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Les parlementaires et la protection des réfugiés
L'Union interparlementaire (UIP) et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) lancent un Guide à l'usage des parlementaires sur le droit international relatif aux réfugiés, dans le cadre du cinquantième anniversaire de la Convention des Nations Unies relative aux réfugiés.
 | | Guide sur le droit international relatif aux réfugiés |
"Ce guide a une grande importance parce que de nombreux parlementaires ne connaissent pas le droit des réfugiés et les difficultés auxquelles ces derniers doivent faire face, y compris la discrimination dans certains pays", estime la Présidente du Conseil de l'UIP, Mme Najma Heptulla.
Pour le Secrétaire général de l'UIP, M. Anders B. Johnsson, "l'Union interparlementaire se préoccupe de longue date du sort des réfugiés. Ses résolutions ont, avec persistance, incité les Etats à adhérer aux instruments relatifs aux réfugiés et à les mettre en oeuvre. En tant que législateurs, les parlementaires peuvent encourager l'adhésion à la Convention de 1951, à son Protocole de 1967 et à d'autres instruments internationaux et régionaux connexes qui n'ont pas encore été ratifiés. Ils peuvent aussi élaborer et adopter une législation nationale relative aux réfugiés, qui soit conforme au droit et aux normes internationales, et veiller à ce qu'elle soit appliquée".
"J'espère sincèrement que les parlementaires prendront la peine de consulter ce guide. Une grande confusion entoure la question des réfugiés et des autres types de migrants. On en voit l'expression dans les débats politiques très vifs et de plus en plus biaisés que l'on observe dans certains pays - et cela est dangereux pour les réfugiés comme pour les gouvernements. Nous avons besoin de clarté. Le droit d'asile, s'il est consacré par le droit interne et mis en œuvre rationnellement, vise à éliminer cette confusion. Alors nous pourrons protéger convenablement les réfugiés et trouver des solutions pour les autres types de migrants", explique le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Ruud Lubbers.
L'avis des parlementaires
Mme Beth Mugo,
Membre du Parlement du Kenya,
Présidente de la Commission pour les questions parlementaires, juridiques et les droits de l'homme de l'UIP
"Le rôle des parlementaires et la question des réfugiés"
Ce guide est très important car il y a tant de réfugiés dans le monde et, bien souvent, les parlementaires semblent penser que ce problème incombe au gouvernement et qu'eux-mêmes n'ont aucun rôle à jouer. En tant qu'élus du peuple, nous faisons les lois, nous les défendons et nous contrôlons l'action de l'Exécutif pour qu'elles soient mises en oeuvre. Il est donc primordial que les parlementaires sachent quel est le rôle qu'ils peuvent jouer en ce qui concerne le problème des réfugiés.
M. Jim McKiernan,
Membre du Sénat australien, Vice-Président de la Commission pour les questions parlementaires, juridiques et les droits de l'homme de l'UIP
"Faire en sorte qu'il n'y ait plus de réfugiés"
Il est très important que les parlementaires du monde entier comprennent comment le droit international humanitaire s'applique aux réfugiés, aux demandeurs d'asile, et il est tout aussi important de l'expliquer à ceux qui détournent à leur profit le système du droit d'asile, partout dans le monde. Il existe 23 millions de personnes que les Nations Unies considèrent comme étant des réfugiés. Les parlementaires du monde entier peuvent travailler et aider à résoudre cette crise et à faire en sorte qu'il n'y ait plus de réfugiés. Là où la situation ne peut être résolue, les parlementaires peuvent demander à leurs parlements et à leurs gouvernements de donner refuge à ceux qui en ont besoin.
