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N°33
AVRIL 2009

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de la Revue

Le Monde des Parliaments
Femmes et médias dans les états membres du CCG

« Nous devons venir à bout de l'idée selon laquelle les femmes et la politique ne font pas bon ménage »

Son Altesse la Princesse Mona bint Fahd Al Sa`id d’Oman. Les femmes parlementaires des Etats du Golfe ont décidé de s'attaquer aux problèmes qu'elles rencontrent dans leurs relations avec les médias. Au mois de décembre dernier, des femmes parlementaires et des responsables politiques d'Arabie saoudite, de Bahreïn, des Émirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen se sont réunies à Mascate (Oman) pour débattre de leur collaboration avec les médias et les associations de femmes.

Lors de l'ouverture de la troisième Conférence régionale des femmes parlementaires et des femmes à des postes de décision des Etats membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), organisée par le Conseil consultatif d'Oman et l'UIP, la Princesse Mona bint Fahd Al Sa`id est revenue sur l'évolution de la condition des femmes à Oman, qui participent davantage aujourd'hui à la vie économique, sociale, culturelle et politique du pays, en particulier depuis qu'elles ont fait leur entrée au Conseil consultatif en 1994, ce qui a constitué un événement sans précédent dans la région.

Les participants ont estimé qu'en parlant davantage des activités des femmes dans le domaine politique, les médias pourraient non seulement mettre en lumière leur rôle grandissant et novateur, mais aussi inciter la jeune génération à se lancer dans l'arène politique. Ils ont souligné que les médias avaient beaucoup à gagner à relayer les initiatives et les vues des femmes parlementaires, et à les consulter pour en obtenir des informations.

S'agissant des associations de femmes, les femmes parlementaires ont rappelé qu'elles avaient largement contribué à l'émancipation politique des femmes et constituaient de précieuses alliées dans la promotion de l'égalité des sexes. En travaillant en partenariat avec ces associations, les femmes parlementaires pourraient tirer parti des informations et du soutien très utiles qu'elles fournissent. De leur côté, les femmes parlementaires, en leur qualité de législatrices, peuvent plaider les causes que défendent ces organisations de proximité.

Au cours de la conférence, qui a duré deux jours, plusieurs participants ont livré leurs réflexions au Monde des Parlements.

La participation des femmes : une composante essentielle de la démocratie

M. Geert Versnick, membre du Parlement belge et du Comité exécutif de l'UIP « Les médias contribuent dans une large mesure à sensibiliser le public à l'importance de la participation des femmes à la vie politique, qui est une composante essentielle de la démocratie », a déclaré M. Geert Versnick, parlementaire belge et membre du Comité exécutif de l'UIP.

Mme Faten Ben Amor, membre du Parlement tunisien et Première Vice-présidente du Comité de coordination des Femmes parlementaires de l'UIP, a souligné que les femmes parlementaires devaient nouer de saines relations de partenariat avec les médias et les décideurs. « Les femmes doivent communiquer des informations intéressantes à la presse. Dans le même temps, les journalistes doivent réserver un espace aux femmes politiques dans les médias et solliciter leur point de vue, non seulement sur des questions concernant directement les femmes, mais aussi sur les grands événements politiques et économiques et sur d'autres questions importantes ».

Mme Gehan Abu Zeid, spécialiste égyptienne des droits des femmes et de la condition féminine Selon Mme Gehan Abou Zeid, spécialiste égyptienne des droits des femmes et de la condition féminine dans la région arabe, les femmes de la région sont confrontées à un défi supplémentaire. « Elles vivent dans des sociétés conservatrices, ne sont pas vraiment libres de leurs mouvements et ne reçoivent aucun soutien financier des partis politiques. Cette situation empêche nombre d'entre elles de briguer des fonctions électives. Certaines n'y songent même pas. » Elle a ajouté que les médias soutiennent rarement les femmes parlementaires et, plus généralement, les femmes occupant des postes à responsabilité.

