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N°35
SEPTEMBRE 2009

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de la Revue

Le Monde des Parliaments
Cinquième réunion des femmes Présidentes de parlement

M. Theo-Ben Gurirab

Le Président de l’UIP, M. Theo-Ben Gurirab

Briser le silence qui entoure la violence envers les femmes

En juillet, l’UIP et le Conseil national autrichien ont tenu à Vienne la cinquième réunion annuelle des Présidentes de parlement. Cette réunion a porté sur deux questions clés : la violence à l’encontre des femmes et des filles, et les femmes et la crise économique mondiale, questions qui sont souvent liées. A cette occasion, les présidentes et vice-présidentes de 15 parlements nationaux et d’un parlement régional ont souligné à quel point la crise financière avait accru la vulnérabilité des femmes à la violence. Indépendance économique et égalité entre hommes et femmes, ont-elles conclu, sont la meilleure prévention. A Vienne, les participantes se sont rendues dans un centre d’accueil où des femmes et leurs enfants peuvent bénéficier d’une protection après avoir fui un mari ou un partenaire violent.

Le Président de l’UIP, M. Theo-Ben Gurirab, a indiqué que l’UIP avait lancé une campagne de soutien aux initiatives des parlements visant à mettre fin à la violence à l’encontre des femmes, campagne axée sur trois points : mettre en place un cadre juridique solide et efficace, garantir l’application de la loi, et sensibiliser l’opinion publique à la violence à l’encontre des femmes afin de la rendre plus visible.

Mme Barbara Prammer

Mme Barbara Prammer, Présidente du Conseil national autrichien

Nous devons veiller à ce que les programmes de lutte contre la discrimination soient élargis

Mme Barbara Prammer, Présidente du Parlement autrichien qui accueillait la réunion, a estimé que les parlements ne devaient pas laisser aux seuls gouvernements le soin de mieux prendre en compte de la question de l’égalité des sexes. « Nous, parlementaires, jouons un rôle crucial dans ce processus et nous devons veiller à ce que les programmes de lutte contre la discrimination soient élargis. Les pays qui n’ont pas encore ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) doivent le faire maintenant. Il en va de même des Conventions de l’OIT sur l’égalité entre les sexes et des conventions et législations régionales telles que les directives de l’Union européenne ».

Mme Joyce Adeline Bamford-Addo

Mme Joyce Adeline Bamford-Addo, Présidente du Parlement ghanéen

La participation politique : condition sine qua non de la démocratie et de la gouvernance

Pour Mme Joyce Adeline Bamford-Addo, Présidente du Parlement ghanéen, les droits des femmes sont des droits humains. La gravité de la violence à l’encontre des femmes tient à ce qu’elle est la cause et la conséquence du déni d’une série d’autres droits humains. « La violence sexiste qui dénie aux femmes l’exercice de leurs droits, ou y porte atteinte, est une forme de discrimination. La pauvreté et le chômage, par exemple, accroissent les risques d’exploitation des femmes qui prend notamment la forme de la traite et du tourisme sexuel. Et les guerres entraînent des viols de femmes et de filles ».

Les normes et cultures traditionnelles ont enraciné des pratiques qui déshumanisent les femmes et les filles. « La participation politique, condition sine qua non de la démocratie et de la gouvernance, est compromise lorsque des femmes subissent des violences, d’où les défis auxquels se heurtent nombre de nos pays en matière de représentation dans les structures politiques », a-t-elle ajouté.

Mme Ntlhoi Motsamai

Mme Ntlhoi Motsamai, Présidente de l’Assemblée nationale du Lesotho

Les femmes ne doivent pas être considérées uniquement comme des victimes

La Présidente de l’Assemblée nationale du Lesotho, Mme Ntlhoi Motsamai, a estimé que les femmes ne devaient pas être considérées exclusivement comme des victimes et qu’il fallait aussi voir en elles des agents du changement. « Les gouvernements doivent définir des politiques inclusives et, surtout, des priorités qui favorisent l’égalité entre hommes et femmes et l’émancipation des femmes. L’histoire a montré que, grâce à l’émancipation des femmes, les Etats-Unis et l’Amérique latine ont survécu à la Grande Dépression des années 1920. Il faut élargir les perspectives économiques pour les femmes et développer leur accès au crédit. Les femmes doivent être associées à l’élaboration des politiques, y compris aux processus budgétaires ». Les parlements doivent par ailleurs adopter des lois visant à supprimer les obstacles sociaux, culturels et juridiques à l’égalité des sexes, ou modifier les lois existantes pour aller dans ce sens.

