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Les femmes en point de mire à l’UIP
 | Mme Isabel Allende, Présidente de la Chambre des députés du Chili, a ouvert la réunion des femmes parlementaires à Santiago du Chili. Photo IPU/ J. Inostrosa |
Les élues des peuples sont de plus nombreuses à prendre part aux conférences de l’UIP et à occuper des postes importants au sein de l’organisation mondiale des parlements. A Santiago du Chili, quelque 140 femmes représentant 93 parlements nationaux ont notamment débattu de la question de la guerre en Iraq et exprimé leur profonde consternation face aux conséquences du conflit pour les femmes et les enfants.
Elles ont demandé aux parties au conflit de respecter le droit international humanitaire et les droits de l'homme et elles ont rappelé le rôle fondamental que les femmes jouaient dans la phase suivant un conflit armé, c'est-à-dire dans la réconciliation. Par ailleurs, les femmes parlementaires ont souligné le rôle primordial qui était celui des Nations Unies et ont demandé à l'UIP de participer activement à ce processus d'édification de la paix.
"A l’UIP les pays ont la possibilité de se défendre et de donner leur point de vue"
La Présidente du Saeima de Lettonie, Mme Ingrida Udre, a évoqué le rôle de l’organisation mondiale des parlements dans le contexte de la guerre en Iraq :
Q : Quel peut être l’impact des conférences de l’UIP dans un contexte international tel que nous le vivons ici à Santiago au moment de la guerre en Iraq ?
Ingrida Udre :
Elles sont très importantes, car les représentants des différents pays, qui ont des points de vue différents, ont la possibilité de s’asseoir ensemble et de discuter de différents thèmes. Les représentants des parlements ont également la possibilité de se défendre et de donner des informations ainsi que leur point de vue. Avec la résolution que nous avons adoptée sur l’Iraq), nous avons montré notre unité et aussi notre sens de la démocratie, car même si nous avons des idées différentes, nous avons trouvé un compromis. Cela montre au reste du monde qu’il y a toujours la possibilité de trouver un compromis et de résoudre les conflits de différentes façons.
Q : Est-ce difficile pour une femme de présider un parlement ?
I. U.:
Cela est certainement différent ! Au début, les hommes vous regardent en tant que femme. Ils agissent de façon différente. Maintenant, les hommes ont une attitude très positive au parlement. Ils sont plus polis qu’auparavant, lorsqu’un homme présidait le parlement !
"Nous appliquons de bonnes règles de fonctionnement et sommes capables de produire des résultats"
Signe des temps, le Groupe géopolitique des " 12 Plus " à l’UIP est actuellement dirigé par une femme, la députée norvégienne Oddbjorg Starrfelt. Le Groupe des pays dits occidentaux est composé des 43 parlement suivants : Albanie, Allemagne, Andorre, Australie, Autriche, Belgique, Bulgarie, Canada, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Ex-République yougoslave de Macédoine, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Israël, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Malte, Monaco, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République de Moldova, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Saint-Marin, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie. (Observateurs : Serbie-et-Monténégro, Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, Parlement européen).
Q : Vous présidez le Groupe des Douze Plus. Est-ce une tâche difficile dans le contexte international actuel ?
Mrs Oddbjorg Starrfelt :
Oui, parce nous affrontons un défi supplémentaire avec la guerre en Iraq et parce que nous sommes divisés en tant que région sur cette question. Mais nous appliquons de bonnes règles de fonctionnement et sommes capables de produire des résultats. Au comité de rédaction de la résolution sur l’Iraq, nous avions un parlementaire d'un pays en faveur de la guerre et un parlementaire d'un pays qui était contre la guerre et ils ont réussi à s'accorder sur un texte acceptable pour tous.
Q : Quel est le secret des pays nordiques qui sont toujours les mieux placés quant à la présence des femmes au Parlement ?
O.S.:
Je n'ai pas de certitude mais il s’agit d’un processus qui va se en renforçant. Je pense que les pays nordiques appliquent des règles, d'abord dans les partis politiques ou du moins dans certains partis, et dans les différentes instances de nos démocraties.
"Je ne sais pas ce que serait la politique norvégienne sans un bon équilibre entre hommes et femmes"
Q: Les pays nordiques arrivent toujours en tête de liste concernant la présence des femmes au Parlement. Comment l'expliquez-vous ?
F.M.V.:
Je pense que les femmes ont une position forte dans la société norvégienne depuis des siècles. Il a fallu un peu de temps pour qu'elles puissent exercer leurs pleins droits dans le système politique. Mais cela s'est produit il y a une centaine d'années. Il nous reste encore du chemin à parcourir, mais je pense qu'il faut impérativement qu'elles apportent leur contribution parce que les femmes ont souvent un point de vue un peu différent sur les problèmes et c'est très utile. Je ne sais pas ce que serait la politique norvégienne aujourd'hui sans un bon équilibre entre hommes et femmes !
