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Les Parlements peuvent-ils jouer un rôle lors des sommets internationaux ?
La mondialisation de l'économie inquiète les citoyens de nombreux pays du monde. Après les évènements qui ont eu lieu à Seattle, Porto Alegre, Davos et Gênes, nous avons demandé à quelques personnalités de bien vouloir répondre à la question : Quel le rôle que les parlements, les parlementaires et l'UIP peuvent-ils jouer lors des sommets internationaux ?
Mme Sheila Finestone, Membre du Sénat du Canada et Présidente du Groupe canadien à l'UIP :
""Les parlementaires peuvent aider à mieux faire passer l'information"
 | | Mrs Sheila Finestone, Présidente du Groupe canadien à l'UIP. Canada sera l'hôte du prochain sommet des pays du G8 |
L'information au sujet du contenu des sommets internationaux doit être présentée de façon plus claire pour encourager un dialogue significatif entre les participants. Les parlementaires peuvent contribuer à donner plus de transparence à ce processus en aidant à clarifier les sujets qui sont débattus lors de ces sommets, permettant ainsi l'émergence d'objectifs plus clairement définis. Les parlementaires peuvent également contribuer à renforcer l'idée que les enjeux de ces rencontres au sommet peuvent être soutenus et approuvés par les électeurs locaux, ne serait-ce que parce que les parlementaires sont plus enclin à agir dans l'intérêt de ceux qu'ils représentent. Dans cette perspective, l'UIP peut devenir un point de référence important pour faciliter le développement de la démocratie.
Patrice Mugny, (Co-Président des Verts suisses):
"Attirer l'attention des décideurs du monde"
La réponse réelle à cette question est malheureusement fort éloignée de la réaction qui vient immédiatement à l'esprit. Le monde actuel résulte des nombreux rapports de force politiques qui se vivent dans tous les pays. Si l'on met provisoirement de côté les régimes autoritaires et les démocraties qui ne sont que formelles, il doit rester à peine quelques dizaines de pays en lice. Si l'on regarde l'état des débats dans ces régions, il est clair que c'est l'idéologie libérale qui en sort victorieuse. Or, l'état du monde découle de ce nouveau totalitarisme, qui considère tout simplement, pour reprendre les mots du paysan français José Bové, que le monde est une marchandise.
Logiquement, une assemblée mondiale qui reflèterait fidèlement les parlements nationaux serait simplement un relais supplémentaire pour cette idéologie.
Ce constat peu encourageant ne doit pas empêcher les parlementaires qui représentent actuellement les forces résistantes - encore minoritaires - de tenter d'attirer l'attention des quelques décideurs de ce monde qui ne sont pas complètement corrompus ou fascinés par le modèle dominant que l'avenir de l'humanité ne passe pas par la poursuite d'une guerre sans fin - armée et/ou économique - entre les populations mais par une mise en commun de nos moyens et de nos compétences pour vivre tous dignement et dans la paix.
De toutes les manières, le salut éventuel ne passera que très partiellement par les parlements. Il résultera avant tout d'un mouvement social large et non dogmatique qui rappellera que la première priorité politique est de parvenir à mettre en place une société qui reconnaît à chacun et chacune le droit d'exister dans un environnement sain et qui cessera de considérer la course au profit comme le but premier de l'existence.
M. Francis Ole Kaparo, Président de l'Assemblée nationale du Kenya (Union nationale africaine du Kenya - KANU) :
"Les parlements devraient s'impliquer davantage"
Les parlements devraient le faire. Cela fait longtemps que les parlementaires n'ont pas apporté leur contribution lors des grands évènements qui concernent leurs pays. Pendant longtemps, ils ont laissé cette tâche à l'exécutif, aux gouvernements. Je pense qu'il y a aujourd'hui une tendance à ce que les parlements s'impliquent davantage dans les affaires publiques. L'année dernière, la première conférence des Présidents de parlements nationaux a eu lieu au Siège de l'ONU à New York. Les parlementaires se sont ensuite réunis pour discuter des problèmes liés au commerce international. C'est une bonne chose. Il faut que les parlementaires continuent de s'engager sur des sujets de politique internationale, et il n'y a pas de meilleur forum que l'UIP pour le faire.
M. Bernard Cassen, Directeur général du mensuel Le Monde Diplomatique Président de ATTAC (Association pour la taxation des transactions financières pour l'aide au citoyen) :
"Les Parlements aux sommets"
La dégradation du statut des parlementaires se fait particulièrement sentir à l'occasion des sommets des organisations multilatérales : Banque mondiale, FMI, OMC, entre autres, auxquelles il faut ajouter les sessions du Conseil des ministres de l'Union européenne. .C'est dans ces enceintes que se prennent les grandes décisions structurantes, applicables ensuite dans chacun des pays considérés. Les gouvernements, sans avoir sollicité de mandat ni des électeurs ni des élus, y prennent les décisions qu'ils souhaitent et, dans le meilleur des cas, les assemblées sont invitées à les approuver telles quelles.
C'est réduire quasiment à rien la démocratie représentative si les élus du suffrage universel sont ainsi dépossédés de leur rôle de dépositaires de la souveraineté populaire. D'où l'importance, lorsqu'elles n'existent pas, de créer, au sein des assemblées parlementaires, des structures permanentes de contrôle - en amont et en aval - de l'activité gouvernementale dans les organisations multilatérales. D'où également la nécessité, lors de chaque sommet, de la présence, à titre d'observateurs, de parlementaires dûment mandatés dans les délégations nationales.
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