La Baronne Anne Gibson of Market Rasen

La Baronne Anne Gibson of Market Rasen, Vice-Présidente de la Chambre des Lords (Royaume-Uni)

Crise économique et violence envers les femmes sont souvent liées

Les participantes ont presque toutes souligné le fait que crises économiques et violence envers les femmes étaient souvent liées. La Baronne Anne Gibson of Market Rasen a expliqué que « quand des femmes perdent leur emploi, le stress qui s’ensuit est inévitable. La plupart des femmes travaillent avant tout parce que leur rémunération est nécessaire pour maintenir la famille à flot. Sans ce complément de revenu, leurs difficultés financières s’accroissent de façon alarmante. Si le partenaire d’une femme perd son emploi, les difficultés qu’il éprouve affectent sa partenaire et la famille en général. Et lorsqu’une femme est mère célibataire, elle peut rapidement sombrer dans le désespoir. La perte d’emploi la rejette, elle et ses enfants, dans la strate économique la plus défavorisée de notre société. La difficulté de la perte d’emploi, qui crée une instabilité dans la vie familiale, peut être une cause de violence à la maison, et nous avons entendu des témoignages sur ce que sont les effets épouvantables de la violence au foyer ».

Les législateurs peuvent demander aux gouvernements d’être vigilants et de veiller à ce que la récession ne conduise pas à une intensification de la discrimination envers les femmes et à ce que les compétences des femmes ne restent pas inexploitées ou sous-utilisées lors de la reprise économique, a ajouté la Vice-présidente de la Chambre des Lords du Royaume-Uni.

Mme Katalin Szili

Mme Kalatin Szili, Présidente de l’Assemblée nationale hongroise

Donner aux femmes des perspectives égales

Bien qu’hommes et femmes soient affectés différemment par la crise économique, la Présidente de l’Assemblée nationale hongroise, Mme Katalin Szili, a estimé que les dispositifs propres à assurer l’égalité des chances pour les femmes devaient être maintenus. « Nous devons leur apporter toute l’aide possible, en particulier aux femmes ayant le plus haut niveau d’éducation, afin qu’elles puissent accéder à des emplois correspondant à leur formation, et qu’elles accèdent à des responsabilités conformes à leur niveau de compétence. Nous devons veiller à ce que le principe de l’égalité des chances pour les femmes ne soit jamais négligé lorsque nous arrêtons des mesures de gestion de la crise ».

« Pour chaque intervention, nous devons en examiner l’impact sur les femmes et les hommes. Nous devons tenir compte de l’effet des éléments discriminatoires, en particulier lorsque les prestations sociales sont diminuées », a-t-elle dit, ajoutant que l’amélioration de la situation des femmes est bonne pour les hommes aussi, et qu’elle est bénéfique pour la société tout entière.

Mme Anna Burke

Mme Anna Burke, Vice-Présidente de la Chambre des représentants australienne

Les difficultés économiques peuvent exacerber la violence conjugale

Mme Anna Burke, Vice-présidente de la Chambre des représentants australienne, a souligné le fait que les difficultés économiques pouvaient mettre en péril l’intégrité physique et émotionnelle des femmes face à la violence conjugale. « Les cas de violence conjugale ne se rencontrent pas exclusivement dans les pays en développement. Il apparaît en effet que l’incidence des violences conjugales liées à la crise économique mondiale est plus grande dans les pays développés. Cela montre que les difficultés économiques actuelles peuvent exacerber la violence conjugale. Cela s’explique peut-être par le fait que les agresseurs au chômage ont davantage l’occasion de se montrer violents. Et peutêtre aussi parce que les victimes sont déjà économiquement asservies, leurs agresseurs leur refusant l’accès à l’argent. Une conjoncture économique difficile ne fait qu’aggraver une situation préexistante ».

