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N°24
DECEMBRE 2006

SOMMAIRE

white cube Éditorial
white cube Parlements et diffuseurs
white cube Coopération avec l'ONU
white cube Les femmes en politiques
white cube Commerce international
white cube Droit de l'homme
white cube Démocratie
white cube Coopération technique
white cube Évolution parlementaire
white cube Lu dans la presse

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Le Monde des Parlements
Les femmes en politiques

Mme Anne-Marie Lizin, Présidente du Sénat belge :

"La parité doit être notre but à tous"

Mme Anne-Marie Lizin Mme Anne-Marie Lizin est la première femme à présider le Sénat belge. Elle fut auparavant parlementaire européenne et membre de la chambre basse belge. Prenant la parole à l'ouverture du séminaire consacré aux commissions parlementaires sur l'égalité des sexes, qui s'est tenu à La Maison des Parlements, elle a expliqué l'importance des commissions parlementaires sur les questions de genre et la lutte des femmes pour parvenir à la parité.

Q: Malgré un emploi du temps chargé, vous avez fait escale à Genève…
Anne-Marie Lizin:
J'étais particulièrement intéressée par ce séminaire. Tout d'abord, je tiens à féliciter l'UIP pour ses statistiques. Pour la première fois, nous avons des tableaux très utiles avec des chiffres sur les femmes au Parlement et je suggère à toutes les femmes de les utiliser dans leurs pays. Aujourd'hui, nous avons 60 parlements qui ont une commission sur les questions de genre. Cela veut dire que les femmes tentent de travailler ensemble au Parlement et de surmonter les clivages entre les partis politiques. Nous savons tous ce que faire de la politique au niveau local veut dire et il n'est pas facile de surmonter les différences, pourtant il est très important de le faire. Nous constatons une tendance positive en faveur de la création d'un instrument spécial pour l'égalité entre hommes et femmes ou pour améliorer la situation des femmes.

Q: Les partis politiques doivent-il s'engager davantage dans ce sens?
A.-M. L. :
Les partis politiques sont très importants pour la création de ce type de commission. Nous devons insister à tous les niveaux, local et parlementaire, pour que ce travail soit fait et afin que nous puissions aussi montrer que les femmes politiques font quelque chose de différent. Nous pouvons au moins partager un point de vue qui est de dire que l'homme et la femme sont égaux. Au sein de ces commissions parlementaires, les femmes, mais aussi les hommes, peuvent proposer d'aborder des sujets tels que les quotas ou la parité. En Belgique et en France, nous parlons désormais de parité. Elle concernait tout d'abord la participation de candidates femmes sur les listes électorales à tous les niveaux. Et cela n'a pas été facile parce que la parité est un thème sensible dans tous les parlements, mais elle doit être l'objectif à atteindre pour nous tous. Le pouvoir est la question qui est au coeur du Parlement. Les parlements qui le veulent peuvent avoir du pouvoir, tout au moins juste après une élection, au moment où il faut une majorité pour mettre en place un gouvernement. Et les femmes parlementaires qui le veulent peuvent joueur un rôle important. C'est la façon de changer les mentalités d'un pays pour l'avenir.

Q: Pourquoi est-il important d'avoir plus de femmes au Parlement?
A.-M. L. :
Parce qu'elles vont réfléchir et proposer des lois qui iront dans le sens de l'égalité, qui est une façon très importante de faire progresser la société. Prenons les lois contre la violence à l'égard des femmes, mesure novatrice dans les parlements, puisqu'il s'agit de pénaliser la violence à l'égard des femmes et de faire en sorte de sensibiliser, au sein de la police et du ministère de la Justice, sur le fait que l'on ne peut plus laisser la violence conjugale sans suite pénale. C'est une nouveauté en Europe et a fortiori dans les autres Etats. Autres exemples : la lutte contre l'excision et le droit des femmes migrantes dans les pays riches.

Q: Les traditions peuvent-elles être un frein à l'émancipation des femmes?
A.-M. L. :
Dans certains cas elles sont à la base des difficultés et de la justification des différences entre hommes et femmes. Elles sont souvent un instrument de pouvoir pour justifier le fait d'affaiblir les femmes. Les différences culturelles doivent être regardées par les femmes de manière froide. Il faut qu'elles se disent qu'il n'y a plus aujourd'hui, au XXIème siècle, aucun homme qui ne sache pas que sa femme est son égale. Mais certains hommes font semblant de ne pas le savoir, évoquant le fait que Dieu a dit ceci ou cela ou que tel livre a affirmé ceci ou cela ou encore l'usage de telle pratique. Mais ils savent que nous sommes partout leurs égales. Tout cela n'est qu'une façon de retarder le moment où ils devront perdre un peu de leur pouvoir.

Q: Faut-il travailler plus étroitement avec les chefs coutumiers et religieux?
A.-M. L. :
Oui, il faut convaincre tout le monde, y compris les structures traditionnelles, les chefs religieux, les rois et les chefs coutumiers. Il faut les convaincre qu'il est important que les filles sortent de l'analphabétisme. Le rôle des structures religieuses est important car, en Europe il y a quatre siècles et dans une partie du monde aujourd'hui, les structures religieuses ont eu peur de perdre leur mainmise et leur capacité de donner des orientations, qui sont des éléments de foi révélée, donc incontestable à première vue. Il faut pouvoir les contester tout en respectant le choix de chacun. La religion est un choix personnel et ne doit pas être imposée.

