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L'UIP et la coopération internationale |
" L'Union interparlementaire partage avec cette assemblée l'idée que des progrès ont été accomplis dans les pays les moins avancés (PMA) mais à un rythme trop lent " a déclaré la Vice-Présidente du Parlement tanzanien, Mme Anne S. Makinda, lors de la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies, en septembre dernier, au nom de l'organisation mondiale des parlements.
Elle a indiqué qu'il faudrait "un bond qualitatif et quantitatif pour améliorer le niveau de vie et réduire les inégalités dans des pays où le plus grand nombre manque encore de l'essentiel et se voit refuser, purement et simplement, la possibilité de mener une vie décente, de scolariser ses enfants, de se défendre contre la maladie, de vivre en paix dans un environnement propre et sain, de participer aux décisions". En tant que membre du parlement de la Tanzanie, qui fait partie des 50 PMA, Mme Makinda a expliqué comment au niveau parlementaire il est possible "d'oeuvrer en faveur du Programme d'action de Bruxelles au cours des cinq prochaines années, voire au-delà". Pour l'organisation mondiale des parlements, " le problème se résume à cette vérité : les PMA ne pourront mobiliser leurs ressources humaines, naturelles et financières en faveur du développement, ni tirer au mieux profit de l'aide extérieure, que lorsque leur principale institution décisionnaire, le Parlement, assumera pleinement le rôle qui lui revient de droit dans le processus de développement ".
Mme Makinda a poursuivi en indiquant que " sans nier les quelques progrès accomplis ces dernières années, à savoir des élections libres et régulières plus fréquentes et une amélioration globale du travail parlementaire, on est obligé de constater que les parlements des PMA ne contrôlent toujours pas efficacement l'action des gouvernements et ne s'acquittent pas comme il conviendrait de leur rôle législatif et budgétaire, loin s'en faut. Les distorsions du processus politique, avec leurs conséquences dans le domaine économique et social, sont l'une des raisons pour lesquelles l'insuffisance des revenus est, en gros, aussi criante qu'il y a cinq ans dans la plupart des PMA, malgré une accélération de la croissance économique ".
" Les parlements de nombreux PMA restent en butte à de graves difficultés, en premier lieu aux immixtions de l'exécutif parfois appuyé par l'armée. Combien de parlements de PMA ne sont encore, malgré eux, qu'une chambre d'enregistrement ? Et que dire de l'inefficacité, de l'inadéquation des méthodes de travail et de l'absence de coopération avec la société civile ? Les représentants, coupés des citoyens, n'apparaissent pas toujours comme les serviteurs des intérêts du peuple. Enfin, rares sont les médias indépendants et suffisamment au fait de la chose parlementaire, ce qui ne permet pas d'éclairer les électeurs, de façon équilibrée et objective, sur les délibérations parlementaires." a déclaré Mme Makinda.
" A ce constat, il faut ajouter le manque de ressources et de savoir-faire qui permettraient aux parlements et aux parlementaires d'assumer comme il convient leurs responsabilités. Comment, lorsque les ressources font cruellement défaut, initier des députés récemment élus aux rudiments de leur fonction ? Comment recruter un personnel qualifié pour faire fonctionner les permanences et bureaux législatifs, construire des infrastructures telles que des bibliothèques et des archives parlementaires? Comment permettre aux parlements de diffuser, à l'intention des citoyens, des informations sur leur travail? A cet égard, les possibilités offertes par les nouvelles technologies de l'information et de la communication ne sont toujours pas exploitées à plein ".
" La communauté internationale doit se faire un devoir d'accroître l'assistance technique aux parlements, en pourcentage du financement total. Les donateurs doivent avoir à l'esprit l'importance capitale des parlements dans le développement des PMA et l'application du Programme de Bruxelles. Il faut absolument que les fonds destinés à la construction de capacités parlementaires soient versés aux parlements et soient directement gérés par eux, afin de les affranchir du pouvoir exécutif. Mais il faudra aussi veiller à ce que ces ressources soient gérées dans la transparence. "
Mme Makinda a également souligné qu'" il ne faut pas sousestimer la coopération interparlementaire au niveau régional, d'autant qu'elle commence, dans certains cas, à porter ses fruits. Il faut aider les parlements à apprendre les uns des autres, à comparer leurs expériences, à échanger des informations sur les meilleures pratiques et politiques. Il est temps que les parlements s'imposent comme des forums capables de favoriser l'instauration de la paix et le règlement des conflits dans les PMA menacés par des conflits ou ceux qui sortent d'une guerre ". Elle a enfin conclu son discours en assurant que l'UIP allait continuer à soutenir les parlements des PMA grâce à son expertise et en mobilisant d'autres ressources en partenariat avec les Nations Unies.
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