Mme Burke a expliqué qu’un dispositif suffisant et pérenne de sécurité sociale est très utile pour de nombreuses femmes à faible revenu dont il préserve la sécurité économique. En Australie, par exemple, la réforme des retraites vise à remédier à l’insuffisance de la pension unique, ce qui sera bénéfique pour les femmes, qui sont beaucoup plus souvent tributaires des allocations de sécurité sociale.

Mme Jozefina Topalli

Mme Jozefina Topalli, Présidente du Parlement albanais

Les femmes font bouger les choses

Pour Mme Jozefina Topalli, première femme ayant accédé à la présidence du Parlement albanais, « les femmes font bouger les choses ». Elle a souligné la contribution des femmes albanaises au développement de son pays. « Les femmes constituent environ 51 % de la population albanaise, 56,7 % des cadres de l’administration publique sont des femmes, et les postes de chef de départements y sont occupés à 31,8 % par des femmes. Les femmes représentent 40 % des employés dans les ministères et autres organismes d’Etat et elles représentent environ 47 % des employésdans les petites entreprises, et environ 71 % des personnes employées dans la fabrication de vêtements. On estime à 12 % le pourcentage des femmes qui travaillent dans le secteur de la construction. Dans les zones urbaines, les activités où l’on rencontre le pourcentage le plus élevé de femmes sont l’éducation avec 64 % et la santé publique avec 77 %. Avec l’instauration d’un quota de 30 % de femmes au Parlement, le nouveau code électoral adopté en 2009 a marqué une avancée. La clé du succès de l’Albanie qui fut le pays le plus pauvre d’Europe, est le niveau d’éducation des femmes, qui est égal et souvent même bien supérieur à celui des hommes, selon Mme Topalli.

Mme Huda Fathi Ben Amer

Mme Huda Fathi Ben Amer, Présidente du Parlement arabe de transition

Aggravation de la violence au sein des minorités et chez les réfugiés

La Présidente du Parlement arabe de transition, Mme Huda Fathi Ben Amer, a souligné l’aggravation de la violence au sein des minorités et chez les réfugiés ou des personnes vivant dans les quartiers populaires, les zones de pauvreté ainsi que les zones de tension, en particulier à l’encontre des jeunes femmes. Ce problème « s’est élargi à la traite des femmes et à l’esclavage dans ses différentes formes ».

 

Mme Chiara Simoneschi-Cortesi (à droite) et Mme Pascale Bruderer (à gauche)

Mme Chiara Simoneschi-Cortesi, Présidente du Conseil national suisse

La violence physique, sexuelle ou mentale au sein des couples est aussi répandue en Suisse que dans le reste de l’Europe

La Présidente du Conseil national suisse, Mme Chiara Simoneschi-Cortesi, a indiqué que la violence physique, sexuelle ou mentale au sein des couples était aussi répandue en Suisse que dans le reste de l’Europe. Une femme sur cinq subit durant sa vie des violences physiques ou sexuelles commises par son partenaire. En moyenne, 25 femmes meurent chaque année des suites de violences conjugales en Suisse. « Le risque de devenir agresseur augmente chez les personnes ayant elles-mêmes connu la violence, directement ou indirectement, dans l’enfance. Il est également plus élevé chez les personnes qui présentent un comportement antisocial ou délinquant hors du foyer et chez les alcooliques. La violence se développe davantage chez les couples où la relation est déséquilibrée en termes de pouvoir et où les disputes ne sont pas résolues par un dialogue constructif ».

Mme Simoneschi-Cortesi a ajouté que « depuis 2004, le Code pénal suisse réprime les actes de violence au foyer et prévoit des poursuites. Cette disposition renforce la position des femmes car, dans la plupart des cas, les victimes de violence conjugale finissent par retirer leur plainte parce qu’elles sont souvent dépendantes financièrement, socialement, psychologiquement et émotionnellement de leur partenaire. Cette loi dispose que c’est l’agresseur - conjoint, partenaire ou père - qui doit quitter le domicile familial, alors que c’était la femme auparavant et qu’elle devait parfois le faire avec ses enfants. Cette nouvelle règle aura un effet positif si elle s’accompagne de mesures de protection de la victime et, le cas échéant, de ses enfants. Ces mesures englobent l’assistance psychologique et le conseil juridique. Les victimes de sévices ont également besoin d’aide pour trouver un emploi afin de ne pas retomber dans le cercle vicieux de la dépendance et de la violence ». .

