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N°8
DECEMBRE 2002
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SOMMAIRE


white cube UIP et l'ONU:
white cube Editorial : Une dimension parlementaire pour l'Organisation des Nations Unies
white cube Egalité des sexes : Faut-il passer par les quotas pour qu'il y ait davantage de femmes au parlement ?
white cube Dossier: Décisions prises par le Conseil de l'UIP lors de sa 171ème session
white cube Nouvelles de l'UIPLa Maison des Parlements devient le nouveau Siège de l'UIP
white cube Evènement : L'ONU crée un timbre-poste dédié à l'UIP
white cube Evolution parlementaire

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Le Monde des Parlements
 Egalité des sexes

Faut-il passer par les quotas pour qu'il y ait davantage de femmes au parlement ?

La parité est l'une des priorités de l'Union interparlementaire, qui estime dans sa Déclaration universelle sur la démocratie (1997) qu'il ne saurait y avoir de démocratie sans un véritable partenariat entre hommes et femmes dans la conduite des affaires publiques. Les quotas sont-ils dès lors une pratique incontournable pour permettre aux femmes d'être élues au parlement ? Trois femmes répondent.

Mme Liliane Maury Pasquier
Présidente du Conseil National suisse (jusqu'au 26 novembre 2002)
" Les femmes peuvent changer fondamentalement le travail d'un parlement "

Q: Vous êtes l'une des rares femmes à avoir présidé une Chambre. Pourquoi est-il important que les femmes dirigent les parlements ?
Liliane Maury Pasquier:
Parce qu'elles peuvent faire valoir un autre point de vue, ne serait-ce que par leur manière d'agir. J'espère que cela constitue le début d'une représentation équitable de ce qu'est la société, qui est composée d'hommes et de femmes. Le jour où le sujet de la représentation des femmes dans les parlements ne sera plus un thème de débat car cela sera devenu quelque chose de naturel, j'en serai particulièrement heureuse.

Q: Cela fait-il une différence d'avoir des femmes en politique ?
L.M.P.
J'en suis convaincue, car, au-delà des opinions, ce que j'ai pu constater en tant que parlementaire, c'est que les femmes dans les parlements, comme dans la société en général, sont toujours respectueuses des personnes. Elles accordent plus d'importance aux rencontres, à la construction de solutions qui recueillent le plus de voix, elles travaillent pour avoir une majorité solide et efficace. Elles sont à l'écoute des autres et s'intéressent plus à l'efficacité qu'à la mise en valeur personnelle. Dans ce sens, elles peuvent changer fondamentalement le travail d'un parlement.

Faut-il passer par les quotas pour qu'il y ait plus de femmes au parlement ?
L.M.P.
Je crois que, malheureusement, il faut passer par les quotas, car il n'y a finalement que les Suédoises qui ont réussi à être aussi nombreuses que les Suédois au parlement. Je pense que sans action volontariste nous n'y parviendrons pas, ou peut-être dans quelques centaines d'années…Mais je suis un peu plus impatiente que cela !

Q : Vous avez pris la parole lors de la 171ème session du Conseil de l'Union interparlementaire. Quelle est selon vous l'importance de l'UIP ?
L.M.P.
L'UIP est importante parce qu'elle permet à des représentantes et représentants de quasiment tous les pays du monde de se retrouver, au niveau parlementaire. Elle est un moyen de créer des relations, des liens, des réseaux et de renforcer le rôle des parlements, notamment dans le processus de mondialisation, où les parlements doivent faire entendre la voix des peuples.

Q: Vous êtes intéressée par la diplomatie parlementaire et plus particulièrement par la situation au Moyen-Orient. Le Conseil de l'UIP souhaite d'ailleurs que l'UIP parraine une proposition présentée par le Groupe interparlementaire suisse et "Le Manifeste - Mouvement pour une paix juste et durable au Proche-Orient" pour organiser une réunion à Genève entre membres de la Knesset et du Conseil législatif palestinien. Pourquoi soutenez-vous ce dossier ?
L.M.P.
La situation au Moyen-Orient est particulièrement préoccupante. Loin de s'arranger, elle paraît au contraire devenir de plus en plus compliquée. Ce conflit semble insoluble et, dans un domaine comme celui-là, les parlementaires ne peuvent pas rester les bras croisés. En tant que élus, nous pouvons peut-être essayer une approche, une tentative de rencontre, de mise en contact, de dialogue dans le but d'aider à faire évoluer les esprits. En se rencontrant, les gens peuvent parvenir à mieux comprendre la réalité de l'autre. Si tel était le cas, nous aurions fait un pas dans la bonne direction. Bien sûr, le niveau parlementaire n'est pas le niveau gouvernemental, mais c'est une des composantes de l'opinion publique, elle peut contribuer à faire changer les choses.

