>> ENGLISH VERSION   
N°14
JUILLET 2004

SOMMAIRE

white cube Éditorial
white cube Réunion des Présidents de parlement, Amman
white cube opinion: Armes de destruction massive
white cube Séminaire des droits de l'homme à Genève
white cube La France et l'Allemagne
white cube Les femmes au parlements
white cube Jessica Lange pour la protection des enfants
white cube Le point sur la coopération technique
white cube Évolution parlementaire
white cube Lu dans la presse

Previous issue Autres numéros
de la Revue
Next issue

AUSSI SUR CE SITE

white cube L'Union en bref
white cube Quoi de neuf ?
white cube Communiqués de presse
white cube Publications
white cube Base de données PARLINE
white cube Base de données PARLIT
white cube Questions et commentaires
white cube Recherche rapide

Le Monde des Parlements
Séminaire des droits de l'homme à Genève

Des parlementaires réunis à Genève pour débattre des droits de l'homme

Mme Loretta Ann P. Rosales
Mme Loretta Ann P. Rosales
L'UIP a toujours considéré que les parlements sont ou devraient être les gardiens des droits de l'homme. Elle n'a donc cessé d'inviter ses parlements membres à créer des instances spécialisées, chargées de traiter des questions de droits de l'homme afin de mieux intégrer ces droits dans l'activité parlementaire. Comme l'ont montré les études de l'UIP, le nombre de ces instances a considérablement augmenté au fil des années, passant d'une quarantaine en 1990 à plus de 160 en 2004. Ces instances parlementaires, leurs pouvoirs, leur mandat, leur mode de fonctionnement et leurs méthodes de travail présentent la plus grande variété.

L'idée est donc venue de réunir des membres de ces instances pour leur permettre de discuter de leur travail et de mettre en évidence les bonnes pratiques afin de mieux promouvoir et défendre les droits de l'homme au niveau national. Avec le PNUD et le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, l'UIP a donc organisé pour la première fois un séminaire pour les présidents et membres des instances parlementaires pour les droits de l'homme, auquel ont participé également des représentants de mécanismes internationaux, régionaux et nationaux de défense des droits de l'homme. La manifestation s'est tenue du 15 au 17 mars 2004 au Palais Wilson, le siège du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, et a rassemblé plus de 140 présidents et membres de ces instances venus du monde entier.

Les participants ont souligné que la façon dont les droits de l'homme sont intégrés au travail parlementaire quotidien influe fortement sur la capacité des parlements à assumer leur rôle de gardien des droits de l'homme. Les discussions ont permis d'entrevoir la grande diversité des structures des droits de l'homme dans les parlements et ont mis en évidence les relations de coopération existant entre les parlementaires et le mouvement de défense des droits de l'homme en général.

Dans ses conclusions, la Présidente du Séminaire, Mme Loretta Ann P. Rosales, Présidente de la Commission des droits de l’homme et des droits civils et politiques de la Chambre des représentants des Philippines, a déclaré : "les droits de l’homme ne sont pas un slogan, pas même une idéologie : ce sont des principes juridiques, éthiques et moraux qui s’appliquent à la vie quotidienne".

Elle a résumé les facteurs négatifs évoqués par nombre de participants : "le problème tient aujourd'hui à l'application des normes relatives aux droits de l'homme lorsque manquent les ressources économiques, matérielles et humaines nécessaires. La pandémie du VIH/sida, les migrations et les problèmes de réfugiés, les réglementations commerciales et le comportement de certains Etats constituent de sérieux obstacles à la réalisation des droits de l’homme. ... De plus, bien que le terrorisme n'ait pas d'excuse, il est important que la lutte contre le terrorisme n’aboutisse pas à de nouvelles violations des droits de l’homme".

Quelles seront les suites du séminaire ? Mme Rosales a constaté que les participants avaient clairement exprimé leur souhait de le voir se transformer en une manifestation régulière portant sur des questions et préoccupations spécifiques liées aux droits de l'homme. Ils étaient aussi très favorables à l'adoption, aux niveaux national, sous-régional et régional, de programmes parlementaires dans le domaine des droits de l’homme, afin de donner aux parlementaires une meilleure connaissance des questions et des mécanismes des droits de l’homme, mais aussi de développer la capacité institutionnelle des parlements.

