Objectif 4 & 5 du millénaire pour le développement : REDUIRE LA MORTALITE INFANTILE ET AMELIORER LA SANTE MATERNELLE |
« Soyez pragmatiques, trouvez des solutions ! »
Message de M. Francisco Songane, ancien Ministre de la santé du Mozambique, aux dirigeants politiques Il ressort du Rapport 2008 intitulé Tracking Progress in Maternal, Newborn & Child Survival, que seule une fraction des 68 pays en développement qui représentent 97 pour cent des cas de mortalité maternelle et infantile dans le monde enregistrent des progrès suffisants pour assurer les soins de santé essentiels qui permettent de sauver la vie à des femmes, des nourrissons et des enfants. Réunis au Cap, des parlementaires et des experts en santé publique se sont intéressés à ce qu'ils pouvaient faire pour accélérer le processus, et espérer atteindre les Objectifs 4 et 5, qui consistent à réduire la mortalité infantile, d'une part, et maternelle, de l'autre. Pour M. Songane, Directeur du Partenariat Compte à rebours 2015 et ancien Ministre de la santé du Mozambique, il faut aussi tenir compte du contexte dans lequel s'inscrivent ces pays.
Q : Qu'attendez-vous des parlementaires ?
M. Francisco Songane :
Il était utile de les informer et l'Assemblée de l'UIP était une très bonne occasion de le faire. Le moment était en effet bien choisi pour accélérer la dynamique, dans la mesure où nous présentions notre rapport d'analyse sur les progrès de 68 pays à l'Assemblée du Cap. Les parlementaires regagneraient ainsi leurs pays respectifs avec des informations sur ce qu'il convient de faire. Grâce à l'influence et à l'autorité dont ils jouissent dans leur fonction de législateurs, notamment en matière budgétaire, ils pourront contrôler l'action de leur gouvernement et la mise en oeuvre des programmes. Notre rapport fait aussi état du problème de l'inégalité. Aussi importe-t-il que les parlementaires fassent preuve de vigilance et veillent à ce que cet aspect de l'accès aux soins soit bien pris en compte lorsqu'il est question d'inégalité. Il faut que les parlements et les gouvernements travaillent ensemble pour faire changer les choses.
Q : Que faut-il faire concrètement ?
F.S.: Je suggère que les parlementaires créent leur propre commission ou chargent les commissions responsables des affaires sociales dans leurs pays respectifs de s'occuper de ces questions, soit chaque année, soit en fonction de leur calendrier de travail. Il faut aussi qu'ils s'assurent que la question des soins de santé pour les mères et les enfants, mais aussi celle de l'alimentation pour tous, sont dûment prises en compte. J'espère qu'ils seront de mon avis et qu'ils accompagneront notre action. Il est important que nous dressions ensemble des constats et que nous décidions ensemble de ce que peuvent faire les parlementaires pour évaluer l'action entreprise.
Q : Le problème de l'accès aux soins de santé prend des proportions dramatiques avec la crise financière mondiale. L'aide financière estelle suffisante pour aider les plus vulnérables ?
F.S.: Pour commencer, il s'agit d'avoir conscience du problème et de faire preuve de volonté politique. Par exemple, l'argent est un facteur crucial pour construire des infrastructures. Mais nous savons pourquoi les gens meurent et ce qu'il faut faire pour l'éviter. Nous savons aussi que dans certains cas, les interventions décidées n'arrivent pas jusqu'àaux populations qui en ont besoin. C'est pourquoi nous devons nous pencher sur la question de l'affectation et de la réaffectation des ressources. Chaque fois que l'argent manque et qu'il n'est pas possible de mobiliser des fonds supplémentaires, nous comptons sur la solidarité. Mais nous devons commencer par mettre de l'ordre dans nos pays respectifs.
Q : En tant qu'ancien Ministre de la santé, vous savez que dans de nombreux pays, les budgets alloués aux affaires sociales sont réduits. Comment peut-on y remédier?
F.S.: Ma question est la suivante : si les soins de santé sont si importants, pourquoi réduit-on les budgets de la santé ? Rien ne le justifie. Il faut lutter contre cette tendance. Pour ce faire, nous devons parvenir à faire évoluer les mentalités. Dans le cadre du Partenariat, nous travaillons avec différentes institutions. Parmi les éléments à prendre en compte, il y a le contexte avec lequel les pays doivent composer, autrement dit, l'accord qu'ils ont avec le FMI et la Banque mondiale. Il faut que le FMI revoie ses positions, qu'il réponde au manque d'argent et de main-d'oeuvre et autorise les pays à augmenter leurs dépenses dans le secteur social.
Q : Pensez-vous que le prochain sommet du G8, prévu en juillet prochain, doive traiter de ces questions ?
F.S.: Les parlementaires et en particulier ceux des pays en développement pourraient demander à leur premier ministre d'inscrire la question de la santé maternelle, néonatale et infantile en tête de l'ordre du jour du sommet du G8 au Japon et demander à leurs dirigeants de respecter leurs engagements antérieurs.
Q : Et pour ce qui est des pays en développement ?
F.S.: Ce qu'il faut, c'est une volonté de la part des dirigeants et une affectation ou une réaffectation appropriée des ressources, sans parler d'un appui dans les secteurs concernés. Je demande aux dirigeants de ces pays d'amener les différents partenaires, au sein du gouvernement, à travailler ensemble et je leur adresse le message suivant : soyez pragmatiques et faites en sorte de trouver des solutions ! Nous devons apprendre les uns des autres. Certains pays ont su faire preuve de pragmatisme pour faire évoluer les choses. Servons-nous de leur expérience !
SESSION UIP - COMPTE A REBOURS
Ils l'ont dit :
Les parlementaires ne vont pas se contenter de paroles. Ils vont agir pour améliorer l'espérance de vie des mères, des nouveaunés et des enfants.
M. Yoshio Yatsu, membre de la Chambre des représentants du Japon
Les parlementaires ont effectivement un rôle à jouer, mais ils ont besoin de pouvoir compter sur des partenaires ayant des informations concrètes et des mesures à proposer.
Mme Sylvia Sinabulya, membre du Parlement ougandais
Il faut que les pays donateurs soient en prise plus directe avec ce que leurs collègues ont à dire, notamment la société civile des pays en développement. C'est à cela qu'a servi la réunion UIP - Compte à rebours 2015.
M. Finn Martin Vallersnes, membre du Parlement norvégien
Le partenariat Compte à rebours a fait un cadeau aux parlementaires en mettant ces informations à leur disposition. Il importe à présent que la société civile, les ONG internationales et les travailleurs de la santé se rassemblent pour travailler aux côtés des parlementaires.
M. Anders B. Johnsson - Secrétaire général de l'UIP