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N°37
DECEMBRE 2009

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de la Revue

Le Monde des Parliaments
Changements climatiques

« Les changements climatiques relèvent des droits de l’homme car ils sont liés au droit à la vie »

VERBATIM: Par le Président des Maldives, Mohamed Nasheed recevant le Prix Anna Lindh le 15 juin 2009 pour « les grands efforts consentis [par les Maldives] pour mettre la personne et ses droits au centre du débat sur les changements climatiques”.

Le Président des Maldives, M. Mohamed Nasheed, signant le décret de la réunion du Cabinet sous l’eau.“…Les gouvernements peuvent faire beaucoup de choses mais ils ne peuvent les faire que lorsque les gens le veulent. Nous avons pu changer les choses aux Maldives parce que nous avons réussi à galvaniser les gens et les amener à s’engager politiquement … C’est pourquoi les activités menées au niveau local et une démocratie particulièrement dynamique sont des éléments si importants pour lutter contre les changements climatiques.

Les droits de l’homme sont importants parce que, comme on l’a fait valoir, il est question de la destruction d’une civilisation. La civilisation des Maldives existe depuis deux millénaires. Notre histoire écrite remonte à 2 000 ans. En fait, je viens juste de découvrir que l’on a trouvé des coquillages « cowrie » dans nos nécropoles. Les Maldiviens seraient donc venus ici il y a très longtemps. Dans notre esprit, les changements climatiques, l’élévation du niveau de la mer et les aberrations climatiques sont donc tous des problèmes liés aux droits de l’homme fondamentaux. Cela étant, il n’est pas facile pour moi de faire cette déclaration. Parler de liberté d’expression, de ne pas être soumis à la torture, alors que j’ai été torturé deux fois. Venir ici et essayer d’exposer la définition traditionnelle des valeurs fondamentales des droits de l’homme n’est pas chose facile. Nous devons comprendre qu’il existe des valeurs fondamentales des droits de l’homme que nous partageons tous. La douleur est une valeur fondamentale des droits de l’homme; quelle que soit la culture dont vous êtes issu, vous avez mal quand on vous frappe, et vous souffrez lorsque vous êtes incarcéré en isolement. Je ne souhaite à aucun d’entre vous d’en faire l’expérience.

Mais afin de pouvoir trouver une solution à ce problème, nous devons commencer à réfléchir à la manière dont nous pouvons préserver ces valeurs fondamentales. Dans mon esprit, les valeurs fondamentales des droits de l’homme sont étroitement liées à des questions secondaires, d’une certaine manière, comme les changements climatiques, la pauvreté, etc. Si nous voulons protéger l’essentiel, les droits de l’homme « classiques », nous devons pouvoir inclure d’autres questions dans la définition des droits de l’homme. Nous espérons que vous le comprendrez; les changements climatiques sont un problème de droits de l’homme car ils se rattachent au droit à la vie. Donc nous estimons qu’il est très important de consolider tout de suite la démocratie aux Maldives”.

Les changements climatiques ont des retombées sur les droits des citoyens, mais notre réflexion doit être celle de citoyens du monde

M. Shakeel Mohamed, parlementaire de l'Ile MauriceLors de la réunion-débat organisée par l’UIP et le Parlement européen dans le cadre du Forum public 2009 de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en septembre à Genève, deux participants ont évoqué les retombées des changements climatiques sur les droits de l’homme.

Les changements climatiques ont des retombées sur les droits des citoyens, mais notre réflexion doit être celle de citoyens du monde. Un grand nombre de pays en développement avance l’argument que si autrefois les pays développés abattaient les arbres et saccageaient l’environnement, notre tour est maintenant venu. Cela ne rime à rien. Il ne s’agit pas d’une question assimilable aux questions commerciales débattues à l’OMC, mais de la survie de la planète. Les pays développés doivent aider les pays en développement à trouver de nouvelles sources d’énergie, à exploiter les énergies renouvelables et à développer de nouvelles technologies. Nous avons besoin d’échanges et de fonds pour nous aider, nous qui sommes en développement, à faire face à la problématique des changements climatiques. Je suis en désaccord avec l’argument qui veut que notre tour soit venu. C’est une prise de position risquée. Les changements climatiques ont des retombées sur les droits des citoyens, mais nous devons envisager ces droits en tant que citoyens du monde. Si tel n’est pas le cas, nous n’aurons plus de planète sur laquelle vivre. Il n’y a pas d’autre perspective à adopter sur cette question. Partir du principe que nous devons protéger nos acquis en détruisant la planète n’est pas une solution.

Si nous ne faisons pas face aux changements climatiques, nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs en matière de droits de l’homme

M. James Bacchus, ancien membre du Congrès américain et ancien Président de l’Organe d’appel de l’OMCSi nous ne faisons pas face aux changements climatiques, nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs en matière de droits de l’homme, car nous ne développerons pas notre potentiel humain. Les droits de l’homme concernent notre capacité à exploiter notre potentiel personnel de développement humain. Sans planète sur laquelle vivre et prospérer, nous ne pourrons nous développer ni en tant que personne ni en tant qu’espèce. C’est une question de survie pour l’humanité. J’espère qu’à Copenhague, le monde signera un traité mondial sur les changements climatiques positif pour tout le monde. Si tel est le cas, la réussite sera de taille. Dans le cas inverse, les difficultés ne tarderont pas à se faire sentir. J’ai toute confiance dans la capacité du Président Obama à respecter un grand nombre d’engagements, pour l’Amérique et le reste du monde. C’est peut-être attendre beaucoup d’un seul être humain, mais je suis un incorrigible optimiste!