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N°2, JUILLET 2001
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SOMMAIRE

white cube Editorial : L'UIP s'engage au Moyen-Orient et dans le domaine du commerce international
white cube L'invité : M. M. Traoré, Président de l'Assemblée nationale du Burkina Faso
white cube Opinion: M. M. Moore, Directeur général de l'Organisation mondiale du commerce
white cube Evènement: Le Directeur général de l'OMC dialogue avec les parlementaires durant la réunion de l'UIP
white cube Moyen-Orient: Une mission de l'UIP a rencontré les autorités israéliennes et palestiniennes
white cube Activités: Le Comité des droits de l'homme des parlementaires
white cube Egalité des sexes: Les principaux résultats de la Conférence de la Havane dans le domaine de l'égalité des sexes
white cube Siège : Renovation of the Villa Gardiol
white cube Une page d'histoire: William Randal Cremer
white cube Evolution parlementaire

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Le Monde des Parlements
 L'invité :

M. M. Traoré, President of the National Assembly M. Mélégué Traoré
Président de l'Assemblée nationale du Burkina Faso

Les Parlements doivent intervenir davantage dans la politique étrangère des Etats

Q : La politique se fait-elle encore au Parlement ?
M.T:
La politique n'a jamais quitté le Parlement. Le lieu d'expression de la politique est le Parlement. Par rapport à la mondialisation, les circuits financiers et la complexité des échanges peuvent donner le sentiment que non seulement les parlements mais également les gouvernements sont occultés. Dans le monde, les grands courants et les structures politiques qui gèrent les Etats semblent complètement dépassés. A mon, avis, ce n'est qu'une illusion, car en fin de compte, les décisions qui doivent être prises le sont. Par les gouvernements. Et ceux-ci ne peuvent les prendre, en dernier ressort, sans l'assentiment des assemblées parlementaires. Il n'y donc pas de contradiction entre le mouvement de mondialisation et le rôle des parlements. Il y a probablement une transformation des fonctions, missions, approches et des activités des parlements.

Q : Comment faire connaître l'activité des parlements sur la scène internationale ?
M.T:
Il faudrait, pour commencer, réaffirmer le rôle des parlements au niveau étatique national, avant que le rôle des parlements ne soit mieux connu sur le plan extérieur. Cela est aussi important pour les vieilles nations, où l'activité parlementaire est bien établie - trop bien peut-être puisqu'elle finit par être banalisée - que pour les nouveaux Etats et les nouvelles démocraties en Afrique, où le Parlement s'affirme comme étant une institution centrale. Il y a quelques années et à cause du parti unique, le parlement, lorsqu'il existait, était une sorte d'appendice du pouvoir exécutif. A la fin des années 60 et jusque dans le milieux des années 90, dans des situations d'état d'exception ou de coups d'Etat militaires, le parlement n'existait tout simplement pas. Ou s'il existait, c'était de manière tellement discontinue que cela lui enlevait toute mémoire. Et sans mémoire institutionnelle, le parlement n'est pas grand chose. Depuis le renouveau démocratique en Afrique, les parlements sont devenu le lieu d'expression majeur des populations. Comment les faire mieux connaître à l'extérieur ? Je pense que les Parlements doivent intervenir davantage dans la politique étrangère des Etats. Traditionnellement, la fonction du parlement en matière de politique étrangère consiste à voter les crédits du ministère des Affaires étrangères, à autoriser la ratification des accords internationaux. Le rôle du Parlement en politique étrangère consiste à contrôler a posteriori. Il faut donc que le Parlement élargisse ce rôle de telle sorte qu'il intervienne a priori. On le voit dans le cadre de la politique d'ingérence humanitaire, où les populations donnent leur avis ou leur aval, et cela ne peut passer que par le Parlement. Les Parlements doivent aussi être le lieux où se prennent des initiatives.

Il est indéniable que les rapports difficiles existant entre certains Etats africains ont pu devenir beaucoup plus harmonieux grâce aux parlements, car le parlement a l'énorme avantage d'avoir des procédures plus souples que celles du gouvernement. Le parlement abrite l'opposition et la majorité. Lorsqu'une délégation du Parlement burkinabé se rend à l'étranger, elle est toujours composée de parlementaires de la majorité et de l'opposition, radicale ou modérée, de telle sorte que lorsque nous nous exprimons c'est le Burkina qui s'exprime par consensus. Ce n'est pas pareil pour ce qui concerne le gouvernement. Le Parlement devient le lieu d'initiatives diplomatiques et c'est là que la diplomatie parlementaire doit pouvoir se déployer. En Afrique de l'Ouest, en Afrique australe ou en Amérique centrale et latine, le rôle du parlement est aujourd'hui plus important. Les relations interafricaines en Afrique de l'Ouest seraient infiniment plus difficiles sans l'activité interparlementaire très intense sur le plan bilatéral ou multilatéral. Et c'est là que l'Union interparlementaire doit jouer un nouveau rôle.

