Trente ans au service de la liberté d'expression
Les parlementaires qui s'opposent aux violations des libertés et qui militent en faveur des droits de l'homme dans leur pays s'exposent parfois à des risques considérables. C'est pour cette raison, notamment, que l'UIP a pris, en 1976, une mesure résolument novatrice, celle de mettre en place le seul mécanisme international dont le but exclusif est de prévenir, combattre et réparer les violations des droits des législateurs, à savoir, le Comité des droits de l'homme des parlementaires.
La création de cet organe vise à régler un paradoxe de la vie parlementaire qui se pose en ces termes : si, de par leur dimension publique, les parlementaires peuvent faire largement entendre leur voix dans le débat de la nation, ils se placent aussi, de ce fait, dans une position très vulnérable dans certains pays. La philosophie du Comité est simple : seul le respect des droits de l'homme des parlementaires peut permettre aux législateurs, à leur tour, de défendre efficacement les libertés de ceux qu'ils représentent.
Au cours de ses trente ans d'existence, le Comité a largement fait ses preuves quant il s'agit d'apporter une aide concrète et efficace aux parlementaires victimes de violations de leurs droits. Existe-t-il alors une meilleure manière de rendre hommage au travail du Comité que de reprendre le récit de deux victimes pour qui son intervention s'est révélée décisive ? Voilà ce qui s'est produit lors de la réunion-débat surle Comité des droits de l'homme des parlementaires qui s'est tenue à Genève lors de la 115ème Assemblée de l'UIP. L'un des orateurs invités à cette occasion était M. Alpha Condé, ancien candidat à la présidence de la Guinée, qui avait été arbitrairement arrêté en décembre 1998.
Immédiatement saisi de son cas, le Comité avait alors envoyé une délégation en Guinée, qui lui avait rendu visite en prison. Les observateurs de l'UIP avaient assisté à son procès en 2000 et rendu un rapport très critique. Selon M. A. Condé, qui a été libéré en mai 2001, s'il était libre, c'était "en grande partie grâce au travail du Comité".
M. Hipólito Solari Yrigoyen, ancien sénateur argentin, a quant à lui fait un récit poignant des persécutions – notamment des attentats, de l'enlèvement et de l'emprisonnement – dont il avait été victime, alors que la junte militaire était au pouvoir, pour avoir critiqué les violations de droits de l'homme en Argentine. Le Comité avait joué un rôle décisif dans la lutte contre ces violations. Une fois la démocratie rétablie en Argentine, M. Solari Yrigoyen est devenu membre, puis président du Comité, afin de faire pour autrui ce que l'UIP avait fait pour lui.
Le parcours de vie de M. Solari Yrigoyen met également en évidence l'importance de la solidarité parlementaire pour le travail du Comité. En effet, le succès du travail du Comité est largement tributaire de la suite donnée par les parlements aux résolutions de l'UIP sur les cas publics relatifs aux droits de l'homme. En effet, de nombreux parlements y donnent suite; néanmoins, il reste beaucoup à faire. Mme Ann Clwyd, chef de la majorité à Chambre des communes du Royaume-Uni et ex-membre et présidente du Comité, a clos la série de présentations de la réunion-débat en soulignant que les parlementaires avaient pu éviter à leurs collègues d'autres pays de languir en prison, et en ajoutant que, "puisque les parlementaires jouissaient de la liberté d'expression, ils devaient s'en servir pour défendre ceux qui en étaient privés".
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Hommage à Mme Josi Meier
C'est avec une profonde tristesse que l'UIP a appris le décès de Mme Josi Meier, membre éminent du Parlement suisse, en novembre dernier. Mme Meier fut la première femme à présider le Conseil des Etats. Elle fut également membre puis Présidente du Comité des droits de l'homme des parlementaires de l'UIP. Pendant dix ans, de 1988 à 1998, le Comité a pu bénéficier de la grande compétence de Mme Meier dans le domaine du droit et de la pratique parlementaire, de son sens de la justice et de son dévouement à la cause des droits de l'homme. Son tact politique et son subtil sens de l'humour lui ont permis d'apaiser les tensions qui, parfois, pouvaient surgir entre le Comité et ses interlocuteurs représentant les autorités nationales. Forte de ces qualités, Mme Meier a pu ainsi faciliter le règlement satisfaisant de bon nombre de cas. L'UIP tient à rendre hommage à l'engagement de Mme Meier, non seulement en matière de droits de l'homme, mais aussi dans le domaine de la promotion des femmes en politique. Son combat dans ce domaine a ouvert la voie et a été, là aussi, exemplaire.
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