Mme Abou Zeid a insisté sur le fait que les parlementaires disposent d'informations de première main, de tout un réseau de connaissances et d'un accès direct aux communautés locales, ce qui peut intéresser les médias. « Mais la politique est une question sensible. Nous devons parfois parler politique sans utiliser de termes politiques. Tout est fonction du système politique considéré. Nous pouvons parler de politique, mais ce qui compte vraiment, c'est la façon dont nous faisons de la politique. »

La balle est dans le camp des femmes

Selon M. Mohamed Ayich, professeur en communication à l'Université de Sharjah (Emirats arabes unis), il faut donner aux femmes la possibilité de briguer un mandat parlementaire. « L'idée que les femmes puissent faire de la politique est très nouvelle dans cette partie du monde, mais il faut que les choses changent. La société doit comprendre que les femmes sont en passe de devenir des acteurs de premier plan dans de nombreux secteurs, y compris en politique.»

Les femmes doivent-elles davantage faire preuve d'initiative? « La balle est dans leur camp, c'est à elles d'agir et de faire entendre leurs droits. À cet égard, le soutien des médias peut leur être très précieux. » Comment faire évoluer les mentalités pour que les femmes puissent occuper une plus grande place dans la société ? « Le processus s'inscrit dans le long terme. Il faut d'abord éduquer la société. Les citoyens doivent comprendre que la population est constituée pour moitié de femmes, et qu'à ce titre, les femmes sont en droit de représenter les électeurs de leurs circonscriptions. Il faut pour cela éduquer la population par le biais des médias, et créer des structures et des établissements socio-éducatifs adaptés. Il convient aussi de renforcer les capacités des femmes en matière de relations avec les médias, de leur apprendre à accorder des interviews, à participer à des conférences de presse ou à des émissions télévisées et à se montrer convaincantes et persuasives », a ajouté M. Ayich.

Mme Samira Rajab, journaliste et membre du Conseil consultatif de Bahreïn.Mme Samira Rajab, membre du Conseil consultatif de Bahreïn, par ailleurs journaliste et éditorialiste, s'est exprimée de manière beaucoup plus tranchée : « Le fait de confier des responsabilités politiques à des personnes qui ne justifient d'aucune formation solide et n'ont pas une personnalité suffisamment affirmée peut conduire à la catastrophe. Nous avons déjà frôlé la catastrophe dans le cas de certains hommes politiques, et on imagine sans peine ce qui pourrait arriver à des femmes mal préparées à des fonctions politiques. » Elle a rappelé que, dans la plupart des cas, les femmes ne votent pas pour des femmes, et que ce n'est là qu'un des problèmes que rencontrent les femmes qui veulent entrer en politique. La législation peut-elle changer quelque chose à la situation ? « Aucune loi ne résoudra le problème, il faut bien le reconnaître. Il nous faut avant tout éduquer et informer autrement, changer les règles du jeu, adapter nos politiques et créer de nouveaux médias si nous voulons que les choses évoluent. Et nous devons commencer par éduquer les fillettes. Le seul moyen pour les femmes d'entrer en politique est d'apprendre, de suivre une formation adaptée. C'est à cette condition qu'elles pourront se montrer à la hauteur face aux partis politiques et se mesurer à d'autres candidats et à des hommes politiques chevronnés », a conclu Mme Rajab.

Selon M. Peter Knowles, Directeur de BBC Parliament, les femmes en politique pourront plus facilement faire entendre leur voix « lorsque nous, journalistes, veillerons à les inviter à participer à des entretiens et à des débats. Cela dit, je pense, à titre personnel, que les parlements ou les partis politiques vont devoir investir beaucoup plus dans la formation de leurs membres, hommes et femmes, pour leur apprendre à bien s'exprimer en public. Je ne connais aucun politicien prestigieux ou influent qui soit dépourvu de talents oratoires. Barack Obama est la preuve qu'être un bon orateur constitue aujourd'hui encore un atout majeur ! ».

