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N°25
AVRIL 2007

SOMMAIRE

white cube Éditorial
white cube Mutilations Génitales Féminines
white cube Coopération avec l'ONU
white cube Les femmes en politiques
white cube Entrevue avec M. Erman Suparno
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Le Monde des Parlements
Entrevue

M. Erman Suparno, Ministre indonésien du Travail et des Migrations:

"Le niveau de développement du travail et de l'emploi constitue un défi majeur pour l'Indonésie"

Un des sujets à l'ordre du jour de la 116ème Assemblée de l'UIP à Nusa Dua (Bali, Indonésie) sera la question de l'emploi à l'heure de la mondialisation. Nous avons demandé au Ministre indonésien du Travail et des Migrations, M. Erman Suparno, de nous donner son point de vue. Entretien.

M. Erman Suparno Q: Quelle est l'incidence de la mondialisation sur la situation de l'emploi en Indonésie ?
M. Erman Suparno:
la mondialisation a créé beaucoup d'opportunités et de défis dans le monde du travail. Les opportunités pour le monde en développement, notamment l'Indonésie, sont les changements visant à obtenir et pourvoir les offres d'emploi à l'étranger, grâce au placement de travailleurs indonésiens. A ce jour, l'Indonésie a environ quatre millions de ressortissants qui travaillent à l'étranger. Le Gouvernement indonésien a parfois encouragé la coopération bilatérale sous la forme d'un mémorandum d'accord concernant le placement et la protection des travailleurs immigrés, par exemple avec l'Asie- Pacifique, en l'occurrence la Corée et la Malaisie, et les pays du Moyen-Orient comme le Koweït et la Jordanie.

Q: Concrètement, qu'est ce que cela signifie ?
E.S.:
Dans ces accords bilatéraux, l'Indonésie estime qu'il faut encourager la non-discrimination et l'égalité des droits au travail, ainsi que la protection des travailleurs pendant la totalité de leur contrat à l'étranger. Le plus souvent, les travailleurs indonésiens immigrés restent à l'étranger deux ans, comme stipulé dans leur contrat d'embauche, à moins qu'il en soit convenu autrement. C'est pour cette raison que le Président de la République d'Indonésie, Susilo Bambang Yudhoyono, a établi en 2006 un Conseil national pour le placement et la protection des travailleurs indonésiens émigrés qui rend compte directement au Président, mais doit coordonner son action au quotidien avec le Ministrede l'Emploi et des Migrations. Cette nouvelle structure devra combattre les violations des droits des travailleurs indonésiens immigrés et sensibiliser dans le même temps toutes les parties prenantes à la manière de mieux gérer ces travailleurs. En attendant, pour encourager l'amélioration des services d'emploi,l'Indonésie va mettre en place une agence internationale de l'emploi en ligne pour faciliter les recherches d'emploi. La mondialisation peut aussi avoir pour effet d'encourager les travailleurs à se diriger vers les secteurs informels. C'est pour cette raison que le gouvernement encourage les groupes du secteur informel à créer des emplois et à entreprendre localement.

