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N°35
SEPTEMBRE 2009

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de la Revue

Le Monde des Parliaments
Tolérance en politique

La tolérance en politique vue par des Présidents de parlement

La Déclaration universelle sur la démocratie a été adoptée par le Conseil de l’UIP le 16 septembre 1997 au Caire (Egypte). Lors de la première session du Comité préparatoire de la troisième Conférence mondiale des Présidents de parlement qui s’est tenue à Genève en juillet 2009, des Présidents de parlement ont donné leur point de vue au Monde des Parlements sur l’importance de la tolérance en politique. Parmi eux se trouvait M. Ahmed Fathy Sorour, qui présidait l’UIP lorsque la Déclaration a été adoptée au Caire.

M. Ahmed Fathy Sorour

M. Ahmed Fathy Sorour, Président de l’Assemblée du Peuple d’Egypte

La tolérance doit prévaloir afin d’atténuer le besoin de revanche ou de prévenir le recours à la force

Je suis heureux de célébrer la Journée internationale de la démocratie parce que j’ai été celui qui a proposé la Déclaration universelle sur la démocratie lorsque je présidais l’UIP. Cette déclaration ajoute du prestige à l’UIP, comme c’est le cas pour les Nations Unies lorsqu’elles célèbrent la Déclaration des droits de l’homme. Cela va enraciner les valeurs de la démocratie car si les peuples et les gouvernements oublient, le fait que nous leur rappelions chaque année l’existence de la Déclaration universelle sur la démocratie va leur permettre d’en entendre parler et de l’étudier. Nous devons demander à l’UNESCO d’introduire les principes de cette déclaration dans ses programmes éducatifs. Si on enseigne aux étudiants les principes des droits de l’homme, on devrait également leur enseigner les principes de la démocratie. Les principes liés aux droits de l’homme sont codifiés dans les traités portant sur les droits civils, politiques, humains et sociaux. L’UIP doit oeuvrer pour développer un modèle de traité qui respecte les principes de la démocratie pour encourager la tolérance en politique. Le Parlement est composé d’une majorité et d’une opposition. Si la tolérance en politique est voulue par la société, le Parlement peut en favoriser le respect, par le dialogue entre l’opposition et la majorité. Le Parlement doit aussi jouer un rôle de médiateur face à la pluralité de la société. La tolérance doit prévaloir pour atténuer le désir de revanche et prévenir l’usage de la force, car s’il n’y a pas de tolérance, nous payerons le prix de la violence et du terrorisme dans le monde.

M. Max Sisulu

M. Max Sisulu, Président de l’Assemblée nationale de l’Afrique du Sud

La tolérance est l’art d’écouter ce que les autres disent et d’essayer de trouver un juste milieu

La tolérance implique que la majorité soit capable d’écouter la minorité et que la minorité ait le courage d’exprimer ses opinions. Y compris au sein même des partis, où il faudrait savoir écouter différentspoints de vue sur un même sujet. La tolérance est l’art d’écouter ce que les autres disent et d’essayer de trouver un juste milieu. Les partis politiques peuvent faire plus, mieux et différemment. En Afrique, de nouvelles démocraties émergent après des conflits. Le Rwanda en est l’exemple classique, où les parties qui étaient en conflit travaillent ensemble pour adopter des lois dans l’intérêt de toute la population. C’est une expérience importante pour le peuple rwandais, ainsi que pour tous les Africains. En Afrique du Sud, la situation était semblable. Vous aviez un parti qui a lutté contre l’apartheid avec le soutien de la communauté internationale. Quand l’apartheid a pris fin, nous avons été capables de nous asseoir avec l’ancien régime, au sein d’un même Parlement et dans un gouvernement d’union nationale, composé du Congrès national africain (ANC) et du Parti national. Nelson Mandela est devenu le premier Président élu de l’Afrique du Sud et Frederick De Klerk, l’ancien dirigeant du Parti national, est devenu l’un des Vice-Présidents. Nous espérons que cela servira d’exemple aux autres pays d’Afrique qui sortent d’un conflit.

M. Michel Temer

M. Michel Temer, Président de la Chambre des députés du Brésil

Tolérance politique et responsabilité

La Journée internationale de la démocratie devrait être célébrée partout dans le monde. Les régimes intolérants peuvent poser des problèmes à tous les membres de la société. L’idée d’une tolérance responsable est étroitement liée aux concepts de démocratie, liberté d’expression, liberté de mouvement et liberté d’association, qui nous renvoient à l’idée de responsabilité. Les présidents de parlement feraient bien de promouvoir ces idées dans leurs pays respectifs.

M. Abdulhadi Al-Majali

M. Abdulhadi Al-Majali, Président de la Chambre des représentants jordanienne

La démocratie, la tolérance et les droits de l’homme diffèrent de pays à pays

La démocratie, les droits de l’homme et la tolérance diffèrent de pays à pays. Une majorité de présidents de parlement pensent que la démocratie ne devrait pas être imposée et qu’il n’y a pas qu’un seul modèle de démocratie. Chaque pays devrait décider de lui-même. La chose la plus importante est de voir les résultats. Est-ce que les choses changent sur le terrain grâce à notre travail et à nos discussions ? Si tel n’est pas le cas, personne n’entendra parler de l’UIP.

 

Types de préjudice subis par les parlementaires, 2009*

L’intolérance en politique conduit souvent à des violations des droits de l’homme des parlementaires, notamment au moyen d’une utilisation arbitraire des lois sur la diffamation. Les mesures qui portent atteinte aux droits des parlementaires sont particulièrement préoccupantes pour la démocratie. Le Comité des droits de l’homme des parlementaires de l’UIP enquête sur ces atteintes.

En protégeant les parlementaires des abus, il protège les droits de leurs électeurs et défend ainsi l’institution parlementaire et la démocratie en général. En juin 2009, le Comité a examiné 63 cas, concernant en tout 253 parlementaires dans 30 pays.

Visitez aussi notre section sur la Journée de la Démocratie

 

* Selon les cas examinés par le Comité des droits de l’homme de l’UIP