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L'UIP et la coopération avec l'ONU |
INTERVIEW DE M. JAN ELIASSON
" Notre tâche est de traiter les problèmes réels sur le terrain
et d'apporter un plus aux peuples du monde entier "
Quelques semaines avant de devenir Ministre des Affaires étrangères de la Suède, M. Jan Eliasson, Président de la 60ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies, a expliqué, dans un entretien accordé au Monde des Parlements et au E-Bulletin de l'UIP, ses positions sur différents sujets, et notamment la coopération entre les Nations Unies et l'UIP
Question : Vous avez consacré beaucoup d'efforts à la mise en application des décisions du Sommet mondial. Quelles sont les réalisations qui, à vos yeux, sont les plus importantes et pourquoi ?
M. Jan Eliasson :
En décembre dernier, l'Assemblée générale des Nations Unies a décidé de créer le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF), qui permettra une réponse plus structurée et plus rapide en cas d'urgences humanitaires. Plus de 250 millions de dollars E.-U. de contributions ont déjà été annoncés pour ce fonds, lancé le 9 mars. Autre décision importante prise en décembre dernier : la création de la Commission de consolidation de la paix. Avec ce mécanisme, l'ONU sera mieux armée pour aider les pays sortant d'un conflit à conduire leur transition vers la paix. Le 15 mars2006, l'Assemblée générale a créé un nouveau mécanisme de droits de l'homme, le Conseil des droits de l'homme. Il s'agit là d'une décision historique. Cette création traduit un nouveau départ pour la promotion et la protection des droits de l'homme dans le monde entier. Les pays candidats doivent présenter leurpropre bilan en matière de droits de l'homme et faire face au risque d'expulsion s'ils violent leurs engagements alors qu'ils sont membres du Conseil.
Q : Vous dites souvent qu'il est primordial pour l'ONU de faire entrer la réalité de notre monde dans ses salles de réunion. Comment croyez-vous que cela puisse se faire ?
J.E. :
Nous devons garder présent à l'esprit que les Nations Unies ont été créées pour servir les peuples - les premiers mots de la Charte des Nations Unies sont " Nous, peuples des nations... ". Nous tous qui travaillons pour les Nations Unies devons ainsi nous rappeler que notre tâche est de traiter les problèmes réels sur le terrain et d'apporter un plus aux peuples du monde entier. Il y a plusieurs manières d'introduire la réalité des faits dans les salles de réunion des Nations Unies. On pourrait avoir des débats plus interactifs sur les grands dossiers mondiaux avec des participants qui apporteraient leur expertise dans chaque domaine examiné. On pourrait aussi renforcer nos relations avec les partenaires extérieurs appropriés - les parlements et la société civile, y compris les organisations non gouvernementales. En tant queparlementaires, vous pouvez relayer les messages de vos électeurs. De même, vous pouvez jouer un rôle important en sensibilisant le public à l'action des Nations Unies.
Q : Comment décririez-vous les grands défis que l'ONU devra relever dans les mois à venir ?
J.E. :
Tout d'abord rétablir et renforcer la confiance dans le système multilatéral lui-même. Dans le monde d'aujourd'hui, on n'a jamais eu autant besoin d'un système multilatéral pour apporter des solutions mondiales aux problèmes mondiaux que sont la pauvreté, les maladies transmissibles, les atteintes à l'environnement, les actes de terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et le crime organisé. Les enjeux sont considérables - l'alternative au multilatéralisme, c'est l'unilatéralisme, ou bien des groupements de pays qui se font face. Il faut donc faire des Nations Unies un acteur plus fort et plus efficace sur la scène mondiale.
Q : Au Sommet onusien de 2005, les chefs d'Etat et de gouvernement ont appelé à une coopération renforcée entre l'ONU et l'UIP dans la mise en oeuvre de la Déclaration du Millénaire et dans la réforme de l'ONU. Comment, selon vous, cet engagement politique peut-il trouver corps dans la pratique ?
J.E. :
Il est nécessaire de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les parlements nationaux et régionaux, y compris par l'UIP, au sein des structures existantes. Les Nations Unies ont tout à gagner d'un rôle plus actif des parlementaires dans la mise en Unies en général. Nous devons
trouver de meilleures manières d'amplifier l'échange d'informations entre les Nations Unies et les instances parlementaires, comme l'UIP. Les parlementaires peuvent contribuer au programme de réforme de l'ONU de bien des façons différentes. Outre l'exercice de leurs responsabilités législatives, les parlementaires peuvent faire comprendre à leurs électeurs en quoi les Nations Unies apportent un plus à leur vie quotidienne et pourquoi le multilatéralisme est important. Ils peuvent aussi apporter une contribution au niveau opérationnel. L'un des domaines importants où les parlementaires peuvent jouer un rôle significatif est celui de la consolidation de la paix. Les pays sortant d'un conflit ont besoin d'une assistance pour mettre en place des moyens et des institutions dans bien des domaines, y compris la gouvernance démocratique. Leur expérience sera précieuse dans l'effort international de reconstruction des sociétés déchirées par la guerre.
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