M. Finn Martin Vallersnes
Membre du parlement norvégien
Président du Comité sur les questions relatives au Moyen-Orient
"J'éprouve de la douleur face à la guerre en Iraq"
J'éprouve de la douleur face à la guerre injuste en Iraq qui a pour conséquence la destruction et la mort et qui touche des milliers d'êtres humains, dont des femmes et des enfants, mais par ailleurs, je suis très heureuse de vous recevoir au Chili en ma qualité de présidente de la Chambre des députés, responsabilité que je suis la deuxième femme à exercer depuis 1811, date de la fondation de notre Congrès national.
Isabel Allende, Présidente de la Chambre des députés du Chili
Présidente de la Réunion des femmes parlementaires à Santiago
"A Santiago, nous avons travaillé, pour refléter les demandes de l’opinion publique internationale"
La délégation iranienne aux réunions de l’UIP comporte presque toujours une femme parlementaire dans ses rangs. La conférence de Santiago n’a pas fait exception, avec la présence de. Mme Soheila Jelodarzadeh, l’une des 12 Vice-Président du Parlement de la République islamique d’Iran.
Q : La Conférence parlementaire de Santiago a lieu à un moment où la situation internationale est tendue, pour cause de guerre en Iraq. Quelle est la position de l’Iran à ce sujet ?
Soheila Jelodarzadeh :
Nous avons toujours dit que la communauté internationale doit faire tous les efforts pour renforcer le rôle de l’ONU pour tenter de résoudre tout conflit au niveau mondial. Nous avons été les plus touchés par le régime de Saddam Hussein, notre voisin. Mais nous insistons sur le fait que le règlement des conflits passe par le dialogue et par des mécanismes pacifiques. Comme cela a été mis en évidence ici à Santiago du Chili, nous pensons qu’il est important de suivre le souhait et la demande de l’opinion publique dans ce sens. C’est ce qui doit être fait et je crois qu’ici, lors de cette conférence, nous avons travaillé, pour refléter les demandes de l’opinion publique internationale.
 | De gauche à droite, Mme Gwen Mahlangu, Mme Angela King, et Mme Isabel Allende. Photo: Hector Yañez. |
Lancement d'un guide conjoint UIP/ONU pour combattre les discriminations à l'égard des femmes
Toujours à Santiago du Chili, l’UIP et l'ONU ont publié la version anglaise d’un guide à l'usage des parlementaires relatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, et à son Protocole facultatif. Ce guide a été financé grâce au soutien de l’Agence canadienne de développement (CIDA) et de l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (SIDA).
Elles et ils ont dit :
TLa Convention est l'instrument le plus complet dont on dispose en matière de droits des femmes, étant donné qu'il s'étend à tous les aspects essentiels de la personne humaine. Les parlements doivent jouer un rôle important dans la mise en œuvre de la Convention ainsi que de son protocole facultatif. Nous devons sensibiliser les autorités des Etats qui n'ont pas encore ratifié ces deux instruments.
M. Sergio Páez
Président de l’UIP
Peu de causes défendues par l'Organisation des Nations Unies ont suscité un soutien aussi massif et une diffusion aussi large que la campagne de promotion et de protection de l'égalité des droits des femmes. La Charte des Nations Unies a mis l'accent sur l'égalité des droits entre hommes et femmes. Depuis lors, l'ONU s'est attachée à mettre en place une structure internationalement convenue de stratégies, de critères, de programmes et d'objectifs pour faire progresser le statut de la femme dans l'ensemble du monde.
Mme Angela King,
Secrétaire générale adjointe de l'ONU et conseillère spéciale pour l'égalité entre les sexes et la promotion de la femme
Ce guide une très bonne idée, parce que dans certains pays, ces questions sont très importantes. Si dans certains autres pays, il semble que les discriminations soient moins importantes, ce n’est qu’une impression. Car même dans les pays nordiques, lorsque nous parlons avec nos collègues, elles nous disent que la violence contre les femmes, au sein de la famille, existe. Les femmes font aussi souvent faces à des discriminations à leur encontre, dans la recherche d’un emploi..