M. Ricardo Vázquez,
Membre de la Chambre des Députés de l'Argentine
Vice-Président de la Commission pour les questions parlementaires, juridiques et les droits de l'homme de l'UIP
"Définir des paramètres moraux et politiques"
Je crois que ce guide établit en premier lieu l'engagement des parlementaires du monde entier et définit les paramètres moraux et politiques pour répondre à une question qui est vraiment affligeante pour l'humanité tout entière. Le chiffre de plus de 21 millions de réfugiés souligne l'ampleur des populations déplacées, des personnes qui ont perdu leur foyer, qui ont été forcées de quitter leur maison. La communauté internationale doit s'occuper de ce problème. Ce guide est une contribution très pratique et très utile, qui souligne cet engagement de manière palpable et tangible. Les parlementaires disposeront d'un instrument pour travailler à long terme avec des moyens concrets et des dénominateurs communs.
M. Ibrahim Spahic,
Membre du Parlement de la Bosnie-Herzégovine
"Un équilibre entre les lois"
Partout dans le monde il y a des millions de réfugiés. En Europe du Sud-Est, 1,3 million de personnes ont été déplacées dans la même région, dans le même pays. Il faut établir dans toutes les assemblées nationales de tous les pays des règles et des lois universellement acceptées. Il faut garantir les mêmes droits pour tous les citoyens de la planète. Pour notre région, il faut un équilibre entre les lois qui sont votées en Bosnie-Herzégovine, en Yougoslavie, en Croatie, en Macédoine, en Albanie, etc. Car s'il n'y a pas de règle du jeu entre les assemblées nationales, il n'y aura pas de sécurité. Aujourd'hui, nous avons un grave problème de réfugiés parce que le monde n'aime pas la misère qu'incarnent les réfugiés. La question n'est pas seulement : que pouvons-nous faire avec les lois, avec notre gouvernement, mais : y a-t-il vraiment un peu d'humanité dans le monde ?
Mme Sheila Finestone,
Membre du Sénat canadien
"Il vaut mieux essayer de régler le problème sur place"
Si on pouvait régler la haine et les situations déplorables à travers le monde, peut-être pourrait-on régler la situation des gens qui sont chassés de leur région, de leur patrie et dont le sort n'est pas à envier. C'est triste d'être réfugié, c'est dur d'être réfugié, de quitter les amis qui nous entourent et d'essayer d'établir une nouvelle vie dans un endroit dont on ne connaît ni la culture ni le climat. En tant que Canadienne, je sais qu'il est difficile de recommencer à zéro. En tant que parlementaire, il faut connaître la situation politique de la région en question. La demande d'asile est-elle justifiée ou s'agit-il d'une question économique ? Il y a une différence marquante entre un réfugié et quelqu'un qui veut venir pour recommencer sur le plan économique. Il y a des réfugiés qui viennent de parties du monde dans lesquelles il est impossible de vivre, mais on ne peut pas recevoir tout le monde. Il vaux mieux essayer de régler le problème sur place, là où la difficulté se présente pour que les réfugiés puissent rester chez eux.
M. Hossein Hashemi,
Membre du Parlement de la République islamique d'Iran
"Une question d'humanité"
La question des réfugiés est une affaire très importante que les gouvernements du monde entier doivent prendre en considération. Dans mon pays, nous avons plus de trois millions de réfugiés qui viennent d'Afghanistan et d'Iraq et nous faisons face à cette situation. Pour notre parlement il s'agit d'une priorité, pour tenter de trouver une solution, car nous ne pouvons pas garder indéfiniment trois ou quatre millions de réfugiés. Nous cherchons une solution qui permette à ceux qui le peuvent de retourner chez eux et à ceux qui ne peuvent pas le faire de rester. Mais nous voyons que, partout dans le monde, les réfugiés qui viennent de différents pays et qui vont en Occident : Australie, Canada, Etats-Unis, rencontrent des difficultés. Cela n'est pas juste. En tant que parlementaires, nous devrions trouver des solutions pour les réfugiés qui se trouvent dans ces pays. Ce sont des êtres humains. Nous devrions les traiter avec humanité et essayer de faire de notre mieux pour les aider.
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