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N°23
OCTOBRE 2006

SOMMAIRE

white cube Éditorial
white cube Interview avec le Président de l'UIP
white cube Droits de l'homme
white cube Les femmes en politiques
white cube Coopération internationale
white cube Coopération technique
white cube Évolution parlementaire
white cube Lu dans la presse

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Le Monde des Parlements
Interview avec le Président de l'IPU M. Pier Ferdinando Casini

"Au Moyen-Orient, la diplomatie parlementaire est appelée à maintenir le fil du dialogue"

Le Président de l'UIP, Pier Ferdinando Casini, en visite au Liban en compagnie du Secrétaire général Anders B. Johnsson. Q : Monsieur le Président, l'UIP promeut la diplomatie parlementaire. Vous en avez donné la preuve lors de la tournée que vous avez effectuée en Iran, Jordanie et au Liban. En Iran, vous avez été reçu par le Président Ahmadinejad, le Président du Parlement, M. Haddad- Adel, le Secrétaire général du Conseil des gardiens, Ayatollah Jannati, et par le Ministre des affaires étrangères Mottaki. Quel a été votre message à vos hôtes iraniens ?
Pier Ferdinando Casini:
Je les ai invités à respecter la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies concernant la suspension de l'enrichissement de l'uranium, en soulignant que si elle était respectée, l'Iran pourrait jouer un rôle majeur de stabilité dans la région. J'ai dit que le dialogue et la négociation étaient la seule voie possible grâce à laquelle l'Iran et les autres pays pouvaient espérer parvenir à un accord et à résoudre les litiges. J'ai ajouté que le Parlement avait joué un rôle important depuis qu'il avait été élu pour représenter le peuple. J'ai aussi évoqué le droit à l'existence d'Israël. Nos interlocuteurs iraniens ont réitéré leur engagement à poursuivre le dialogue et les négociations pour résoudre la question du nucléaire, stipulant que la base de tout accord devait inclure la reconnaissance de leur droit à l'enrichissement de l'uranium pour exploiter l'énergie nucléaire. Ils se sont dits prêts à garantir que l'uranium enrichi sera utilisé exclusivement à des fins pacifiques et que l'Iran accepterait de se soumettre à un système d'inspection et de surveillance.

Q : Quels ont été les temps forts de vos visites à Amman et à Beyrouth ?
P.F.C.:
Nous étions à Amman le 11 septembre, pour l'inauguration de l'Assemblée parlementaire de la Méditerranée (APM). La création de cette nouvelle Assemblée est l'expression de la conviction partagée autour de la Méditerranée que le dialogue est le meilleur moyen pour résoudre les divergences. Elle est l'aboutissement d'un processus d'une quinzaine d'années, au cours duquel l'UIP a facilité le dialogue politique entre législateurs sur la sécurité et la coopération en Méditerranée. L'Assemblée a par ailleurs souscrit à une déclaration de son Président, M. Abdelwahed Radi, appelant les autorités israéliennes à relâcher le Président et plusieurs membres du Conseil législatif palestinien emprisonnés récemment. Au Liban, nous avons rencontré le Premier ministre, M. Fouad Siniora. Nous avons convenu que la mise en oeuvre de la résolution 1701 devait être accompagnée d'un processus politique permettant d'aboutir au renforcement de l'Etat libanais et à l'arrêt des ingérences extérieures, ainsi qu'au retrait des forces israéliennes, à la libération de tous les détenus libanais et de tous les citoyens israéliens, et qu'une solution devait être trouvée au problème des Fermes de Shebaa.

La réunion de Amman a coïncidé avec la commémoration des attaques terroristes du 11 septembre 2001. Quel a été votre message ?
P.F.C.:
Nous avons voulu exprimer notre solidarité aux victimes de ces attaques terroristes et au peuple américain. J'ai également lancé un appel au dialogue pour instaurer la confiance entre les peuples, cultures et religions et en tant que moyen de résoudre les conflits et les désaccords.