Mme Rose Mukantabana

Mme Rose Mukantabana, Présidente de la Chambre des Députés rwandais

« La plupart des victimes ne parlent pas et ne demandent pas justice »

Mme Rose Mukantabana, Présidente de la Chambre des Députés rwandais, - chambre présentant le pourcentage le plus élevé de femmes élues dans le monde (56,3%) a déclaré que « la plupart des victimes ne parlent pas et ne demandent pas justice ». Elle a rappelé que « les principales causes de la violence envers les femmes et les filles sont la domination masculine - qu’elle soit politique, économique ou sociale - et un système patriarcal qui n’est pas propice à la participation des femmes à la gestion du ménage, en particulier, et du pays, en général ».

Mme Mukantabana a indiqué que le Rwanda avait ratifié tous les traités internationaux relatifs aux droits de l’homme et les traités sur les droits des femmes, dont la CEDAW. Elle a ajouté que « la loi réprime également les actes de génocide, viols et autres formes de violence sexuelle ». Son pays a adopté en outre une loi régissant le mariage et les successions qui accorde des droits égaux aux hommes et aux femmes, aux filles et aux garçons. La Présidente du Parlement rwandais a expliqué que son pays avait adopté une loi sur les droits de l’enfant et sur la protection de l’enfance. La Constitution rwandaise a instauré un quota de 30 pour cent des femmes dans toutes les instances de décision. Outre les 56,3 pour cent de femmes au Parlement, plus de 40 pour cent des postes dans la police et les autorités locales sont réservés aux femmes, ce qui est un élément important de nature à les protéger de la violence et la répression.

Mme Margot Kraneveldt-Van der Veen

Mme Margot Kraneveldt-Van der Veen, Vice-Présidente de la Chambre des Représentants néerlandaise

Les auteurs de violence ont eux aussi besoin d’être suivis

Pour Mme Margot Kraneveldt-Van der Veen, vice-présidente de la Chambre des Représentants néerlandaise, « la violence envers les femmes et les filles est souvent transmise aux générations suivantes : les mauvais exemples et le mimétisme, dans un sens négatif, semblent être des facteurs clés. Par conséquent, la prévention, d’une part, et l’émancipation des femmes et des filles, de l’autre, sont importantes. Le plus souvent, les cas de violence envers les femmes et les filles restent cachés. Ces violences sont commises dans la relation intime entre partenaires, parents et enfants ».

La loyauté et la dépendance empêchent les victimes de faire connaître leur sort et de solliciter de l’aide. C’est pourquoi il y a souvent répétition de la violence. Aussi aider les victimes à signaler à la police ce qu’elles subissent est-il très utile. Les inégalités entre ceux qui usent de la violence et leurs victimes jouent presque toujours un rôle clé; ces inégalités sont principalement liées au genre. Le recours à la violence envers les femmes et les filles est souvent lié à des éléments culturels et religieux tels que l’atteinte à l’honneur et la circoncision féminine. « C’est pourquoi dans nos programmes d’intégration, nous mettons l’accent sur l’égalité des droits et l’intégrité sexuelle des femmes ».

« Ces dernières années, les autorités néerlandaises ont investi beaucoup d’énergie et d’argent pour proposer un hébergement et une assistance aux femmes et aux filles victimes violence et dans la lutte contre les agresseurs. Les municipalités sont chargées de la mise en oeuvre des plans d’action. L’objectif est d’amener rapidement les victimes dans des refuges et de leur apporter une assistance dispensée par des professionnels pour soulager leur souffrance physique et mentale. Les auteurs de violence sont eux aussi traités. Indépendamment des procédures pénales engagées contre les auteurs, les organismes sociaux prévoient des mesures de supervision et de modification du comportement ».

Mme Akja Tajiyewna Nurberdiyewa

Mme Akja Tajiyewna Nurberdiyewa, Présidente du Mejlis du Turkménistan

La ségrégation engendre une répartition inégale hommes-femmes dans les hiérarchies officielles

La Présidente du Mejlis du Turkménistan, Mme Akja Tajiyewna Nurberdiyewa, a expliqué que la disparité des revenus au Turkménistan était moins liée à la discrimination sexuelle qu’à une certaine ségrégation professionnelle. Il existe une ségrégation horizontale fondée sur la profession, qui est due à l’inégale répartition des hommes et des femmes dans les différentes professions et les différents secteurs de l’économie. La majorité des femmes (plus de la moitié en fait) sont employées dans des secteurs tels que la santé, les services sociaux, l’éducation, l’industrie textile, etc. Elle a ajouté que la ségrégation verticale engendre une répartition inégale des hommes et des femmes dans les hiérarchies officielles. Ceci se traduit par une plus forte proportion d’hommes aux postes de haut niveau des organes de l’Etat et au niveau local.

