Objectif 1 du millénaire pour le développement : ERADIQUER L'EXTREME PAUVRETE ET LA FAIM |
La démocratie alimentaire :
une politique qui doit être centrée sur le bien-être de l'individu
par M. Pier Ferdinando Casini, Président de l'UIP
Un mois tout juste avant la Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale qui s'est tenue récemment à Rome, l'UIP tenait son Assemblée en Afrique du Sud. Elle avait pour thème général Faire reculer la pauvreté, laquelle constitue probablement le la plus grande entrave au progrès de l'humanité et la principale raison pour laquelle les aspirations humaines se concrétisent rarement. La pauvreté, c'est la paralysie. Quand il faut lutter jour après jour pour survivre, rien d'autre ne compte.
Au moment où l'Assemblée débattait de cette question, les prix des denrées alimentaires atteignaient des sommets, déclenchant des émeutes dans plusieurs pays, de part et d'autre de la planète. Cette dernière crise ne fait qu'ajouter aux difficultés immenses auxquelles la démocratie est confrontée dans des sociétés où une large proportion de la population lutte jour après jour pour sa survie. Dans de telles situations, les priorités publiques sont l'alimentation, la santé et l'hébergement. Lorsqu'on a faim, la plus grande liberté d'expression ne saurait répondre aux besoins élémentaires.
Ainsi cette nouvelle crise alimentaire représente une grande menace non seulement pour ceux qui doivent faire face aux pénuries alimentaires et risquent la famine, mais aussi pour la démocratie même. Il est indispensable que les institutions démocratiques et en premier lieu les parlements prennent la question à bras le corps et s'assurent que nous appliquons les bonnes politiques et que les lois en place sont les bonnes.
Ce n'est pas une tâche anodine. Les statistiques à elles seules sont effrayantes. D'après les projections, il faudrait que la production alimentaire augmente de 50 pour cent au cours des 20 prochaines années pour satisfaire la demande. Or, pour y parvenir, il faudrait une nouvelle révolution agricole. En outre, les statistiques et les analyses que l'on nous présente mettent le doigt sur quelques vérités pour le moins gênantes, à savoir, entre autres, que ce serait le modèle de développement actuel qui nous empêcherait de produire ce dont nous avons besoin pour nous nourrir. L'une des principales causes de la hausse des prix viendrait en effet de l'augmentation de la demande, elle-même générée par l'augmentation rapide des revenus, en particulier dans les pays émergents. Et c'est sans parler du prix du pétrole, et de l'augmentation des coûts générée par la spéculation et les changements climatiques. De surcroît, on recourt de plus en plus aux biocarburants pour répondre à une demande d'énergie en constante augmentation. Certains experts estiment qu'un tiers de l'augmentation des prix des denrées alimentaires est due à la demande de céréales destinées à la production de biocarburants. Le modèle de développement actuel est aussi à l'origine d'une bonne partie des changements climatiques, de la pénurie d'eau, du manque croissant de terres cultivables et de la réduction du stock de poissons auxquels on assiste dernièrement.
Parallèlement, l'écart entre les riches et les pauvres se creuse et on risque fort d'arriver à une situation où les inégalités relatives pourraient avoir des conséquences irrémédiables pour les pauvres; avec une classe moyenne florissante qui ferait augmenter à son insu le prix de la nourriture au point qu'elle deviendrait inaccessible aux habitants les plus démunis de la planète. Ces personnes, comme nous le savons tous, sont dans leur immense majorité des femmes et des enfants.
Je me félicite donc des récents efforts de la communauté internationale pour faire le point de la situation actuelle et commencer à élaborer une réponse collective. Nous avons besoin d'une politique mondiale en ce qui concerne l'alimentation, avec des objectifs clairs. Cette politique doit viser à nourrir tous les habitants de la planète, le plus sainement possible.
Dans l'élaboration de cette politique, nous avons tout intérêt à envisager les choses sous l'angle de ce que nombre de personnes appellent la « démocratie alimentaire ». Cette notion donne un cadre plus approprié que celle de « sécurité alimentaire » pour élaborer la politique future. La démocratie alimentaire suppose que cette politique soit guidée par les mêmes valeurs que celles qui sous-tendent la démocratie : c'est-à-dire le respect de la dignité et des droits fondamentaux de la personne, la justice sociale et le développement économique et social. Autrement dit, une politique centrée sur l'individu et sur son bien-être.
Les parlements sont invités à célébrer
la Journée internationale de la démocratie
L'Assemblée générale des Nations Unies a institué, à la fin de l'année dernière, une nouvelle Journée internationale, qui sera dédiée à la démocratie. Cette journée sera célébrée pour la première fois le 15 septembre 2008. Hautement symbolique, cette date coïncide avec l'adoption par l'UIP, en septembre 1997, de la Déclaration universelle sur la démocratie. Les présidents de parlement ont été invités à organiser des activités propres à mettre en avant la place du Parlement dans la démocratie afin de donner le plus de visibilité possible à cette première journée internationale.
Cette journée sera l'occasion pour les parlements de mettre en exergue l'importance de la démocratie, les conditions et les difficultés qui y sont associées, mais aussi les possibilités qui en découlent et la responsabilité centrale des parlements, quels qu'ils soient, en leur qualité d'institution fondamentale de la démocratie. Ce sera aussi l'occasion de se pencher sur la manière dont les parlements s'acquittent de leurs fonctions démocratiques et d'en débattre. Les parlements sont invités à organiser une manifestation de leur choix, le 15 septembre, ou au plus près de cette date, pour célébrer la démocratie. De son côté, l'UIP organisera une réunion- débat à la Maison des parlements, durant la matinée du 15 septembre, avec pour thème le concept de démocratie, l'idée maîtresse étant que si l'existence d'un parlement ne garantit pas à elle seule la démocratie, en revanche, il ne peut y avoir de démocratie sans Parlement.
L'UIP se mobilise au service des Objectifs du millénaire pour le développement définis par les Nations Unies
LES OBJECTIFS | |
Réduire l'extrême pauvreté et la faim | |
Assurer l'éducation primaire pour tous | |
Promouvoir l'égalité et l'autonomisation des femmes | |
Réduire la mortalité infantile | |
Améliorer la santé maternelle | |
Combattre le VIH/SIDA, le paludisme … | |
Assurer un environnement durable | |
Mettre en place un partenariat mondial pour le développement |
On trouvera dans le présent numéro plusieurs articles sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) arrêtés par les Nations Unies. Ces huit objectifs convenus par l'ensemble des nations et les principales institutions de développement, qui visent aussi bien à réduire de moitié la pauvreté extrême qu'à enrayer la propagation du VIH/sida à l'horizon 2015, ont suscité des efforts sans précédent pour répondre aux besoins des habitants les plus pauvres de la planète, un défi auquel l'UIP adhère pleinement.