VISITE DU PRESIDENT DE L'UIP A LA KNESSET ET AU CLP
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Du 11 au 14 juillet 2005, le Président de l'UIP, Sergio Páez, a effectué une visite officielle en Israël. Il s'est également rendu à Ramallah, où sa délégation a été reçue au niveau le plus élevé par les autorités palestiniennes. La visite s'est déroulée dans une atmosphère de regain de tension, tant en Israël - en raison de la décision du Premier Ministre, Ariel Sharon, de se désengager de Gaza -, que dans les Territoires palestiniens, où le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s'employait à éviter une confrontation directe entre son parti, le Fatah, et des groupes armés, dont le Hamas, dans la période précédant les futures élections législatives de janvier 2006.
Le Président de l'UIP a été accueilli au parlement par le Président de la Knesset, M. Reuven Rivlin. Le sénateur Páez a aussi rencontré les membres du Groupe israélien de l'UIP, ainsi que divers responsables politiques. A la fin de la rencontre, le Président Rivlin a confié au Monde des Parlements son point de vue quant à la probabilité d'une reprise du dialogue avec les Palestiniens.
"Nous sommes pleins d'espoir, mais nous ne nous berçons pas d'illusions"
Q.: M. le Président de la Knesset, que peut faire l'UIP pour consolider le dialogue entre les membres de la Knesset et le Conseil législatif palestinien (CLP)?
Reuven Rivlin :
Il faut qu'un dialogue direct s'établisse entre eux et nous. Je ne suis pas certain qu'une intervention internationale soit utile, car c'est à nous et aux Palestiniens de le décider. A chaque fois que des groupes internationaux s'en mêlent, les Palestiniens ont l'impression qu'ils peuvent faire pression sur Israël, ce qui n'est jamais très positif pour les négociations. Vous ne pouvez pas faire davantage pression sur Israël. Israël est prête à faire la paix, tant à gauche qu'à droite, mais l'autre côté a hélas! l'impression qu'il va arriver, avec sa stratégie de la terreur, à faire plier Israël. L'Union européenne, les Nations Unies et l'UIP essaient de nous convaincre de nous asseoir avec les Palestiniens. Or, nous les côtoyons. Nous vivons dans les mêmes villes qu'eux et nous pouvons les rencontrer. Les Israéliens se félicitent de tout effort destiné à ramener la paix, mais en principe je crains que cette initiative ne serve pas à grand-chose; toutefois, si elle s'avérait utile, nous serions prêts à y participer.
Q.: Pensez-vous que le moment du dialogue est
arrivé?
R.R. :
Au cours des cent dernières années, nous avons pensé tous les matins que la paix serait là le lendemain. Et il y a eu Oslo. Maintenant, nous sommes pleins d'espoir, mais nous ne nous berçons pas d'illusions. Les Israéliens ne croient pas aux illusions. Nous avions une illusion, l'illusion de la paix. Une paix immédiate. Malheureusement, nous constatons qu'il faudra du temps. Entamer des négociations sans illusions donne davantage de résultats que de le faire la tête pleine de rêves. Je suis convaincu que nous devons vivre ensemble. C'est notre destinée. A moins d'un kilomètre d'ici, mes voisins sont des Arabes. A moins d'un kilomètre d'ici, mes voisins sont des Palestiniens; à moins de cent kilomètres de là, ce sont des Jordaniens et à moins de deux cents kilomètres d'ici, ce sont des Egyptiens. Nous vivons déjà ensemble. Nous sommes condamnés à vivre ensemble, mais ils doivent accepter Israël. Ils doivent savoir que nous ne cherchons pas la paix pour aujourd'hui, mais la paix pour toujours.
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"L'UIP peut être l'un des bons arbitres"
Le Président de l'UIP a également été reçu par le chef de l'Opposition, M. Tomy Lapid, leader du parti Shinui. Pour M. Lapid, "il y a maintenant une lueur d'espoir qui peut nous guider sur la voie du succès et de la paix" entre Israéliens et Palestiniens. Il a déclaré que les deux leaders, Ariel Sharon et Mahmoud Abbas, "prennent actuellement de très gros risques politiques par rapport aux extrémistes de leur propre camp, dans le but de préserver le dialogue. Nous ne pouvons qu'espérer que les bons sauront s'imposer à ceux qui essaient de perturber et saboter le processus". Le parti Shinui et le parti travailliste, tous les deux membres de l'opposition, appuient le retrait de Gaza et autres mesures sur la voie de la paix "car, explique M. Lapid, mon parti est modéré, centriste et nous voulons la paix". Quand on lui demande s'il existeune nouvelle volonté politique en faveur de la paix, il répond: "les Palestiniens sont fatigués de leur intifada et ils comprennent qu'elle ne les mènera nulle part". Quant aux Israéliens, "ils ne veulent plus que le sang soit versé. Psychologiquement, le moment est venu de trouver une solution. Lorsque dans un match, les deux boxeurs sont pratiquement à bout de souffle, vous pouvez envisager une certaine paix". En réponse à la remarque selon laquelle dans un match de boxe, il y a un arbitre, il ajoute: "L'UIP peut être l'un des bons arbitres" entre Israéliens et Palestiniens.