Mme Fahmida Mirza

Mme Fahmida Mirza, Présidente de l’Assemblée nationale du Pakistan

L’évolution des mentalités suppose des sociétés plus démocratiques et plus tolérantes

La Présidente de l’Assemblée nationale du Pakistan, Mme Fahmida Mirza, première femme portée à la tête d’un parlement non seulement au Pakistan mais aussi dans le monde musulman, a souligné que les femmes maltraitées, harcelées, marginalisées et menacées mènent une vie misérable constamment à la merci de la violence, de la discrimination et de la pauvreté. « Et la réponse collective de la société sur ce terrain est encore plus alarmante. En effet, bien qu’elle soit considérée comme un obstacle majeur au développement, la répression de la violence à l’encontre des femmes n’est pas une priorité de nos gouvernements. Cette apathie est le résultat de l’indifférence générale de nos sociétés respectives car, indépendamment de nos différences culturelles, dans toutes les sociétés, la violence envers les femmes est perçue, grosso modo, comme une « affaire privée ».<

« Tandis que nous réfléchissons aux questions cruciales du renforcement des plans d’action nationaux ou de la mise en place de lois protectrices, nous devons aussi faire évoluer les mentalités, celles qui approuvent ou, au mieux, tolèrent les sévices infligés aux femmes. Un tel changement de mentalité ne pourra advenir que si nous faisons en sorte que nos sociétés soient plus démocratiques, plus tolérantes et plus ouvertes aux idées. Les droits des personnes vulnérables ne sauraient être protégés dans les dictatures ». Mme Mirza a expliqué qu’il y a deux ans, le Parlement pakistanais avait voté une loi importante - la loi de protection des femmes - libéralisant certains aspects de la loi de 1979 qui reléguait littéralement les femmes dans un statut de deuxième classe. De même, un amendement au Code pénal définit désormais les crimes d’honneur comme des « assassinats perpétrés de sang froid ». Le projet de loi de 2009 sur la violence au foyer envers les femmes et les enfants vise à éliminer les vieux schémas mentaux consistant à traiter les femmes comme un bien privé.

Mme Slavica Djukic-Dejanovic

Mme Djukic-Dejanovic, Présidente de l’Assemblée nationale serbe

Progrès et reculs

Mme Slavica Djukic-Dejanovic, Présidente de l’Assemblée nationale serbe, a expliqué qu’il n’existait pas de données exactes sur l’ampleur et l’incidence de la violence envers les femmes en Serbie et que la plupart des données disponibles avaient été recueillies avec le concours d’organisations non gouvernementales. Leurs études ont montré que cette forme de violence est très répandue. Les relations patriarcales entre les sexes, les crises économiques aiguës, l’exil, les guerres et les déplacements de population, ainsi que la rupture avec les traditions sont autant de facteurs qui expliquent cette situation. « Les formes les plus répandues de violence envers les femmes en Serbie sont la violence au foyer perpétrée par un partenaire intime, la violence sexuelle contre les femmes et la traite des femmes ».

Mme Djukic-Dejanovic a expliqué que ces dernières années « des évolutions positives ont été observées dans le domaine législatif avec l’adoption du Code pénal, de la Loi sur la famille et de la Constitution de la République de Serbie en 2006. Néanmoins, il existe encore de graves problèmes à résoudre. L’un d’eux est le manque de moyens et de compétences pour l’application des textes de lois et des autres instruments ». Mme Djukic-Dejanovic a ajouté qu’une Commission interpartis de l’Assemblée nationale avait été instituée où tous les groupes parlementaires sont représentés. Cette commission de l’égalité des sexes a établi et adopté la Déclaration sur l’élimination de toutes les formes de violence à l’encontre des femmes, qui sera bientôt adoptée en session plénière ».