Q: Les parlements peuvent être une sorte de lien, de messager entre les "décideurs politiques" et les citoyens ?
M.T:
Oui. Le parlementaire est un lien, un mécanisme institutionnel entre la population et le gouvernement et il prétend généralement agir au nom de la population. Et les parlements doivent continuer à jouer ce rôle. Le plus petit village du Burkina Faso, du Mali ou du Sénégal est rattaché au pouvoir central grâce aux députés. Dans les pays où l'administration est très faible et où le gouvernement n'a pas les moyens de toucher l'ensemble des 8000 villages comme au Burkina Faso, seul le parlementaire se trouve être le lien entre le pouvoir central et n'importe quel hameau ou village reculé. C'est d'autant plus important que chez nous les parlementaires sont souvent élus en fonction de leur région d'origine et non de l'endroit où ils vivent. Ce rôle est essentiel et on le voit notamment avec les projets de développement. Les gouvernements interviennent dans les régions les plus reculées d'Afrique, parce que les besoins ont été exprimés par les parlementaires. Le parlement et le parlementaire ont une fonction de médiateur entre le citoyen, les groupes de citoyens et le mouvement associatif et le gouvernement. Les décideurs, ce sont le parlement et les parlementaires et il faut aller au delà de la médiation, il faut que les parlements soient aussi le lieu ou se prennent des initiatives : certaines questions, telles que le SIDA peuvent être des enjeux internationaux grâce au parlement. Des épidémies sévissent régulièrement en Afrique, en Amérique latine, en Asie et au Moyen-Orient et ces questions doivent être soulevées par les parlements. Cela est également vrai pour les pays développés. En Europe, le débat portant sur la santé publique, la qualité de l'alimentation, la "malbouffe", ne seraient jamais nés de l'action d'un gouvernement. Ces débats ne peuvent naître que sous l'impulsion du mouvement associatif et de la structure qui représente les citoyens, c'est-à-dire le parlement.

Q : L'Union interparlementaire tente justement de donner une dimension parlementaire à la coopération internationale, à l'ONU et à l'OMC. Comment peut-elle le faire concrètement ?
M.T:
Si on exige la démocratie à l'intérieur d'un Etat, si on estime que le citoyen britannique s'exprime à travers la Chambre des Communes et que la politique menée par le gouvernement de M. Blair doit être contrôlée par le parlement, il faut qu'on l'accepte aussi au niveau international. Les structures interétatiques au niveau sous régional, par exemple, en Afrique de l'Ouest, Afrique centrale, Afrique australe, Afrique de l'Est, Afrique du Nord et au niveau régional, c'est-à-dire sur le continent, ou en Amérique latine, en Asie, au Moyen-Orient, en Europe et même en Amérique du Nord, la création d'organismes sous-régionaux et régionaux doit s'accompagner d'une dynamique des parlements dans ce domaine. A ce niveau, il faut que les structures internationales aient une dimension parlementaire. Et évidemment au niveau mondial, pour ce qui est de l'ONU, par exemple. C'est là que l'Union interparlementaire intervient. L'UIP doit se donner plus d'ambition. Naturellement, pour que l'UIP puisse jouer son rôle, pour qu'elle puisse devenir un jour le bras parlementaire de l'ONU, par exemple, il faut qu'elle apporte quelque chose de nouveau, car si nous devons répéter ce que font les gouvernements, ce n'est pas la peine. Il faut apporter quelque chose de nouveau dans le choix des thèmes à traiter, des enjeux et de l'approche. Et pour ce faire, l'Union doit transformer ses structures. Il est clair qu'on ne peut plus définir l'Union interparlementaire comme relevant du mouvement associatif. Le processus s'est accéléré depuis la Conférence des Présidents des Parlements qui a eu lieu à l'ONU à New York en août dernier.

Q : La 106ème Conférence interparlementaire aura lieu dans votre pays, quel sera le point fort de cette conférence ?
M.T:
Nous devons faire la démonstration que le parlementarisme et la démocratie parlementaire existent en Afrique. Le Burkina Faso va se placer dans la continuité de ce que nous avions déjà fait au Caire en 1997 et à Windhoek en 1998 : montrer que la démocratie parlementaire fonctionne en Afrique. Nous souhaitons démontrer qu'un événement de cette taille qui se déroule en Afrique ne doit pas ressembler à ce qu'il y a ailleurs du point de vue de l'accueil. Je ne veux pas dire que les autres continents ne sont pas accueillants. Chaque peuple a son génie. Nous allons essayer de mettre à l'aise ceux qui viendront assister à la Conférence et on peut le faire avec peu. Tout dépend de comment ce peu est géré. Nous avons voulu aborder deux questions à Ouagadougou. Tout d'abord au niveau des femmes parlementaires. La Réunion des femmes parlementaires est une chance pour nous, parce que le Burkina est probablement l'un des pays d'Afrique où le mouvement associatif féminin est le plus puissant. L'essentiel du développement du Burkina Faso s'est fait à travers les groupements de femmes dans les villages. Nous souhaitons que le débat qui va s'instaurer au sein de la Réunion des femmes parlementaires le 9 septembre soit un débat qui implique le mouvement associatif féminin burkinabé, afin que les femmes parlementaires soient le lien avec une réalité qui puisse servir d'exemple et qui permette un débat approfondi sur les problèmes qui préoccupent les femmes aujourd'hui : les Américaines, Françaises, Allemandes. Non seulement les problèmes des femmes africaines qui vivent dans les grandes villes, les intellectuelles, mais aussi les problèmes des femmes vivant dans les villages. Nous souhaitons également aborder la question importante du SIDA et les conséquences des endémies et les épidémies. Le SIDA, ce n'est pas seulement le nombre de personnes qui meurent, c'est aussi l'impact qu'il a sur les nations africaines. Des études montrent qu'un certain nombre de pays africains sont menacés à terme de disparition à cause du SIDA. Certaines nations sont affectées au point que leur population décroît progressivement. Nous voulons qu'il y ait un vrai débat sur cette question.

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