, nous pouvons arriver à un accord de paix final. Il s'agit de savoir quand les Israéliens comprendront qu'occupation et sécurité ne peuvent coexister, contrairement à ce qu'ils pensent, malheureusement. L'Etat israélien a commis une grosse erreur stratégique avec les colons. Il sait qu'en vertu du droit international et des décisions de l'ONU, la Rive occidentale, Gaza et Jerusalem-Est sont des territoires occupés. Il construit des colonies, et maintenant il nous demande de comprendre ses problèmes intérieurs et de modifier les frontières pour parvenir à l'accord de paix final. Pour ce qui est de la réunion, l'UIP doit à mon sens jouer un rôle beaucoup plus important. Elle doit nous le dire, et le dire aux Israéliens, lorsque nous nous trompons car nous pensons toujours que nous avons raison sur tous les points, et c'est aussi ce que pensent les Israéliens. Voilà la difficulté du dialogue et des négociations. Pendant ces réunions, nous devons nous attaquer à une question importante et en discuter tous les détails pour parvenir à des conclusions de sorte que, de retour dans nos pays respectifs, nous puissions faire ce que nous avons accepté de faire, ici, ensemble. J'ai fait partie de délégations palestiniennes et nous avons rencontré des centaines d'Israéliens. Depuis 10 ans, nous parlons de paix, nous disons que nous voulons la paix, que nous aimons la paix mais sur place la situation est tout autre. Nous ne sommes pas seulement membres de nos parlements, nous sommes aussi membres de partis qui jouent un grand rôle au sein de nos deux peuples.

Q : Voulez-vous dire que vous souhaitez l'adoption de propositions ou de décisions plus concrètes dans le cadre des réunions que vous tenez à l'UIP avec vos homologues israéliens ?
A.H.F.K. :
Oui. Lors d'une autre réunion, nous devons tenter de répondre à la question suivante: Quelle paix voulons-nous, nous les Palestiniens ? Et les Israéliens doivent nous dire quelle paix ils veulent. Pour essayer de nous comprendre. Peut-être veulent-ils une paix avec des colonies ou une paix sans le retrait de leurs soldats de la Rive occidentale ? Nous devons savoir ce qu'ils veulent. Ils doivent savoir ce que les Palestiniens veulent. Alors nous comprendrons les difficultés. Nous pouvons dire : nous acceptons ces dix questions et il y en a trois ou quatre encore que nous devons continuer à examiner. Ce n'est pas une négociation. Les négociations seront menées par les négociateurs, les gouvernements. Mais peut-être que dans un an ou deux, M. Avraham Burg sera le Premier Ministre d'Israël et M. Jawad Tibi sera Ministre dans un autre gouvernement palestinien. Dans ce cas, ils tireront des conclusions qui guideront leur politique au gouvernement. Quand je rentrerai chez moi, je serai parvenu à des conclusions sur tel ou tel point concret et répondrai aux questions que la presse me posera. Peut-être que dix Palestiniens m'écouteront, et que trois d'entre eux seulement seront d'accord avec moi. Et peut-être que deux mois plus tard, ils seront sept à m'approuver. Voilà comment l'opinion publique se fait.

Q : Etes-vous prêt à dire aux Palestiniens que le moment est venu de tenter de travailler avec vos homologues de la Knesset ?
A.H.F.K. :
Si nous attendons le bon moment, nous risquons d'attendre encore 50 ans !!! C'est le moment de nous parler.


Entretien avec M. Finn Martin Vallersnes, Président du Comité de l'UIP sur les questions relatives au Moyen-Orient

"Chaque fois que l'on s'entend sur une petite chose, on ajoute une pierre au mur de la confiance"

Q. : Quel est votre bilan de la réunion entre parlementaires israéliens et palestiniens organisée par l'UIP et le Manifeste-Mouvement pour une paix juste et durable au Moyen-Orient, avec le soutien des autorités genevoises?
F.M.V. :
La situation et le conflit restent graves et complexes. Mes attentes étaient donc modestes avant notre réunion de juillet. Cependant, ma principale observation à l'issue de la réunion est que les deux délégations ont fait preuve d'une ouverture d'esprit positive, d'un désir d'aller de l'avant dans un climat constructif. Nous avons donc pu adopter par consensus la déclaration menant à la création du groupe de travail, et nous y donnerons suite cet automne. J'apprécie beaucoup les efforts considérables de tous les membres des deux délégations. L'UIP et moi-même ferons bien sûr de notre mieux, pour répondre à ce que les deux parties attendent de nous en tant qu'organisateurs et facilitateurs.

Q. : Qu'attendez-vous des parlementaires israéliens et palestiniens?
F.M.V. :
J'attends d'eux qu'ils relèvent le défi en renforçant encore les bases qui ont été établies en juillet. L'expérience nous a montré que tout progrès du processus de paix génère souvent des réactions négatives et violentes de la part des extrémistes qui s'opposent à la paix comme résultat final. J'attends des deux délégations qu'elles poursuivent leurs efforts, même si les circonstances environnantes deviennent difficiles. Je ne m'attends pas à ce qu'elles commencent par essayer de trouver des solutions aux problèmes les plus importants et les plus difficiles. Je recommande plutôt une approche progressive. Chaque fois que l'on s'entend à une petite chose, on ajoute une pierre au mur de la confiance. Cela nous permettra d'aborder petit à petit des problèmes plus complexes.

Q. : Comment évaluez-vous le rôle de la diplomatie parlementaire au Moyen-Orient?
F.M.V. :
Je suis naturellement influencé par la culture politique de mon propre pays et de mon parlement. Pour moi, les parlementaires remplissent deux fonctions importantes : a) en tant que parlementaires, leur rôle est de superviser l'action et la politique de leur gouvernement. Cela est vrai pour les membres de l'opposition et pour ceux qui appartiennent à la partie du gouvernement. Les parlements ont beaucoup de fonctions, mais ils se doivent d'être aussi un forum de contrôle de la qualité des actions du gouvernement. b) les parlementaires représentent le peuple, car ils sont élus par lui. En l'occurrence, cela leur donne une double mission : la majorité des Palestiniens et des Israéliens sont pour une solution pacifique, ils veulent être en sécurité dans leur vie quotidienne, ils veulent cette vie normale et de bonne qualité que nous souhaitons tous, pour nous-mêmes et pour nos familles. Si les parlementaires représentent vraiment leurs électeurs, ils devraient oeuvrer à cette fin. D'un autre côté, les parlementaires élus peuvent avoir beaucoup d'influence sur la formation de l'opinion publique. Ils ont donc pour mission spéciale d'expliquer à la population un cadre politique est nécessaire pour évoluer globalement vers la paix, au moyen d'un processus caractérisé par de nombreux éléments interdépendants. Comme le redressement économique, l'aide humanitaire et la stabilité militaire et politique. Je suis convaincu que le processus n'avancera durablement que si touts les intéressés progressent simultanément et dans la même direction, notamment les gouvernements, les parlements, les organisations de la société civile, et surtout les gens ordinaires. C'est là que, les parlementaires ont un rôle crucial à jouer.

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