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L’UIP et le DCAF ont publié un Guide à l’usage des parlementaires sur le contrôle des forces de sécurité
 | De gauche à droite : le Général Juan Carlos Salgado, le sénateur Fernando Flores, le Président de l’UIP, Sergio Páez Photo IPU/ J. Inostrosa |
L’Union interparlementaire (UIP) et le Centre pour le contrôle démocratique des forces armées-Genève (DCAF) ont publié à Santiago du Chili un guide à l’usage des parlementaires sur le contrôle du secteur de la sécurité. Cette publication a été présentée lors d’une conférence de presse, en présence du Président de l'UIP, le Sénateur chilien Sergio Páez, du Président de la Commission de la Défense du Sénat chilien, M. Fernando Flores, du chef de l'Etat-major chilien, le Général Juan Carlos Salgado, du parlementaire suisse, Paul Günter, du Directeur adjoint du DCAF, M. Philipp Fluri, et du Secrétaire général de l'UIP, M. Anders B. Johnsson.
"Il faut que les opinions du peuple se reflètent dans la politique de sécurité nationale"
La sécurité est primordiale pour le bien-être du peuple. Aussi faut-il impérativement que les opinions du peuple se reflètent dans la politique de sécurité nationale, où sont énoncées les valeurs fondamentales et les principes relatifs à la sécurité nationale que l'Etat entend promouvoir et protéger. Il est nécessaire qu'au sein des parlements, les représentants de la volonté populaire travaillent en collaboration étroite avec le gouvernement et le secteur de la sécurité. Mais si tous ont un objectif commun, leurs rôles et leurs devoirs sont fondamentalement différents. Au Chili, les relations entre société et forces armées se sont améliorées au fil des années. La communauté internationale trouvera dans ce pays un climat de respect mutuel et de coopération qui, nous l'espérons, se renforcera encore dans l'avenir. Nous ne doutons pas que ce guide contribuera à ce que tous les acteurs clés du secteur de la sécurité mettent leurs efforts de coopération au service de l'intérêt commun de tous les citoyens.
M. Sergio Páez,
Président de l‘UIP
"Une organisation sociale qui repose sur la confiance et le dialogue "
PLe Parlement est chargé de définir le cadre légal, d'adopter le budget et de contrôler les activités du secteur de la sécurité. Il ne peut exercer pleinement ces responsabilités que s'il a un large accès à l'information et à l'expertise technique nécessaire et qu'il a le pouvoir et la volonté d'exiger du Gouvernement qu'il lui rende compte de son action. Cela suppose une organisation sociale qui repose sur la confiance et le dialogue. De nos jours, le rôle joué par ceux à qui il incombe d’assurer la sécurité est en pleine mutation. Des conflits armés d’un type nouveau et les liens de plus en plus forts entre les Etats ont suscité des solutions novatrices et une réflexion inédite autour du concept même de la sécurité. Les attentats du 11 septembre 2001 et leurs conséquences n’ont fait que renforcer ce besoin.
M. Anders B. Johnsson
Secrétaire général de l’UIP
"Un outil utile à la construction d’un monde plus sûr"
La conférence interparlementaire de Santiago du Chili a été une bonne occasion pour la publication de ce guide, car les parlementaires et les médias étaient présents. On peut également lier cet événement à l’histoire du Chili. Les récents développement qui ont eu lieu sur la scène politique mondiale soulignent également l’importance d’une publication telle que celle-ci. M. Adolf Ogi, ancien Conseiller fédéral responsable du Département de la Défense suisse, et actuel Ambassadeur des Nations Unies pour le sport au service de la paix, a été l’une des forces motrices de la fondation de trois centres qui sont importants à Genève : le Centre pour le contrôle démocratique des forces armées (DCAF), le Centre de déminage humanitaire, et le Centre pour les études sur la sécurité. Le guide publié conjointement par l’UIP et le DCAF est un outil très utile, qui peut aider d’une façon concrète à la construction d’un monde plus sûr.