Mme Bahia Al Jishi, membre du Conseil consultatif du Royaume de Bahreïn Mme Bahia Al Jishi, membre du Conseil consultatif du Royaume de Bahreïn et Présidente de la Commission des services du Conseil consultatif, a souligné que les femmes apportent une contribution importante à la vie politique de leur pays, mais que les médias ne leur accordent pas suffisamment de place. « Nous nous sommes réunies ici afin de débattre avec les médias des moyens d'améliorer l'image des femmes en politique. Nous devons convaincre les médias que les femmes sont douées pour la politique, et venir à bout de l'idée selon laquelle les femmes et la politique ne font pas bon ménage. Nous devons être plus dynamiques et montrer aux journalistes que les femmes peuvent parler de politique et de questions importantes comme l'environnement, l'économie ou la défense, qu'elles participent au débat parlementaire et aux travaux des commissions et qu'elles oeuvrent aussi en coulisses ».

Mme Al Jishi a cependant reconnu que les femmes doivent comprendre et accepter le fait les journalistes travaillent sous pression. De plus, la question de l'accroissement de la représentation des femmes au sein des parlements des pays de la région est pour le moins délicate. « Ici aussi, les médias peuvent jouer un rôle décisif s'ils montrent que les femmes sont capables de s'exprimer avec fermeté sur des questions qui présentent un caractère d'urgence : l'image de la femme au sein de la société s'en trouvera modifiée, et l'opinion comprendra que les femmes peuvent se montrer à la hauteur de leurs engagements ».

Selon Mme Al Jishi, les raisons pour lesquelles les femmes ne votent pas pour les femmes sont essentiellement d'ordre culturel. « Ce n'est pas parce que les femmes sont contre les femmes, mais plutôt à cause de l'image associée aux femmes qui évoluent dans un monde d'hommes, sans parler de la dimension religieuse du débat. Les médias peuvent contribuer de manière déterminante à l'évolution des mentalités ».

Rwanda : Comment les hommes soutiennent les femmes en politique

Mme Rose Mukantabana,
Présidente de la Chambre des députés du Rwanda. Mme Rose Mukantabana, Présidente de la Chambre des députés du Rwanda - la chambre qui compte le pourcentage le plus élevé de femmes élues dans le monde (56,3%) - a partagé son expérience rwandaise avec les personnes présentes à Oman. Entretien.

Q: Le Rwanda est en tête de liste des parlements avec le pourcentage le plus élevé de femmes parlementaires élues au monde. Quel est votre prochain défi ?
Mme Rose Mukantabana:
Nous devons montrer au monde que nous méritons ce que nous sommes aujourd'hui et que nous sommes capables de faire avancer le peuple rwandais sur le chemin du développement, en partenariat avec nos frères, collègues et maris. Nous n'avons pas le droit d'échouer.

Les hommes vous suivent-ils dans cette démarche ?
R.M.:
Oui, car nous considérons la question du genre comme un outil de développement et non comme un moyen de renverser une situation par une autre. C'est ce qui a fait que les hommes rwandais ont adhéré au processus, parce les femmes rwandaises ne sont pas agressives dans ce mouvement de promotion de leurs droits. Nous ne voulons pas prendre la place que les hommes occupaient auparavant ou mettre les hommes à la place qui était la nôtre par le passé. Nous voulons être leurs partenaires pour le progrès de notre pays. Nous sommes complémentaires et nous avançons ensemble. Nous voulons des droits égaux comme cela est prévu par la Constitution et les conventions. Notre but est d'avoir une égalité d'opportunité des chances et qu'il n'y ait pas d'obstacle au développement de qui que ce soit.

Qu'attendez-vous des médias ?
R.M.:
Le rôle des journalistes est très important dans tous les domaines et plus particulièrement lorsqu'il s'agit de la participation des femmes. Par le passé, les médias ont joué un rôle négatif. Dans notre société, l'image qu'ils montraient de la femme allait de l'empoisonneuse à celle qui se battait avec sa concubine. La femme était décrite dans une situation qui ne la valorisait pas. Par exemple, les spots publicitaires à la radio - qui sont un moyen utilisé par des institutions publiques et par la société civile - véhiculaient un message à connotation négative. Une personne qui ne savait pas bien déchiffrer le message pouvait l'interpréter négativement. Nous nous sommes battues pour que ce genre de publicité négative cesse. Il est possible de transmettre le même message à la population en utilisant un langage positif et nous voyons le résultat. Le fait de montrer des femmes nues ou dans des tenues bizarres dans les médias n'est pas la meilleure façon de promouvoir les femmes, mais une façon de les maintenir dans une condition dégradante. Aujourd'hui, lorsque les associations de promotion de la femme veulent faire passer une publicité dans les médias, tout le monde tient compte de cela.