Q: Pourriez-vous en dire plus sur le concept de travail décent ?
E.S.:
L'OIT a lancé le concept de travail décent, qui comporte quatre piliers : la création d'emplois, les droits au travail, la protection sociale et le dialogue social. Ce concept a été bien accueilli en Indonésie, car notre Constitution, qui date de 1945, et son amendement tiennent compte du concept de conditions de vie et de travail décentes. En fait, ce concept a été introduit dès les premiers jours de l'indépendance, même si ses réalisations ont été sporadiques. Le niveau de développement dans le domaine du travail et de l'emploi reste un grand défi pour nous. L'Indonésie approuve la Décennie 2015 du travail décent en Asie, déclarée lors de la 14ème Réunion régionale asiatique à Busan (Corée) en 2006. Pour promouvoir des conditions de travail décentes, le Gouvernement de la République d'Indonésie a mis en place un Plan national d'action qui doit être approuvé par les partenaires sociaux pour parvenir au travail décent. Ce plan contient 23 indicateurs. En outre, à partir de cette année, le gouvernement lancera des prix récompensant le travail décent pour motiver les autorités régionales (provinciales et de districts/municipalités). Ces prix seront remis aux autorités de district et aux autorités municipales en reconnaissance de la réalisation des objectifs en matière de travail décent. La mise en oeuvre des conventions fondamentales de l'OIT n'est pas sans heurts et certains obstacles demeurent. Une des préoccupations est de sensibiliser les collectivités à s'engager pleinement à mettre en oeuvre les dispositions des conventions. Un effort considérable a été fait par le gouvernement pour promouvoir certaines mesures juridiques. Ainsi, en 2000 le gouvernement s'est engagé pour la première fois à adopter la loi n°21 sur les syndicats, qui donne la possibilité à tous les travailleurs de créer un ou plusieurs syndicats dans tout type d'entreprise.

Q: À quelles difficultés est confronté votre pays dans l'application pratique de la Convention n°182 de l'OIT ?
E.S.:
La Convention n°182 de l'OIT a été ratifiée par l'Indonésie en 2000. Au vu de cette ratification, le gouvernement a mis en place un plan national d'action, qui comprend la mise en place d'une Commission nationale d'action, placée sous la direction du Ministère de l'emploi et des migrations. Jusqu'ici, 11 commissions de ce type ont été créées au niveau provincial et 52 au niveau des districts/municipalités. La création de ces commissions vise à parvenir à l'élimination des pires formes de travail des enfants sur les plate-formes de pêche, dans les usines de chaussures, le secteur minier, et à lutter contre leur participation au trafic de drogue et à la prostitution. A cet égard, des priorités ont été fixées en 2002 dans le cadre de programmes, et grâce au Programme international de l'OIT pour l'élimination du travail des enfants (IPEC), des activités régionales ont été mises en place. Ces programmes ont permis de soulager les enfants qui travaillent dans les secteurs à problèmes, et notamment de mener des activités de prévention et de faire sortir les enfants des pires formes de travail. Certains obstacles demeurent pour empêcher le travail des enfants, notamment le fait que ces enfants viennent majoritairement de populations qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. D'autres programmes devraient donc être lancés pour promouvoir des conditions de travail décentes pour leurs parents, notamment en leur proposant des formations en création d'entreprise. Parmi les autres obstacles, on citera le fait que les autorités locales ne sont pas suffisamment conscientes de l'importance de prendre davantage de responsabilités pour lutter contre le travail des enfants.

Q: Quelles politiques sociales les plus actuelles concernant les activités des multinationales dans votre pays nécessitent l'attention prioritaire des législateurs nationaux ?
E.S.:
Le Gouvernement indonésien est tout à fait conscient que pour encourager une meilleure performance des indicateurs économiques, le rôle et la contribution des investisseurs internationaux sont très importants. Sur la base du récent décret présidentiel n°3 de 2006, des efforts ont été engagés dans tous les ministères pour éviter aux investisseurs tout obstacle en matière de lois ou de règlements. Les entreprises multinationales bénéficient d'un bon traitement en Indonésie. Leur présence a contribué de manière non négligeable à la croissance économique du pays. Pour ce qui est des questions sociales, aucun règlement ni aucune loi spécifique ne régit ces entreprises. Les mêmes règlements s'appliquent à toutes les multinationales en Indonésie. En principe, les multinationales et les entreprises locales et nationales sont traitées de manière égale. Cette égalité de traitement repose sur la non-discrimination préconisée par la Convention de l'OIT. Le Ministère de l'emploi et des migrations a pris des mesures pour faire appliquer le décret présidentiel n°3 en simplifiant le système qui permet aux expatriés d'obtenir un permis de travail.

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