Tableau contrasté

De gauche à droite : Mme Hendrietta Bogopane, M. Anders B. Johnsson, Mme Kay Hull (modératrice) et M. Jim McDermott Les efforts déployés pour enrayer l'épidémie mondiale de VIH/sida n'ont pas été vains. Des sommes plus importantes leur sont désormais affectées. Un plus grand nombre de personnes disposent désormais des informations essentielles sur le VIH et le taux annuel de contamination semble être en recul.

Derrière ces tendances encourageantes se cache néanmoins une réalité plus sombre. Les personnes souvent reléguées au ban de la société - travailleurs du sexe, hommes qui ont des rapports avec d'autres hommes, toxicomanes qui s'injectent des drogues - sont toujours effroyablement exposés à la maladie et continuent à la contracter à une allure inquiétante. Les prix des médicaments demeurent prohibitifs pour la plupart des porteurs du virus et seul un tiers des neuf millions de personnes qui ont besoin d'être soignées aux antirétroviraux y ont effectivement accès. Une contamination sur six concerne un enfant, qui mourra dans la plupart des cas avant d'avoir deux ans, et le taux de couverture en matière de prévention de la transmission de la mère à l'enfant est déplorablement insuffisant.

En juin, l'Assemblée générale des Nations Unies a tenu sa session extraordinaire sur le VIH/sida. Chose inédite, l'Assemblée a expressément encouragé les parlementaires à se joindre à la délégation de leur pays à cette réunion de haut niveau. Ils ont été environ 150 à répondre à cet appel et la veille de la session extraordinaire, l'UIP a organisé une réunion d'information à leur intention aux Nations Unies, à New York.

De hauts représentants de l'ONUSIDA et du PNUD ont fait des exposés informatifs, après quoi les participants se sont livrés à des échanges au cours desquels des discours ont été prononcés par le parlementaire américain, Jim McDermott, qui a été très critique à l'encontre des gouvernements, notamment du sien, qui imposent des restrictions aux porteurs du VIH en matière de voyages; par la sénatrice belge Marleen Timmerman, qui a appelé les parlementaires à examiner de plus près les différents facteurs de propagation de la maladie dans leur région; et par Mme Hendrietta Bogopane, parlementaire sud-africaine, qui a estimé que les parlements et tous leurs membres devaient reconnaître l'impact du virus sur leur institution et admettre ouvertement son existence.

Le Groupe consultatif de l'UIP sur le VIH/sida élargi depuis peu s'est réuni à New York pour faire la synthèse des recommandations de l'audition et planifier les activités à venir du Groupe consultatif, qui doivent associer visites d'information sur le terrain et séminaires régionaux de formation. Le guide de l'UIP intitulé Agir contre le VIH servira de document de base pour ces séminaires. Le projet d'une deuxième réunion parlementaire mondiale sur le VIH/sida, qui se tiendrait en 2009, sur le modèle de celle organisée à Manille en 2007, commence à se dessiner.

Enfin, cette manifestation a été l'occasion d'un déjeuner de travail animé auquel ont participé des parlementaires, des diplomates et des dirigeants d'organisations multilatérales. Il en est ressorti qu'une législation éclairée et fondée sur des données scientifiques était vraiment utile et que, étant donné leur position dirigeante au sein de la société, les parlementaires devaient être plus nombreux à s'investir dans la lutte contre le VIH/sida et y être associés. Les mères et les jeunes enfants, les travailleurs du sexe et les toxicomanes ont besoin de toute l'aide possible.