La Maison des Parlements devient le nouveau Siège de l'UIP

La Maison des Parlements, le nouveau Siège de l'Union interparlementaire, sera inaugurée officiellement en 2003. Photo Bureau d'architectes Brauen & Wälchli

. Le 2 décembre 2002, l'Union interparlementaire a officiellement pris possession de son nouveau Siège, La Maison des Parlements, sise au chemin du Pommier à Genève, et qui sera officiellement inaugurée en 2003. Avant d'occuper ce qui fut la Villa Gardiol, les membres du Secrétariat de l'UIP, les représentants de la FIPOI, les architectes et les ouvriers s'étaient rassemblés en mars 2002, pour le bouquet du chantier, tradition oblige.

La tradition du bouquet

" Pour le chantier, le bouquet représente la fin du gros œuvre, la partie la plus solide, la plus indestructible, l'ossature de la construction. En fait, c'est la fête des travailleurs qui ont œuvré pour ce chantier ", a expliqué M. Vanuxem de la maison Induni.

Convergences d'intérêts

" Il est important pour Genève d'avoir une Maison des parlements car l'UIP est une organisation qui a un impact sur la Genève internationale. Elle représente bien Genève, ville de dialogue et de paix. Cette Maison des Parlements a à la fois un pied dans le passé et dans l'avenir. Il est judicieux que ce projet se fasse avec une maison existante, justement pour montrer ses racines dans le temps. Elle montre que l'UIP est ouverte vers l'avenir et qu'elle veut s'investir et se mettre en valeur pour pouvoir faire son travail correctement. La Maison des Parlements représente une convergence d'intérêts nobles dans le sens où il y a cette maison ancienne à laquelle un espace contemporain a été ajouté. Il y avait un intérêt du canton de Genève à valoriser une maison patricienne de qualité et la volonté d'installer une organisation qui était en mutation, projetée dans le futur avec un bâtiment à la fois ancien et moderne", a déclaré M. Pierre Gilliot, représentant de la Fondation des immeubles pour les organisations internationales (FIPOI).

Un défi pour les architectes

" En tant que concepteur, j'ai plutôt travaillé dans les bureaux. J'ai découvert l'œuvre d'un œil extérieur, je n'ai pas suivi le chantier à la même fréquence que ma collègue Doris Waelchli, mais je suis très ému de voir ce chantier où le gros œuvre est fini. C'est le stade le plus beau car on perçoit les volumes, même s'il n'y a pas encore toutes les finitions ", a noté l'architecte Ueli Brauen, membre du Bureau Brauen & Waelchli, vainqueurs du concours d'architecte.

Pour sa collègue Doris Waelchli " rénover une maison de maître n'est pas ce qu'il y a de plus difficile, car on peut remonter dans l'histoire, voir avec les spécialistes, retrouver les traces de l'état initial - car il y a eu des modifications - et retrouver plus ou moins une fonction qui lui corresponde. Ce qui est plus difficile, c'est d'intervenir, d'ajouter quelque chose qui soit en harmonie comme c'est le cas ici, trouver une nouvelle unité qui se marie bien avec l'ancienne. Je pense qu'il faut respecter l'âme de la maison initiale, il faut essayer de garder cette âme jusqu'à la fin du chantier et je crois qu'avec notre projet, nous avons assez bien réussi à le faire, car tout ce qui est neuf met encore plus en valeur la maison initiale ".

L'œil du photographe

"Cette maison a représenté presque un regret, celui de ne pas avoir pu entrer tout au début, alors qu'il y avait encore les squatters, qui faisaient partie de la jeunesse de cette villa. Ils y ont laissé des traces visibles, une certaine âme. Non pas que je veuille faire l'apologie des squatters, mais c'est toujours quelque chose qui nous apostrophe, qui nous intéresse, qui nous intrigue. Les différentes phases du défilé des corps de métier m'a également intéressé : les ferblantiers, poseurs de tuiles et maçons étaient très différents mais tous avaient à cœur de faire leur travail comme ils l'avaient appris, en véritables artisans. C'était comme un retour en arrière pour se retrouver au siècle précédent. Venir sur ce chantier a été une façon de me ressourcer. Un photographe n'est pas forcément le bienvenu sur un chantier. Ici, j'étais presque tout seul. Le Jura est tout proche, à certaines époques, on voyait défiler des troupeaux de moutons, juste en contrebas, sur la prairie qui n'existe plus maintenant puisqu'il y a d'autres bâtiments qui s'élèvent à cette place. Ici, j'ai été ouvert à toutes les sensations, les lumières et contre-lumières. J'ai eu une grande liberté. Je suis monté sur les échafaudages, je me suis approché, d'abord discrètement, puis je me suis impliqué de plus en plus avec mon appareil. Mon approche était celle du reportage. Je n'avais qu'une idée : comprendre ce qui se passait et ensuite tenter de l'exprimer à travers l'image ", nous a confié le célèbre photographe suisse Jean Mohr.