M. Paul Günter, Swiss MP
Président du Groupe suisse à l’UIP
"L’idée d’un contrôle parlementaire et démocratique des forces armées fait également son chemin à l’OTAN et à la CSCE"
Il existe un discours au sein des organisations internationales concernant la question du contrôle parlementaire du secteur de la sécurité. Cela signifie qu’il y a une prise de conscience par rapport à cette question. Le rapport paru en 2002 sur le développement humain souligne l’importance du contrôle du secteur de la sécurité. L’idée d’un contrôle parlementaire et démocratique des forces armées fait également son chemin au sein de l’OTAN et de la CSCE. Elle est considérée un point clé de tout développement démocratique et de tous les programmes de coopération avec les gouvernements des pays en voie de démocratisation. Le bilan n’est peut-être pas encore excellent mais le processus va dans le sens d’une démocratisation approfondie, dans un nombre toujours croissant de pays qui prennent au sérieux la question du contrôle démocratique des forces de sécurité. Le DCAF estime que l’efficacité du contrôle parlementaire n’en est donc que plus vitale dans la mesure où elle garantit que les nouvelles solutions seront conçues et mises en œuvre avec toute la transparence et la responsabilité voulues. A défaut, les forces de sécurité risquent de mal comprendre leur mission et de s’ériger en Etat à l’intérieur de l’Etat, absorbant des ressources déjà limitées ou exerçant une influence politique et économique excessive.
M. Philipp Fluri,
Directeur adjoint du Centre pour le contrôle démocratique des forces armées-Genève (DCAF)
L’exemple du Chili
Au Chili, le chef de l’Etat-major, le Général Juan Carlos Salgado, et le Président de la Commission de la Défense, le sénateur Fernando Flores (n.d.l.r. un proche de l’ex-Président Allende et qui a vécu pendant des années en exil à Washington) travaillent ensemble. Ils nous livrent leur impression sur le guide à l’usage des parlementaires sur le contrôle des forces de sécurité.
Q : Le fait que ce guide soit publié ici à Santiago du Chili est-il symbolique pour vous ?
Fernando Flores :
C’est en effet symbolique. Mais je tiens à vous dire que nous travaillons ensemble, sur de nombreux sujets. Le général possède une technologie de pointe qui peut nous rendre service !
Général Juan Carlos Salgado : Nous travaillons justement ensemble à la préparation d’un séminaire à ce sujet.
Q : Que pensez-vous de ce guide ?
Général Salgado :
Ce guide est important parce qu’il résume le concept moderne de la sécurité et qu’il établit la responsabilité que l’Etat doit avoir dans le domaine de la sécurité. C’est en somme un compromis et une bonne façon d’aborder les choses. Mais je dis aussi que le titre de l’ouvrage prête à confusion car le terme de " contrôle des forces de sécurité " suggère l’idée que le secteur des forces de sécurité est sans aucun contrôle. Il me semble que ce guide aborde plutôt l’interaction entre parlement et forces de sécurité.
Senateur Flores :
Il s’agit de cela en effet. Ce guide est important, car l’apprentissage des peuples se fait peu à peu. L’expérience de certaines personnes dans ce domaine est importante, car elle peut aider les autres. Cela amplifie les possibilités que les parlementaires ont dans certains domaines, et notamment celui-ci.
Q : Est-ce un outil qui permet aux citoyens qui ont élu leurs représentants au Parlement de mieux comprendre cette relation entre forces armées et démocratie ?
Général Salgado :
Absolument ! Nous devons convaincre les gens de beaucoup de choses, et notamment de la relation entre le secteur de la sécurité et le Parlement. Il faut continuer de travailler pour faire passer le message.
Q : Est-ce difficile pour vous de convaincre les citoyens ?
Général Salgado :
Non. C’est plus facile aujourd’hui qu’hier.
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