REDONNER UN NOUVEAU SOUFFLE A LA DEMOCRATIE
L'Union interparlementaire a organisé, en janvier, la première d'une série de réunions-débats sur la dimension parlementaire de la démocratie qui auront pour but d'élaborer des directives permettant de rédiger un Guide des bonnes pratiques parlementaires. Ce manuel aura pour objet de montrer comment les parlements contribuent à la démocratie et identifiera les principales caractéristiques d'un parlement démocratique avec des exemples de bonnes pratiques dans les différentes régions du monde.
Le moment est particulièrement opportun, car, comme le constate l'ancien Président de la Knesset, Avraham Burg, il y a aujourd'hui dans le monde “une érosion du rôle des parlements, dans plusieurs domaines”. Ce constat est particulièrement alarmant chez les jeunes, puisque si l'on en croit une dépêche de Guysen Israël News, “les jeunes Israéliens font confiance à leur armée, mais pas é leur parlement ». Un sondage démontre que “77% d'entre eux ont foi en Tsahal, 66% dans le système judiciaire, 42% dans les médias et 32% dans la Knesset”.
Les propos de l'ex-Président du parlement israélien, qui a démissionné de la Knesset l'année dernière, sont partagés par le journaliste béninois Francis Kpatindé, chroniqueur à l'hebdomadaire Jeune Afrique L'Intélligent basé à Paris. “Aux yeux de l'opinion publique, de la presse et de l'exécutif, les parlementaires sont perçus comme des empêcheurs de tourner en rond, à cause parfois d'une certaine cacophonie et d'une lenteur du travail parlementaire. Les élus devraient communiquer davantage, jouer la transparence et surtout expliquer ce qu'ils font dans le domaine du contrôle de l'action de l'exécutif et de la consolidation de la démocratie qui protège les intérêts de la population. Car cela n'est pas perçu comme tel. Il faut aussi qu'ils s'ouvrent au débat social interne, et sur le plan extérieur. Les parlementaires sont absents des grands défis de notre siècle. Ils doivent donc redevenir visibles”.
Le professeur britannique David Beetham, rapporteur de cette première réunion-débat, renchérit : “les parlements semblent de plus en plus courtcircuités dans la gouvernance. On a l'impression que, collectivement et individuellement, les parlementaires ne jouissent plus d'une grande estime aux yeux du public. Il est donc grand temps de tenter d'établir quelques critères ou orientations générales clairs permettant d'aboutir à des parlements démocratiques, de faire comprendre leur place et leur importance dans le processus démocratique et d'améliorer leur image, aux yeux de l'opinion publique dans ce processus”.
La Deuxième Conférence des Présidents de Parlements, que l'UIP organisera en septembre à New York, se prononcera d'ailleurs à ce propos. Le temps est-il venu de suggérer une nouvelle manière d'envisager la politique ? Il s'agit plutôt d'élaborer “un code de navigation », répond M. Peter de Souza, expert en évaluation de la démocratie à l'Université de Goa (Inde), qui estime que “l'engagement politique doit revenir à une vision morale”.
L.B.
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