Q : Dans la situation de crise que traverse le Moyen-Orient, que peut faire l'organisation mondiale des parlements ?
P.F.C.:
La diplomatie parlementaire est l'un des évènements nouveaux dans le monde d'aujourd'hui. A la traditionnelle diplomatie gouvernementale, active dans les instances multilatérales et au niveau bilatéral, est venue s'ajouter la présence émergente des parlements. La diplomatie parlementaire est importante car les gouvernements passent et les parlements restent. Et aussi parce que, au Parlement, vous trouvez les représentants de la majorité et de l'opposition. De même, les délégations qui participent aux assemblées de l'UIP sont composées d'élus de la majorité et de l'opposition d'un même pays, ce qui représente une richesse extraordinaire sur le plan international. Au Moyen-Orient, la diplomatie parlementaire est appelée à maintenir le fil du dialogue.

Q : L'UIP soutient les processus de réconciliation, notamment en Afrique. Qu'en est-il exactement ?
P.F.C.:
Nous étions à Nairobi lors de notre Assemblée en mai dernier. Dans plusieurs pays africains, il existe un problème d'accès à la démocratie parlementaire. Nous soutenons les processus de réconciliation nationale et la formation de partis représentés sur une base politique, qui remplacent la logique des confrontations tribales ou raciales existant encore dans certaines pays. Nous avons invité les grandes organisations politiques - l'Internationale démocrate-chrétienne, l'Internationale socialiste et d'autres - à participer dorénavant aux activités de l'UIP en tant qu'observateurs. S'ouvrir aux grandes organisations politiques, créées sur des bases idéologiques, signifie renforcer la vraie dynamique de l'institution parlementaire, notamment dans les parlements où la démocratie est en voie d'être acquise. Le Parlement doit être le lieu de rencontre, non pas entre les différentes tribus, mais entre les différentes idées, quand il s'agit du futur des pays. Il doit aussi favoriser le dialogue sur la base de la participation avec toutes les institutions politiques.

Q : Parlons de la lutte contre le terrorisme. Comment peut-on le combattre tout en respectant les droits des citoyens ?
P.F.C.:
C'est la grande question du troisième millénaire. En théorie, la démocratie doit pouvoir se défendre sans avoir besoin de dispositions exceptionnelles. Je suis très fier que mon pays ait combattu et gagné la bataille contre le terrorisme sans avoir eu recours à des lois spéciales. Mais, dans certaines circonstances, les citoyens doivent comprendre que réduire quelque peu leurs droits signifie augmenter leur sécurité. Pour ce qui touche à la sphère privée des citoyens, elle est fondamentale, mais si le fait de réduire un peu notre droit à cette sphère privée signifie rendre plus efficace la défense de la sécurité nationale, alors je crois que c'est un sacrifice que les citoyens doivent faire. S'il s'agit en revanche de comprimer la liberté pour mieux assurer la sécurité, cela est inacceptable. Une paix véritable ne peut pas ne pas se baser sur la liberté et les droits des citoyens.

Q : Que faut-il faire pour que les droits des élus soient mieux respectés?
P.F.C.:
Le Comité des droits de l'homme des parlementaires est une des activités les plus importantes de l'UIP. Comme nous l'avons vu lors de notre Assemblée à Nairobi, certaines difficultés politiques peuvent parfois être dépassées au nom d'un principe supérieur: celui du droit des parlementaires à voir leurs droits sauvegardés. Notre Comité, qui travaille aussi avec les Nations Unies, doit être renforcé. La bataille pour le respect des droits des parlementaires poursuivis doit être non seulement une bataille menée à Genève mais aussi par les parlements, dans les grandes capitales du monde.

Q : S'agissant du partenariat entre hommes et femmes en politique, les partis peuvent-ils faire plus ?
P.F.C.:
Les partis peuvent faire plus mais les règles institutionnelles sont aussi parfois utiles. Par exemple, le fait qu'il y ait l'obligation d'avoir une présence féminine dans les délégations aux assemblées de l'UIP est une façon concrète de favoriser la présence des femmes. S'il n'y a pas de femme présente, le droit de vote en est en quelque sorte diminué. C'est un principe très important qui a donné naissance, dans certains parlements nationaux, aux quotas. Pour tout vous dire, je crois que les quotas devraient être évités parce qu'ils risquent de devenir une chasse gardée. Mais il est probablement tout aussi vrai que, dans certaines circonstances, lorsque la présence des femmes est épisodique, cela peut être une solution temporaire efficace.

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