S.M. le Roi Mohammed VI entouré des femmes élues au parlement marocain.
Photo MAP. S.M. le Roi Mohammed VI entouré des femmes élues au parlement marocain.
Maroc :
" Si les quotas ne sont pas démocratiques ils sont une route vers la démocratie "

Dans les pays arabes, si la politique est toujours fermement contrôlée par les hommes, les femmes ne représentant en moyenne que 4,6% des parlementaires, il existe des signes encourageants quant à la participation des femmes. Au Maroc, après l'arrivée de 35 élues parmi les 325 parlementaires marocains lors des élections du 27 septembre 2002, les femmes représentent désormais 10,8% des parlementaires au royaume chérifien, grâce à l'introduction d'un quota de 30 sièges qui leur étaient réservés.

Mme Amina Ouchelh est l'une des élues sur la liste nationale des femmes. Ce professeur d'arabe et de pédagogie, par ailleurs Première Secrétaire générale des femmes de l'USFP (principale formation politique de centre gauche) et Vice-Présidente au Conseil de la commune d'Agdal Ryad (Rabat), évoque les défis de ce résultat historique.

Q : Après ces élections, qu'est-ce qui va changer ?
Amina Ouchelh :
Les mentalités, j'espère ! Et les priorités aussi. L'arrivée de 35 femmes au parlement va permettre que des questions telles que l'alphabétisation, l'éducation, la famille, le statut de la femme et celui des enfants abandonnés, ainsi que la violence à l'encontre des femmes et des enfants ne soient plus considérés comme des thèmes secondaires mais qu'ils soient traités en priorité. Ces questions sont essentielles au développement social et économique de la société marocaine. Je ne veux pas dire que les femmes parlementaires doivent se spécialiser dans ces seuls domaines, nous sommes des militantes de partis politiques qui ont leurs projets sociaux. Il faut donc que nous nous intéressions à tous les domaines, mais la famille et la place de la femme dans la société doivent être abordés d'urgence. Les femmes ont une autre façon d'approcher les problèmes, elles s'intéressent aux détails, elles ont une grande capacité d'écoute et elles ont la patience de suivre un dossier dans les moindres détails et d'aller jusqu'au bout. Elles ont aussi une vision d'ensemble des problèmes qui est un atout majeur. Nous espérons également avoir des contacts et des échanges avec d'autres parlementaires de pays démocratiques, qui considèrent que la participation de la femme en politique est importante pour l'évolution de la société.

Q : Que pensez-vous des quotas ?
A.O. :
J'estime que les quotas ne sont pas démocratiques, mais pour parvenir à la démocratie, il faut passer par cette étape pour changer les mentalités. Le quota est un instrument pour pousser les partis et les gens à considérer enfin que la femme est l'égale de l'homme. Au lieu d'attendre des générations pour que les mentalités changent, nous forçons les mentalités à changer et le rôle des 35 femmes parlementaires élues est très important à ce stade. A elles, à nous de prouver que la femme marocaine peut être politicienne, comme elle a prouvé qu'elle peut être avocate et médecin, par exemple. Au Maroc, les gens sont prêts à mettre leur vie entre les mains de femmes médecins, parce qu'ils leur font confiance. Pareil pour ceux qui demandent à une avocate de défendre leurs intérêts ou de résoudre leurs problèmes. Aujourd'hui, le problème qui reste à résoudre est celui de la participation de la femme dans le domaine politique, et les quotas sont un instrument très important pour franchir cette étape. Si les quotas ne sont pas démocratiques, ils sont une route vers la démocratie. J'espère qu'ensuite nous n'en aurons plus besoin. Je compte sur un engagement de tous dans ce sens et j'y crois.