Mme Ingrida Udre
Présidente du Saeima de Lettonie
Le guide publié par l’ONU et l’UIP est très important. Tout d'abord pour les démocraties nouvelles parce qu'elles peuvent ainsi s'informer sur ce qui peut être fait et sur la manière de le faire. Il peut aussi être important pour les pays qui ont parcouru un long chemin comme mon pays parce qu'il est préférable que tout soit écrit pour que nous puissions nous rappeler les différentes étapes. En outre, c'est une dimension de la démocratie à laquelle nous devons toujours travailler parce que nous n'avons pas gagné ce combat une fois pour toutes, nous devons le mener chaque jour.
Mme Oddbjorg Starrfelt
Députée norvégienne
Présidente du Groupe des 12 Plus à l’UIP
En tant que femme, je souscris bien sûr à pareil Guide. N'oublions pas que les femmes représentent 50 % de la population mondiale, sans oublier les enfants. Nous n'avons toujours pas tous nos droits et les femmes sont bien souvent traitées comme des objets par les hommes. Cela ne devrait pas être le cas. Ici aussi, l'UIP peut jouer un rôle utile en incitant tous les parlementaires à faire campagne et à renforcer les politiques menant à une meilleure qualité des rapports entre hommes et femmes. Et essayer aussi de faire diminuer la violence contre les femmes et les enfants dans la famille. Ce sont les hommes qu'il faut éduquer car c'est leur attitude qui engendre les tragédies que l'on connaît.
Mme Pensak Chagsuchinda, députée thaïlandaise
Membre du Comité sur les questions relatives au Moyen-Orient.
En tant que parlementaires, nous devons veiller à ce que dans nos pays toutes les conventions internationales soient ratifiées à temps. Nous avons beaucoup de travail à accomplir maintenant que nous avons le Guide. Nous devons maîtriser les options du Protocole et nous assurer que des lois seront votées dans nos pays pour éliminer toutes les formes de discrimination contre les femmes et les enfants. Ce guide aura un impact dans les pays qui ne sont pas familiarisés avec la Convention et le protocole. Désormais, ils disposent d'indications sur ce que les parlements doivent faire, et nous, parlementaires devons débattre ces questions, examiner tous les programmes dans nos pays pour voir s'il y a des auditions, des lois, si elles sont discriminatoires et aussi faire en sorte que le Gouvernement présente les rapports au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes de l’ONU. Les femmes ont aujourd’hui un meilleur outil.
Mme Margareth Mensah
Vice-Présidente du Conseil national de la Namibie
M. Ibrahim Boubacar Keita
Président de l’Assemblée nationale du Mali l’affirme :
"Rien ne sera de trop pour conforter la promotion féminine"
I.B.K. : Le guide à l’usage des parlementaires sur la Convention relative à l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, et son Protocole facultatif, publié par l’UIP et l’ONU est une bonne chose. Tout ce que l’on peut entreprendre dans le domaine de la promotion des femmes, dans mon pays et au sein de mon Assemblée. Je suis ici également en qualité de président de l’Union parlementaire africaine et tout ce qui peut concourir à la promotion féminine sur le continent africain nous est sensible. C’est pourquoi nous avons salué cette initiative de l’UIP et nous y adhérons pleinement. Rien ne sera de trop pour conforter la promotion féminine et ancrer dans les esprits définitivement que la femme sur le plan de tout ce que nous pouvons entreprendre comme activité humaine sur la terre est l’égale de l’homme. Cela doit être compris aujourd’hui, admis, sans qu’aucun paternalisme ne vienne faire croire que l’on fait des cadeaux aux femmes. On ne leur fait aucun cadeau, elles n’ont que ce qu’elles méritent. Ce qu’elles ont gagné par la force de leur combat, à travers les siècles. C’est pour cela que je suis heureux que l’aboutissement de l’initiative prise par l’UIP soit consignée dans un document.
Q : A la conférence interparlementaire de Ouagadougou, il a beaucoup été question des mutilations sexuelles féminines. A votre avis, a-t-on avancé sur cette question ?
I.B.K:
On a en effet beaucoup avancé. Cela fait des décennies que l’on parle de cette question à travers le monde. En Afrique, nous sommes les premiers concernés, puisque chez nous, une majorité des femmes en est encore victimes. Il est important qu’au XXIème siècle nous fassions en sorte que cela ne soit plus qu’un souvenir. Nous faisons des campagnes dans toute l’Afrique pour montrer les méfaits des mutilations sexuelles génitales pour que l’on comprenne qu’il n’y a là aucun gain pour la personne, mais au contraire des frustrations diverses. Et qu’il est bon que la femme ait l’intégralité de son corps comme l’homme. Là aussi il y a certaines pratiques liées à la culture, pas seulement en Afrique mais ailleurs dans le monde. Mais pour la femme, faisons en sorte de lutter ensemble pour qu’elle préserve son corps.
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