Q: L'Occident a été à la traîne concernant l'ascension des femmes vers le pouvoir. Cela semble changer aujourd'hui avec l'arrivée de Mmes Ségolène Royal, Nancy Pelosi, Hilary Clinton, Angela Merkel et vous-même. Comment l'expliquez-vous?
A.-M. L. :
Je ne peux faire qu'une analyse personnelle, mais je crois qu'une société où la majorité des citoyens est plus âgée permet aux femmes qui ont de l'expérience d'exercer le pouvoir. Ce ne sont pas des jeunes femmes de 25 ans qui arrivent au pouvoir, mais des femmes qui ont un parcours, et Mme Pelosi en est un bel exemple. Ce sont des femmes qui savent prendre des décisions dans des situations délicates. Nous avons aujourd'hui des sociétés qui sont mûres pour que les femmes puissent jouer le premier rôle au niveau politique.

LA VIOLENCE CONTRE LES FEMMES

Le principal sujet examiné à la réunion des présidents de commissions parlementaires chargées des questions d'égalité des sexes a été la violence faite aux femmes. En écho à l'appel que le Président de l'UIP, M. Pier Ferdinando Casini, a lancé à tous les parlements, le 25 novembre dernier, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, les participants sont convenus d'intensifier leur action pour lutter contre ce fléau. Les stratégies de lutte contre la violence se doivent d'être globales et ne peuvent se limiter à des mesures d'incrimination, de prévention et d'assistance. Elles passent aussi par des initiatives destinées à modifier le cadre de vie des femmes, à revoir les questions de la prise en charge médicale, du logement, de la sécurité, du droit de la famille et à faire disparaître les préjugés véhiculés par les médias.

Des politiques efficaces de lutte contre les violences faites aux femmes exigent des données exactes. Les participants se sont donc fixé pour objectif d'établir des indicateurs communs aux plans mondial et régional. En outre, ils sont convenus que la réponse à la violence dirigée contre les femmes devait être plurisectorielle et faire fond sur les contributions de tous les intervenants. Il fallait un cadre juridique solide pour mettre fin à la violence et à l'impunité, assurer un financement suffisant des politiques et en superviser l'application. Enfin, les participants ont souligné le rôle de l'éducation et de la sensibilisation. La société doit en effet façonner les nouvelles générations de telle sorte qu'elles ne considèrent pas la violence et les inégalités entre hommes et femmes comme naturelles.

L'EXEMPLE DE L'URUGUAY

Mme Monica Xavier, Présidente du Comité de coordination des femmes parlementaires, a évoqué l'expérience de son pays, l'Uruguay. "L'écrivain portugais José Samarago, Prix Nobel de littérature en 1998, a dit que pour lui le symbole même de l'utopie était qu'un jour les hommes réaliseraient qu'il fallait mettre un terme à la violence faite aux femmes. La majorité des gouvernements étant dirigés par des hommes, je n'étais pas certaine qu'il y aurait des mouvements de protestation ou des manifestations contre la violence familiale et en particulier à l'égard des femmes. Aussi ai-je été très heureuse lorsque l'Uruguay a pris l'initiative d'élaborer une charte qui encourage tous les citoyens à changer de comportement. Le 27 novembre, il y a eu une manifestation qui, fait intéressant, a attiré un grand nombre d'hommes, à divers niveaux de responsabilités dans l'administration publique, à savoir des ministres, des sénateurs, des députés, ainsi que des hommes venus d'autres horizons. Leur présence a montré que les hommes pouvaient changer de regard sur la violence faite aux femmes. C'est là un début de volonté, mais il reste encore beaucoup à faire."

 

Des commissions parlementaires se penchent sur la manière de parvenir à l'égalité des sexes

M. Anders B. Johnsson, Mme Monica Xavier et Mme Anne-Marie Lizin ouvrent le séminaire. Que font les commissions parlementaires pour placer les questions d'égalité des sexes au coeur des priorités et défendre la condition des femmes ? A une époque où l'égalité des droits est encore loin d'être une réalité et où il demeure nécessaire de protéger les droits des femmes, que peuvent faire les commissions parlementaires pour faire évoluer la situation ? C'est pour répondre à ces questions que l'UIP a rassemblé pour la première fois 100 membres de commissions chargées des questions d'égalité des sexes (parmi lesquels des présidents de commissions) en provenance de 40 pays pour un séminaire de trois jours.

Dernièrement, l'UIP s'est focalisée sur les mécanismes parlementaires qui contribuent à la promotion des droits des femmes et de l'égalité des sexes. "Nous espérons que cette réunion de commissions parlementaires chargées des questions d'égalité des sexes marquera le début d'une série de réunions annuelles sur le sujet," a déclaré le Secrétaire général de l'UIP, M. Anders B. Johnsson, dans son allocution de bienvenue.

Ce séminaire a été l'occasion de débattre de questions liées au fonctionnement de ces organes parlementaires, de leurs mandats, de leur composition et de leurs méthodes de travail. Il n'y a pas de modèle unique. Les commissions varient d'un pays à l'autre, en fonction des pratiques et traditions des parlements.

Les participants ont examiné les attributions particulières des commissions chargées des questions d'égalité des sexes et sont convenus que l'une de leurs principales fonctions était le contrôle parlementaire. Ils se sont également penchés sur l'élaboration de budgets tenant compte des questions d'égalité entre hommes et femmes ainsi que sur le rôle de leurs commissions dans la supervision de la mise en oeuvre de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

Pour de plus amples renseignements, vous pouvez consulter notre base de donnée PARLINE sur les instances parlementaires de la condition de la femme et de l'égalité entre les sexes

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