« L'éducation est la clé »

Mme Najla Faisal Al Awadhi, journaliste et membre du Conseil fédéral national des Emirats arabes unis. Najla Faisal Al Awadhi est membre du Conseil fédéral national des Emirats arabes unis. Elle est également Vice-PDG de Dubai Media Inc., le plus grand groupe de médias de Doubaï, et dirige la chaîne anglophone du réseau, qui compte six chaînes au total.

Q : Quel est le principal problème que rencontrent les femmes du monde arabe ?
Mme Najla Faisal Al Awadhi:
Il tient principalement au fait que les femmes connaissent mal leurs droits et leurs responsabilités dans la société. L'éducation suscite chez les femmes l'envie de sortir de chez elles, d'intégrer le système politique et d'y prendre une part active. Nombre de femmes ignorent que les constitutions de la plupart des États du Golfe leur reconnaissent des droits. Éduquer les femmes est une chose, mais encore faut-il éduquer aussi le reste de la société, à savoir les hommes. Les rôles sociaux traditionnellement dévolus aux hommes et aux femmes sont gravés dans le marbre : celui des femmes se résume généralement aux tâches domestiques et à l'éducation des enfants, tandis que les hommes sont censés s'occuper de tout ce qui touche à la politique et à l'économie. Mais aujourd'hui, cette répartition des rôles évolue lentement. Aux Émirats arabes unis, les femmes ont fait leur entrée au parlement en 2007. Nous avons aujourd'hui des femmes ministres, dont l'une détient le portefeuille du commerce extérieur. Les femmes font progressivement leur entrée sur la scène politique, mais elles ne constituent encore qu'une minorité. Il faut privilégier la création de systèmes éducatifs de nature à amener les femmes à comprendre qu'elles ont des droits, qu'elles peuvent participer à la vie politique de leur pays et que leur engagement est important, quel que soit le domaine considéré. La plupart des pays arabes s'orientent peu à peu dans la voie du développement durable, ce qui suppose de tirer parti de l'ensemble des ressources humaines, sans considération de sexe. Nous devons éduquer non seulement les femmes, mais le public dans son ensemble, parce que les sociétés arabes sont traditionnellement patriarcales, ce qui veut dire que la plupart des décisions sont prises par les hommes. Il nous faut gagner le soutien des hommes et leur faire comprendre que les femmes sont leurs alliées et leurs partenaires et qu'en travaillant ensemble, nous pouvons faire plus.

Q : Les hommes sont-ils prêts à accepter que les femmes travaillent à leur côté ?
N.F.A.:
Certains hommes éclairés le sont. Aux Emirats arabes unis, nous avons beaucoup de chance. En effet, si les dirigeants du pays - qui sont tous des hommes - ne s'étaient pas employés à promouvoir l'émancipation des femmes, il n'y aurait pas aujourd'hui neuf femmes au parlement. Une vaste proportion d'hommes appuie aujourd'hui la cause des femmes, mais il y a encore beaucoup d'hommes et de femmes qui ne croient pas que les femmes puissent participer aussi activement à la vie politique du pays que les hommes. Les choses bougent lentement, et le meilleur moyen de faire évoluer la situation et de montrer l'exemple et de laisser les résultats parler d'eux-mêmes. Il suffit de démontrer par l'exemple que les femmes peuvent faire exactement ce que font les hommes. Tout est question d'accès à l'éducation, d'égalité des chances et de modèles. C'est le meilleur moyen de faire évoluer les choses.