Lorsque les instances parlementaires pour les droits de l'homme passent à l'action : le cas du Brésil

Au Brésil, la commission parlementaire des droits de l’homme a lancé une campagne pour la valorisation des droits de l’homme dans les médias, en particulier à la télévision. Dans un pays où 97 % des habitants regardent la télévision, certaines émissions peuvent réduire à néant l’action menée pour faire respecter les droits de l’homme et instaurer une culture de paix. La commission a travaillé avec l’UNESCO à la conception d’un programme destiné à combattre ce type d’émissions, et il est désormais possible de se plaindre par téléphone (internet) auprès des autorités compétentes, des médias et de leurs bailleurs de fonds (tels que les sociétés multinationales) et d’obtenir que des sanctions soient prononcées. Les ONG, de leur côté, s’emploient à convaincre les chaînes de télévision de ne pas diffuser certaines émissions ou de les modifier. Il existe aussi des campagnes de boycott destinées à décourager la " consommation " de ce genre d’émissions.

Afrique du Sud : les parlementaires participent activement aux travaux des instances de l'ONU créées en application des pactes

En Afrique du Sud, tous les rapports nationaux destinés aux organes de contrôle internationaux doivent être présentés au parlement pour y être débattus, et le parlement veille à ce que ces rapports reflètent des points de vue très divers, notamment ceux de la société civile. A cette fin, il organise des débats et des auditions publiques, convoque des ministres et demande des documents et des rapports émanant des divers ministères et des citoyens. Des parlementaires accompagnent la délégation nationale aux sessions des instances de contrôle internationales afin d’en mieux comprendre les recommandations et le parlement joue un rôle actif en veillant au suivi et à l’application de ces recommandations au niveau national.

Les droits de l'homme sont-ils victimes de la lutte contre le terrorisme ?

110éme Assemblée à Mexico
De gauche à droite : M. J. Saunders, M. A. Radi,
M. F. Margáin, M. D. Türk et M. H.A. Relva
Les droits de l’homme sont-ils victimes de la lutte contre le terrorisme ? Cette question, qui préoccupe bon nombre d’organisations humanitaires et de représentants des citoyens, a fait l’objet d’un panel à Mexico. Organisé par l’UIP et présidé par le sénateur mexicain Fernando Margaín, Président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, ce panel a réuni le Président de la Chambre des représentants du Maroc, M. Abdelwahad Radi, le Sous-Secrétaire général aux Affaires politiques de l’ONU, M. Danilo Türk, le Directeur adjoint pour l’Asie de Human Rights Watch et le représentant d'Amnesty International, M. H.A. Relva.

Pour le Président du panel, le sénateur Fernando Margáin, "il faut définir une position claire qui permette de combattre le terrorisme sans violer les droits de l’homme. La sécurité doit être une priorité, mais cela ne doit pas affecter les droits de l’homme. En contrepartie, il faut défendre les droits qui permettent de vivre en liberté mais tiennent également compte de la sécurité. Pour l’instant, la ligne qui les définit n’est pas claire, c’est la raison pour laquelle nous devons tous travailler ensemble".

Le Président de la Chambre des Représentants du Maroc, M. Abdelwahad Radi l’affirme :

" Il faut définir le terrorisme et saisir ses causes pour mieux le combattre "

Q : Comment combattre le terrorisme tout en respectant les droits de l’homme ?
Abdelwahad Radi : Il faut tout d'abord définir le terrorisme et saisir ses causes pour mieux le combattre. Les manifestations physiques du terrorisme, telles que la destruction et la mort, sont visibles, mais il faut aussi saisir les causes profondes de ce phénomène. Le panel organisé par l’UIP a permis de se mettre d'accord sur le fait que les anomalies qui se manifestent peuvent avoir des causes morales, philosophiques ou des motivations d’ordre matériel. Le terrorisme est un phénomène qui possède ces deux causes. Les sociétés et la communauté internationale ne peuvent fonctionner que si elles disposent de valeurs qui font l'unanimité. Les sociétés aussi ont besoin de repères. Il y a ce qui est juste et ce qui est injuste. Et chacun essaie d'organiser ses comportements en fonction de cela. On assiste aujourd’hui à une régression des valeurs morales, à une perte de repères chez beaucoup d'individus. Nous sommes persuadés que le terrorisme a un lien avec le recul de ces valeurs que sont la justice, l’égalité et la solidarité, qui ne sont plus respectées à l'intérieur de certains pays, mais également au niveau international. Cela trouble beaucoup de gens et fait que certaines personnes peuvent être embrigadées par n’importe qui.

