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A Marrakech, Mme Gwen Mahlangu, Membre de l'Assemblée nationale de l'Afrique du Sud, a été élue Présidente du Comité de coordination des femmes parlementaires. Entretien :
"Ce que j'aime à propos du Comité de coordination et de la Réunion des femmes parlementaires, c'est que la plupart des questions qui jusqu'ici n'ont pas été traitées sont désormais examinées et que cela a un impact positif"
Q: Quel est votre objectif en tant que Présidente du Comité de coordination des femmes parlementaires de l'UIP ?
Gwen Mahlangu: Les femmes parlementaires peuvent faire beaucoup de choses. Le monde se heurte à de nombreux défis. Je songe par exemple au terrorisme, question la plus pressante du moment et phénomène qui sévit partout dans le monde. En tant que mères et que personnes qui demeurons auprès des familles, nous devons veiller à ce que notre monde soit un monde pacifique. Hélas, nous avons peu de réunions durant les deux ans que dure notre mandat de comité de coordination, mais nous essaierons par tous les moyens de rester en contact pour que les questions qui touchent les femmes soient au centre de l'actualité, pour rapprocher nos continents et trouver les moyens d'apporter soutien et solidarité à nos sœurs qui se trouvent dans des situations plus difficiles que nous-mêmes.
Q: Etes-vous partisane de la tenue d'une conférence sur les mutilations sexuelles féminines à titre de suivi du Panel organisé par l'UIP et le Parlement du Burkina Faso à Ouagadougou ?
G.M.: Oui. Les dirigeants africains à l'UIP, et l'UIP ont décidé de tenir une conférence cette année. En tant que membres du Comité de coordination, nous allons travailler en très étroite collaboration avec eux, comme nous l'avons fait à Ouagadougou (voir Le Monde des parlements numéro 4). Nous souhaitons un débat permanent. Nous avons recommandé que les groupes nationaux eux aussi inscrivent ce point à leur ordre du jour pour que nous disposions de projets de résolution venant de pays divers.
Q: Pensez-vous que la motion qui a été adoptée ici en faveur de Mme Safya Hussaini pourra lui venir en aide ?
G.M.: Si l'ensemble des parlementaires, qui sont des représentants du public, exige qu'elle soit graciée, nous pensons qu'elle le sera. Et nous comptons bien que de telles condamnations ne se reproduiront plus à l'avenir. Non seulement parce qu'elles sont l'expression de la barbarie, mais aussi parce qu'elles vont contre la vie humaine. Il s'agit d'une violation des droits de l'homme et les femmes qui sont dans notre situation doivent toujours trouver une solidarité entre elles. Et nous sommes très fières que cette motion ait été déposée au nom des pays en développement et qu'elle ait été bien accueillie par la délégation nigériane.
Q: Pensez-vous que les hommes parlementaires doivent participer davantage aux débats de la Réunion des femmes parlementaires ?
G.M.: Je pense que le dialogue entre hommes et femmes est une très bonne chose. Parce que, dans la plupart des cas, nous pensons à leur place et lorsqu'ils sont présents et qu'ils s'expriment, leur contribution est utile. M. Farouk Cassim, un compatriote, en est un bon exemple. Il a participé, à Ouagadougou, au Panel sur les mutilations sexuelles féminines et y fait une excellente intervention. De même que M. Fall, du Sénégal. Nous demandons à ces quelques hommes de veiller à ce que d'autres hommes participent à nos débats. Nous allons avoir un débat très animé au Chili [où se tiendra la 108ème Conférence interparlementaire en avril 2002] sur notre contribution en tant que femmes à l'économie mondiale parce que c'est une contribution particulièrement bénéfique dont on ne parle jamais. Notre rôle ne se limite pas à faire la cuisine, et ainsi de suite. Nous contribuons à l'activité économique et nous voulons un débat entre hommes et femmes sur cette question. Pourquoi les hommes sont-ils muets sur ce point ? Pourquoi ne nous donnent-ils pas la reconnaissance que nous méritons ?
Q: Durant la 108ème Conférence interparlementaire à Santiago, vous allez organiser un panel sur la traite des petites filles. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette initiative ?
G.M.: La traite des petites filles est un problème qui se pose dans le monde entier. Lorsque nous l'avons abordé au Comité de coordination, aucun pays ne s'y est opposé parce qu'ils savent ce que cela représente. Nous pensons que les enfants ne sont pas physiquement prêts pour les exercices que les hommes leur font subir et nous estimons que nul ne saurait être autorisé à faire du trafic d'êtres humains et, a fortiori d'enfants, et nous voulons aller plus loin encore et faire de la décennie 2003 à 2013 celle de la protection des petites filles. Cette proposition a été soumise au Comité de coordination qui l'a bien accueillie. Ce que j'aime à propos du Comité de coordination et de la Réunion des femmes parlementaires, c'est que la plupart des questions qui jusqu'ici n'ont pas été traitées sont désormais examinées et que cela a un impact positif.
Eradication des mutilations sexuelles féminines (MSF)
Lors de la 107ème Conférence interparlementaire à Marrakech, l'Union interparlementaire et l'Union parlementaire africaine (UPA) ont invité des hommes et des femmes parlementaires venant à la fois de pays où les MSF sont toujours pratiques et de pays d'émigration de leurs ressortissants à une réunion sur la législation, les programmes et les bonnes pratiques à promouvoir en réponse à ce phénomène complexe et sur les moyens de renforcer la coopération entre les pays concernés. Cette séance s'est inscrite dans le prolongement du Panel tenu à Ouagadougou en septembre 2001 (voir Le monde des parlements n°5). Les participants sont convenus d'œuvrer à la mise en place d'une possible convention sur l'élimination des MSF et ont demandé à l'UIP et à l'UPA d'organiser à cet effet une conférence parlementaire. Un groupe composé des parlementaires ci-après a été établi pour coordonner les préparatifs de cette manifestation qui devrait réunir des parlementaires, des chefs religieux et coutumiers, des organisations non gouvernementales et d'anciennes praticiennes des MSF : Mme Karin Andersen (Norvège), M. Elias Bare Shill (Kenya); M. Abdou Fall (Sénégal), Mme Rebecca Kadaga (Ouganda), Mme Gwadabe Khairat Abdul-Razaq (Nigeria) et Mme Marion Roe (Royaume-Uni). (Voir la page de la campagne parlementaire Halte à la violence contre les femmes : les mutilations sexuelles féminines)
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