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"En Abou Mazen, nous allons très certainement trouver un partenaire"
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Le Président de l'UIP s'est, en outre, entretenu avec le Ministre de l'intérieur israélien, M. Ophir Pines, qui a également assisté à plusieurs conférences de l'UIP dans le
passé.
Le Ministre avait de bons espoirs à propos du dialogue entre Israéliens et Palestiniens. "Je crois que l'on progresse et que le dialogue est bien meilleur qu'il ne l'était dans le passé. En Abou Mazen, nous allons très certainement trouver un partenaire pour les négociations et pour la paix. On a constaté de grands changements depuis le décès de M. Arafat. Il était impossible de négocier avec lui. Des progrès ont été faits, moindres que ce que nous espérions, mais la situation est bien meilleure qu'avant". Le Ministre de l'intérieur israélien a confirmé qu'il était toujours très en faveur du rôle de facilitateur que l'UIP pourrait jouer entre les membres de la Knesset et le CLP. "L'UIP me manque et j'aimerais y être à nouveau. C'est une organisation formidable car elle a la possibilité de débattre librement de tout, sans formalités. Lorsque vous appartenez à un gouvernement en tant que ministre, vous êtes obligé d'être très formel. Vous ne pouvez pas faire et dire ce que vous voulez. Lorsque vous êtes membre d'un parlement, il est beaucoup plus facile de nouer des relations nouvelles. C'est pour cette raison que l'UIP me manque et j'aimerais pouvoir à nouveau prendre part à ses travaux. Je suis sûr que nous trouverons une occasion". A-t-il encore des contacts avec ses collègues palestiniens ? "Oui, bien sûr, avec ceux qui étaient à l'UIP. Je les rencontre ici et je garde le contact avec eux. Certains font de la bonne politique. La vie politique est très cruelle et dangereuse, mais nous survivons".
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"Aujourd'hui, nous sommes prêts pour le dialogue"
INTERVIEW AVEC RAWHI FATTOUH, PRESIDENT DU CLP

M. Sergio Páez et M. Rawih Fattouh
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Q : Que pensez-vous du dialogue que l'UIP tente de promouvoirv entre les parlementaires de la Knesset et du Conseil législatif Palestinien (PLC) ?
Rawhi Fattouh :
Je salue ce dialogue, étant de ceux qui soutiennent ce dialogue. De par le passé, il y a eu plusieurs tentatives qui ont malheureusement échoué. Mais aujourd'hui nous sommes prêts. Il suffit de se mettre d'accord pour un mécanisme, à savoir la date et le lieu.
Q : Si nous vous invitons, avec les membres du Conseil Législatif, vous seriez donc prêts à venir ?
R.F. :
Oui, nous sommes absolument prêts à organiser une telle rencontre.
Q : Etes-vous vous même en contact avec vos collègues parlementaires israéliens ?
R.F. :
Avec les députés arabes. Mais je n'ai aucun problème à rencontrer qui que ce soit de mes collègues, pour autant qu'ils soient prêts à me rencontrer. J'encourage le dialogue parmi les parlementaires, quels que soient leurs factions et leurs horizons politiques. Je n'ai aucune contrainte ou problème pour cela.
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"L'UIP doit imposer le respect du droit international"
ARamallah, le Président de l'UIP a rencontré M. Ahmad Qurei, Premier Ministre palestinien et ancien Président du Conseil législatif palestinien. Pour M. Qurei, "l'UIP, qui est une organisation parlementaire internationale de grande importance, doit imposer le respect du droit international". L'organisation mondiale des parlements a "la possibilité de jouer un rôle décisif entre les parlementaires palestiniens et israéliens, en toute transparence, et ce afin de jeter les fondements de la paix". Interrogé sur ses éventuels contacts avec les Israéliens, le Premier Ministre palestinien, qui est toujours membre du CLP, a répondu qu'il en avait avec certains d'entre eux.
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