Q : Qu’entendez-vous par causes matérielles ?
A.R. : Je pense à ceux qui perdent leur travail, leur maison et autres biens. A ceux qui deviennent apatrides et qui perdent leur identité. Et quand un individu ou un groupe perd ses repères, il se déclenche chez lui une série de forces négatives et destructrices. Combattre le terrorisme, ce n'est pas seulement utiliser la violence, la répression, la réglementation, c’est aussi s'occuper des valeurs, des références, des repères et redonner espoir à ceux qui n’en ont plus. Leur redonner confiance dans le système mondial et dans leur propre système.

Q : Comment le faire concrètement ?
A.R. : En créant un ordre mondial plus juste et en réglant les problèmes en profondeur. Lorsque l’ONU prend une décision, il faut qu'elle la fasse appliquer. Il ne doit pas y avoir deux poids et deux mesures. Il ne faut pas un jour parler des principes et le lendemain céder à la pression des rapports de force. C'est cela qui crée la confusion. La démocratie est un tout. Elle doit être respectée aussi bien sur le plan national qu'international. Quand on est contre le parti unique sur le plan national, on doit être contre l'unilatéralisme sur le plan international. Parce que le parti unique dégénère en dictature et l'unilatéralisme finit par dégénérer en hégémonie. Et ceux qui ne sont pas d'accord réagissent d'une manière désordonnée, qui crée le terrorisme. Il faut respecter les engagements pour se respecter soi-même et respecter les autres.

Q : Beaucoup s’inquiètent de la superpuissance des Etats-Unis, notamment par rapport à l'Iraq. Les Etats-Unis en sont-ils conscients ?
A.R. : Je pense qu'aux Etats-Unis il y a des hommes de grande valeur qui sont très conscients, qui sont responsables et respectueux des normes et des valeurs. Des gens qui pensent comme nous. Il y en a qui sont au pouvoir et il y en a qui ne sont pas au pouvoir. Et il y a ceux qui pensent peut-être que dans une période de transition, on peut se permettre certaines choses. Mais il ne faut pas faire d'exception ou de concessions. Les droits de l'homme ne se négocient pas et ne se monnaient pas. On les défend et puis c'est tout. Il faut défendre coûte que coûte la paix dans le monde et la justice.

Q : Le Maroc est un pont entre les civilisations occidentale et arabo-musulmane. Y a-il incompréhension entre ces deux cultures ou peuvent-elles se comprendre ?
A.R. : L'incompréhension entre l'Occident et le monde musulman remonte à la naissance de l’islam. Malheureusement, la manière dont on a présenté l'islam depuis le Moyen-Age jusqu'à nos jours n'est pas faite pour arranger les choses. L'Islam a été présenté par les chrétiens comme une hérésie, et on ne tente pas de comprendre la religion du diable, on la combat. Aujourd'hui, nous disposons d'instruments pour pouvoir entamer un dialogue culturel et religieux. Le monde est plus démocratique, les gens sont plus instruits et ils veulent comprendre. Paradoxalement, au même moment on parle d'affrontement, notamment au Moyen-Orient où le problème n’est pas seulement politique ou territorial, mais aussi religieux. Je suis optimiste. Cette crise ne peut pas durer éternellement. Fait encourageant, la démocratie s'étend. Mais cette démocratisation va de pair avec un recul des valeurs, une dévalorisation de la politique et un manque de crédibilité de certains de ses représentants. Il faut rectifier le tir, développer la démocratie mais sans démagogie. Il faut défendre les valeurs et y rester fidèle. Je ne crois pas au choc des civilisations.

 PAGE D'ACCUEIL | PRINCIPAUX DOMAINES D'ACTIVITES | FONCTIONNEMENT ET DOCUMENTS 

 
Copyright © 2004 Union interparlementaire