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N°29
AVRIL 2008

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de la Revue

Le Monde des Parliaments
Les femmes au travail

Promouvoir l'accès des femmes au travail

Les femmes représentent près de 40% pour cent de la main d'oeuvre dans le monde, toutefois, elles sont toujours défavorisées au travail, leur activité étant majoritairement non rémunérée ou sous-rémunérée par rapport à celle des hommes.

Pour aborder les thèmes liés à l'égalité des salaires et à la discrimination ou à l'exploitation dans le travail, l'UIP et l'Organisation mondiale du Travail (OIT) ont organisé, en décembre 2007 au Siège de l'OIT à Genève, une conférence sur les Femmes et le travail, en présence de Mme Nouzha Skalli, Ministre du développement social, de la famille et de la solidarité du Maroc, et de quelque 150 élus venus de 55 pays.

Selon le Président de l'UIP, M. Pier Ferdinando Casini, promouvoir l'accès des femmes au marché du travail et renforcer leur contribution économique ne sont pas seulement des facteurs clés du développement et de la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, mais aussi une question de justice.

Les participants à la conférence ont conclu que pour garantir et promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes dans le monde du travail, il faut d'abord mettre en place un cadre juridique solide et efficace. L'élaboration de législations soucieuses d'équité entre les sexes est à cet égard un préalable fondamental qui relève de notre responsabilité de parlementaires.

Les législations nationales doivent être compatibles avec les normes et les critères internationaux que nos pays respectifs se sont engagés à appliquer. Elles doivent aussi tenir compte des réalités nationales et répondre aux intérêts de l'ensemble des électeurs, notamment des femmes vivant en milieu rural et des femmes marginalisées.

Le développement du microcrédit est très important

La ministre marocaine Mme Nouzha Skalli (à gauche), prenant la parole à la Conférence sur les femmes et le travail. La Ministre du développement social, de la famille et de la solidarité du Maroc, Mme Nouzha Skalli, a expliqué au Monde des Parlements, la situation des femmes dans le domaine du travail au Maroc

Q : Il semble qu'un peu partout dans le monde, l'emploi recule, notamment parmi les jeunes femmes bardées de diplômes qui ne trouvent bien souvent qu'un travail précaire ou un mandat de consultante. Comment l'expliquezvous ?
Nouzha Skalli :
Effectivement, s'agissant de la main d'oeuvre active, la tendance mondiale est à un léger recul. Parce que les femmes travaillent beaucoup dans le secteur informel, ce qui signifie qu'elles doivent faire face à deux problèmes : la précarité et le manque de couverture sociale. Comment lutter contre ce problème ? Chez nous, le développement du microcrédit est un élément très important, puisque le Maroc est en passe de devenir un des pays phares dans ce domaine. Au sein de mon ministère, nous avons mis en place des programmes visant à développer des activités génératrices de revenus pour les femmes et des coopératives afin de permettre aux femmes de s'intégrer dans le développement du pays.

Q : Qu'en est-il du travail des enfants ?
N.S. :
Il existe aujourd'hui au Maroc une volonté politique très forte de lutter contre le travail des enfants. En matière de législation, le code du travail interdit le travail des jeunes de moins de 15 ans et soumet le travail des enfants de 15 à 18 ans à des conditions très strictes en ce qui concerne les conditions et à la qualité de travail. Le travail doit ainsi être plus proche du stage de formation et de l'apprentissage.

Q : Que dire de la condition de celles qui sont appelées « les petites bonnes » ?
N.S. :
Notre ministère a mis en place un système d'assistance et la société civile mène également des actions de lutte contre l'abandon scolaire et contre le travail des enfants. Nous préparons une législation spécifique pour lutter contre le travail des plus jeunes, avec des sanctions accrues, particulièrement à l'égard des intermédiaires. Nous avons lancé il y a un an une grande campagne de sensibilisation contre le travail des petites filles. Nous répertorions celles qui travaillent et nous essayons de les réintégrer dans leurs familles. Nous tentons aussi d'apporter une aide sociale aux familles, en leur donnant par exemple des denrées alimentaires, pour faire en sorte que les familles envoient leurs filles à l'école.

Q : Quelles est la réaction des familles ?
N.S. :
Les familles réinsèrent les filles et les inscrivent à l'école, mais elles insistent sur le fait que si leurs filles doivent travailler cela est dû principalement à des raisons économiques. C'est pour cela que nous nous efforçons de produire des activités génératrices de revenu pour un membre de la famille en difficulté, souvent la mère, et nous apportons un soutien scolaire aux enfants.