Bref historique

" La Villa Gardiol fut construite en 1908 par Marc Camoletti et est, semble-t-il, la dernière œuvre de cet architecte à qui l'on doit, notamment à Genève, la poste du Mont-Blanc et le Victoria Hall. A ce très beau bâtiment qui a subi un lifting mesuré et respectueux de son histoire et des matériaux, est venu s'ajouter un ouvrage complémentaire de facture très contemporaine - sous forme d'un socle qui, dans son prolongement, abritera des salles de réunion - afin de mettre en valeur et de conserver l'identité de la Villa Gardiol. En mentionnant ces différentes époques et certains aspects architecturaux, je ne peux m'empêcher de faire le lien avec l'Union interparlementaire, sa création, sa pérennité, son évolution et enfin la réforme actuelle qui n'altérera en rien les fondements qui ont trait à la création de l'UIP. Cette future Maison des Parlements donne déjà une nouvelle dynamique bienvenue et propice à la concertation, à la mise en œuvre des principes de la réforme, aux changements et à une ouverture plus grande encore ", a estimé Micheline Rutsch, membre du Secrétariat de l'UIP, qui a participé à la coordination des travaux.

Le chantier

" L'équipe de maçons était composée de 22 personnes, arrivées à la mi-septembre 2001. D'autres corps de métiers ont suivi. Nous avons été le moteur et les autres ont suivi. La majorité des travailleurs étaient portugais. Le Portugal a beaucoup participé au chantier ", selon M. Antonio Soares, le contremaître.

Soutien suisse

Mis en œuvre par le bureau d'architectes Brauen & Waelchli à Lausanne, lauréat du concours d'architectes organisé par l'UIP et la FIPOI, le projet de rénovation et d'agrandissement de la villa Gardiol - grâce à la construction d'une annexe - a été financé par un prêt de 9,5 millions de francs, octroyé par le Conseil fédéral suisse, en décembre 2000, décision approuvée par le Parlement suisse en 2001. La Maison des Parlements est constituée de salons d'accueil et de réception, d'une salle de conférences, d'une cafétéria et de deux bibliothèques, ainsi que d'une cinquantaine de bureaux. Le prêt est libre d'intérêts et remboursable en 50 ans. Le terrain a été est mis à disposition par le canton de Genève. Les travaux avaient débuté au printemps 2001. Dans un communiqué de presse du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE), le Conseil fédéral avait affirmé vouloir soutenir par ce geste, " d'une part, une organisation internationale à laquelle les parlementaires suisses sont attachés et, d'autre part, Genève en tant que centre de la coopération internationale".

Ils ont dit :

M. Sergio Páez, Président du Conseil de l'UIP :
" L'UIP a une certaine visibilité, mais elle doit être en mesure de la projeter davantage sur le scène politique internationale "

Sitôt après son élection à la Présidence du Conseil de l'UIP, en septembre 2002, le sénateur chilien Sergio Páez, a visité le nouveau Siège de l'UIP. Il a déclaré que " la Maison des Parlements est importante car elle va accueillir tous les parlements du monde. Ce nouvel espace nous permettra d'organiser des réunions de grande envergure. L'UIP a une certaine visibilité, mais elle doit être en mesure de la projeter davantage sur la scène politique internationale. Tous les parlements associés à l'UIP doivent s'y engager afin d'aider à mieux faire connaître le rôle incontournable que peut jouer l'organisation mondiale des parlements. Il est primordial que les parlementaires qui viennent à Genève sachent qu'il existe une Maison des Parlements qu'ils peuvent visiter, et où ils peuvent consulter des archives uniques sur tout ce qui touche à la vie parlementaire ".

M. Anders B. Johnsson, Secrétaire général de l'UIP :
" Une deuxième vie pour la Villa Gardiol et pour l'UIP "

La Maison des Parlements est, d'une certaine manière, une deuxième vie non seulement pour la Villa Gardiol mais aussi pour l'Union interparlementaire. " Pendant ses cent treize premières années d'existence, l'UIP a été une organisation nomade puisqu'elle n'a jamais eu son propre siège, c'est donc la première fois qu'elle s'implante véritablement dans une ville. Cela constitue une nouvelle étape pour l'organisation mondiale des parlements qui apportera beaucoup de fruits. Cela lui donnera une visibilité ici, au cœur de la Genève internationale. Nous aurons enfin la possibilité d'organiser des réunions chez nous, ce qui est très important. Le projet lui-même reflète ce trajet de l'UIP puisque nous nous installons dans un bâtiment qui est presque aussi vieux que l'organisation. Nous y avons ajouté une annexe moderne qui représente l'avenir de notre organisation ", explique le Secrétaire général de l'UIP, Anders B. Johnsson.