Q : Faut-il aider les femmes qui n'ont pas forcément une grande expérience politique, après cette première étape ?
A.O. :
Oui, il faut les aider, car certaines femmes n'ont jamais eu d'expérience parlementaire. Je pense qu'il ne devrait pas être difficile d'organiser des réunions ou des séminaires allant de ce sens. Je crois que la plupart d'entre elles s'intègreront facilement, car elles ont une expérience intéressante dans le domaine associatif, certaines étant conseillères communales. Nous devons maintenant assumer nos responsabilités et relever un défi intéressant, lourd certes, mais primordial. J'ai foi en notre engagement, car je sais que nous allons assumer cette responsabilité. Je tiens à souligner que ce résultat a été possible sous le règne de Sa Majesté Mohammed VI et grâce à la volonté du gouvernement d'alternance présidé par M. Abderahmane Youssoufi. Je ne sait pas si un tel résultat aurait été obtenu sous un autre gouvernement..

Djibouti:
Volonté politique de promouvoir la femme

A Djibouti, selon la loi adoptée par le parlement, les partis politiques devront faire figurer sur leurs listes de candidats une proportion de l'un et de l'autre sexe équivalent au moins à 10% des sièges à pourvoir. Une première, qualifiée par Mme Hawa Ahmed Youssouf, Ministre Déléguée auprès du Premier Ministre, Chargée de la Promotion de la femme, du Bien-être familial et des Affaires sociales à Djibouti, d'"étape décisive ".

Q : Quelle est l'importance de cette loi ?
H.A.Y.:
La décision d'accorder 10% de sièges aux femmes est une étape décisive, qui démontre une volonté politique. 1999 a été une année importante pour l'intégration de la femme au développement.

Q : Les partis politiques sont-ils prêts à mettre en œuvre cette mesure ?
H.A.Y.:
Cette loi oblige tous les partis politiques de prévoir des femmes sur les listes qu'ils présentent aux élections du mois de décembre, afin de donner aux femmes 10% de sièges à l'Assemblée nationale. Nous leur avons demandé de se conformer à cette loi et de donner une place importante aux femmes sur leurs listes, car elles représentent 52% de la population. Auparavant, les femmes étaient pratiquement exclues du processus de prise de décisions.

Q : Pourquoi l'arrivée des femmes en politique est-elle importante à Djibouti ?
Hawa Ahmed Youssouf:
Parce que les femmes peuvent faire évoluer les mentalités. Depuis 1999, le gouvernement a fait des efforts considérables pour assurer la promotion de la femme. Les élues pourront démontrer qu'elles sont aussi responsables que les hommes et contribuer au développement du pays. Les hommes reconnaissent que les femmes nommées à des postes de responsabilité donnent toujours le meilleur d'elles-mêmes, que leur travail est sérieux et leur disponibilité assurée. Les femmes pourront non seulement contribuer à l'amélioration des conditions de vie des autres femmes, mais également au développement du pays, en proposant des projets de loi.

Q : Les femmes sont-elles prêtes à assumer cette responsabilité ?
H.A.Y.:
Elles sont prêtes et elles ont de bons arguments pour assumer cette responsabilité. Elles ont combattu pour leurs droits depuis l'indépendance, mais aussi pour l'indépendance ! La responsable de la Cour suprême de Djibouti est une femme, il y a aussi chez nous des femmes conseillères techniques, directrices et cheffes d'établissements publics.

Q : L'Union Interparlementaire peut-elle vous aider ?
H.A.Y.:
Nous attendons en effet un soutien de l'UIP. Il y a une année, une représentante de l'UIP est venue à Djibouti - (n.d.l.r. l'ex-Sous-Secrétaire générale, Mlle Christine Pintat) pour voir comment les femmes se sont mobilisées pour assumer des responsabilités et pour être prêtes à participer aux élections législatives et être élues. Elle a constaté que le Président de l'Assemblée nationale était disposé à collaborer à ce projet relatif à l'entrée des femmes à la vie politique, projet que nous avons mené ensemble. Nous attendons donc un appui de l'UIP non seulement pour aider les femmes à se mobiliser, mais aussi pour les instruire à mener une campagne, et, une fois élues, à les former et à expliquer, aux femmes et aux hommes d'ailleurs, quelles sont les tâches des parlementaires. Nous ne ferons pas de discrimination. Une fois élus, nous devrons former tous les parlementaires, avec l'aide de l'UIP

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