Q : Donnez-vous la parole aux femmes parlementaires sur vos chaînes ?
N.F.A.:
Non, et je suis la première à le reconnaître ! Sur la chaîne que je dirige, tous les postes stratégiques de décision sont occupés par des femmes, et j’en suis très fière. Non pas parce que ce sont des femmes, mais parce qu’elles sont toutes extrêmement compétentes et travaillent très dur. Ce sont toutes des femmes originaires des Émirats, et non des expatriées. Nous nous employons à produire davantage d’émissions traitant de questions d’ordre social. Les entreprises de médias doivent en permanence maintenir un juste équilibre entre service public et bénéfices. La tâche est loin d’être aisée, dans la mesure où la plupart des téléspectateurs préfèrent regarder des films ou écouter de la musique. C’est donc à nos, professionnels des médias, qu’il appartient de proposer des émissions au contenu plus exigeant et d’aborder des sujets importants de manière distrayante, afin de ne pas perdre d’audience.

Q : Les journalistes donnent-ils la parole aux femmes ?
N.F.A.:
Pas vraiment, puisque, dans nos pays, les émissions politiques auxquelles pourraient participer des femmes parlementaires sont produites principalement par des hommes. L'industrie des médias doit veiller à respecter un plus juste équilibre entre les hommes et les femmes dans les émissions qui traitent de questions graves.

« Les femmes doivent faire face à des défis d'ordre social et liés à la tradition »

M. Nasser Alsarami, Directeur de la chaîne Al Arabiya M. Nasser Alsarami, Directeur de la chaîne Al Arabiya, veut encourager les femmes à parler aux médias. Il souhaite par ailleurs créer, en collaboration avec les femmes et l'UIP, une base de données des femmes parlementaires susceptibles d'être interviewées à tout moment par des journalistes d'Al Arabiya sur des questions présentant un caractère d'urgence.

Q : Quels sont les principaux problèmes que rencontrent les femmes parlementaires du monde arabe ?
M. Nasser Alsarami:
Elles doivent faire face à des difficultés particulières, qui tiennent à la fois à des considérations sociales et au poids des traditions. L'image de la femme en politique n'est pas bien comprise de la population, pour qui les femmes doivent faire certaines choses, et pas d'autres. Les femmes d'affaires sont prises beaucoup plus au sérieux et le public admire leur travail, alors qu'il en va tout autrement des femmes politiques. Les femmes de la région doivent travailler dur pour prouver qu'elles sont capables de mener une action politique et justifier leur participation au débat relatif aux enjeux sociaux. Pour être visibles, et pour se faire entendre, elles doivent s'adresser aux médias et, à travers nous, à la population dans son ensemble. Elles ne doivent pas rester dans leur coin et organiser leurs propres réunions. Elles doivent participer à des conférences et à d'autres manifestations, que ce soit dans les pays du Golfe ou dans d'autres régions. Elles doivent montrer ce qu'elles sont capables de faire car, dans cette région, on tend à considérer que les le rôle des femmes se limite à un petit nombre de domaines.

Q : Les différentes sociétés du monde arabe sont-elles prêtes à accepter la présence des femmes sur la scène politique ?
N.A.:
La situation a considérablement évolué ces cinq dernières années, mais il reste encore beaucoup à faire. Or, à trop attendre que l'opinion soit prête, on risque de ne rien faire du tout. Les choses arrivent lorsqu'elles doivent arriver, et les femmes doivent se faire à cette idée.

Q : Les sociétés arabes sont-elles prêtes à élire des femmes?
N.A.:
Je ne pense pas qu'elles soient prêtes à se battre pour qu'une femme soit élue, ce qui ne veut pas pour autant dire que les femmes ne peuvent pas obtenir de mandat parlementaire. L'entrée des femmes au parlement est une très bonne chose, mais nous devons commencer par organiser des élections régulières, sans quoi les gens ne comprendront pas pourquoi les femmes sont impliquées directement dans les élections.

Q : Les médias donnent-ils suffisamment la parole aux femmes politiques ?
N.A.:
Oui. Sur Al Arabiya, nous invitons des femmes politiques à participer à nos différentes émissions. Mais c'est aussi aux femmes qu'il appartient de venir vers nous pour nous parler de leurs activités et de leurs programmes. Au cours des élections organisées récemment dans la région, nous avons interviewé plusieurs candidates. Mais les femmes doivent aussi faire campagne par leurs propres moyens. Cette conférence sera peut-être l'occasion d'échanger des idées sur ce point, notamment en ce qui concerne la formation des femmes aux relations avec les médias.