La démocratie vaut la peine que l'on se batte pour elle
Ces 20 dernières années, nous avons été les témoins d'avancées démocratiques sans précédent partout dans le monde. Plusieurs pays ont décidé de rompre avec des régimes autoritaires et de s'engager dans la voie de la démocratie pluraliste en se dotant de parlements élus. Faut-il en conclure que nous vivons aujourd'hui dans un monde plus démocratique ?
Pas nécessairement. Nous vivons dans un monde de plus en plus fragmenté, caractérisé par une interdépendance grandissante, où les processus et décisions qui influent directement sur la vie des citoyens échappent souvent à tout mécanisme de vérification et de rééquilibrage. La mondialisation et la coopération internationale conduisent à adopter des décisions qui ne font pas toujours l'objet d'un contrôle démocratique adéquat. Le constat s'impose aussi au niveau des Etats souverains, où, il n'y a pas si longtemps encore, se prenaient toutes les décisions importantes : aujourd'hui,
les parlements, pierres angulaires des institutions démocratiques, traversent dans de nombreux pays une crise de légitimité. Les parlements ont bien du mal à représenter toutes les composantes de la société, ne peuvent influer sur l'action gouvernementale, et disposent de ressources limitées. Ils doivent aussi bien trop souvent faire face à la mauvaise volonté dont font preuve les dirigeants nationaux dès lors qu'il s'agit d'appliquer le principe du partage du pouvoir politique, qui est pourtant l'un des fondements de la démocratie parlementaire.
Cela étant, l'adhésion aux principes démocratiques est sans doute bien plus forte aujourd'hui que jamais. La démocratie est à la fois un idéal universellement reconnu et un système politique. En tant qu'idéal, la démocratie vise en substance à préserver et à promouvoir la dignité et les droits fondamentaux de l'individu. En tant que forme de gouvernement, la démocratie est le meilleur moyen d'atteindre ces objectifs; elle est aussi le seul système politique apte à se corriger lui-même.
La démocratie vaut donc la peine que l'on se batte pour elle. L'Union interparlementaire est engagée dans cette lutte depuis sa création et à tout lieu d'être fière de ses nombreuses réalisations. L'UIP entend s'associer pleinement aux manifestations qui marqueront la Journée internationale de la démocratie. Elle invite tous les parlements du monde à se joindre à elle pour célébrer les grandes avancées démocratiques. Le moment est venu de marquer une pause pour réfléchir ensemble aux moyens de relever les défis auxquels la démocratie est confrontée aujourd'hui, afin que le « gouvernement par le peuple » devienne une réalité, dans l'intérêt de chacun d'entre nous. Demos kratos !
IPU celebrates first International Day of Democracy
L'année dernière, l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 15 septembre Journée internationale de la démocratie. Cette décision revêt une importance particulière pour l'UIP, qui rassemble les parlements, pierres angulaires de la démocratie. L'UIP, qui oeuvre à la promotion de la démocratie en s'appuyant sur la Déclaration universelle sur la démocratie, adoptée il y a plus de dix ans, a décidé de marquer cette première Journée internationale de la démocratie en invitant les parlements à organiser diverses manifestations. Elle a également prévu d'organiser une réunion-débat à la Maison des Parlements, Siège de l'UIP, et de consacrer ce numéro du Monde des Parlements à la question de la démocratie. On y trouvera notamment des articles écrits par : M. Jimmy Carter, ancien Président des États-Unis d'Amérique, lauréat du prix Nobel de la Paix et Président du Centre Carter; M. Philippe Séguin, ancien Président de l'Assemblée nationale française et Premier Président de la Cour des comptes française; le professeur Benjamin Barber, politologue réputé, directeur de recherche à l'institut Demos et président de CivWorld; et Mme Marta Lagos, directrice exécutive de LatinoBarómetro.