>> ENGLISH VERSION   
N°18
JUILLET 2005

SOMMAIRE

white cube Éditorial
white cube L'enjeu de la 2ème Conférence mondiale des présidents de parlements
white cube Droits de l'homme
white cube Les femmes en politiques
white cube Coopération avec l'ONU
white cube Symposium public de l'OMC
white cube UIP & UNITAR
white cube Évolution parlementaire
white cube Lu dans la presse

Previous issue Autres numéros
de la Revue

Next issue

AUSSI SUR CE SITE

white cube L'Union en bref
white cube Quoi de neuf ?
white cube Communiqués de presse
white cube Publications
white cube Base de données PARLINE
white cube Base de données PARLIT
white cube Questions et commentaires
white cube Recherche rapide

Le Monde des Parlements
Les femmes en politiques

ENTRETIEN AVEC PIA CAYETANO, SENATRICE DES PHILIPPINES

Mme. Pia Cayetano
Mme. la sénatrice
Pia Cayetano
"Il faut que l'on reconnaisse l'existence de la violence exercée contre les femmes et les enfants dans les conflits armés"

Plus de 160 femmes parlementaires de 120 pays participant à la Réunion des femmes parlementaires à Manille – dans le cadre de la 112ème Assemblée de l'UIP – ont célébré le 20ème anniversaire de la création de la Réunion. La Sénatrice des Philippines Pia Cayetano, élue présidente de la session de Manille de la Réunion des femmes parlementaires (et aussi présidente du Panel de l'Assemblée sur la violence contre les femmes et les enfants dans les situations de conflit), a dit de cette Réunion qu'elle était "symbolique des luttes des femmes". Entretien.

Q : Comment décririez-vous la situation des femmes aujourd'hui ?
Sénarice Pia Cayetano :
Dans de nombreux pays, les femmes sont toujours privées de leurs droits et victimes de l'oppression. Seuls 14 pays remplissent l'objectif fixé par l'UIP de 30% de femmes parmi les parlementaires. Il y a pourtant des avancées indéniables. Voici vingt ans, les femmes parlementaires se rencontraient en marge de l'Assemblée de l'UIP. Aujourd'hui, elles ont leur propre réunion. Cette année, de nombreuses femmes parlementaires sont présentes. Dans la chambre basse du parlement des Philippines, il y a 15% de femmes parmi les députés; dans la chambre haute cette proportion est de 17%, et les femmes représentent 25% des ministres. En outre, une femme est chef de l'État. La Présidente Arroyo encourage un programme pour l'égalité entre hommes et femmes. La Réunion permettra aux femmes de se faire entendre et de trouver des solutions à leurs problèmes.

Q : Que recommanderiez-vous pour résoudre le problème de la violence commise contre les femmes et les enfants, par exemple dans les conflits armés ?
P.C.:
C'est d'abord une question d'information et de prise de conscience. Il faut que la situation particulière des femmes et des enfants soit reconnue. Toutes les guerres font des morts et des blessés, mais la majorité des victimes civiles sont des femmes et des enfants. Ils sont plus vulnérables, et il y a des crimes sexuels spécifiques commis à l'encontre des femmes et des enfants que beaucoup de personnes ne reconnaissent pas ou refusent de voir. Dans de nombreuses zones, il arrive que les crimes de ce genre soient presque tolérés, parce que le terrain est occupé par des hommes, qui ont des besoins. Il faut faire savoir que cela n'est absolument pas acceptable. Il faudrait aussi donner des informations aux forces de paix dépêchées sur place, car certaines études ont montré que mêmes les forces de maintien de la paix peuvent commettre des abus, et en particulier des abus sexuels.

Q : Est-ce là un fait accompli, ou pouvons-nous changer la situation par nos actes ?
P.C.:
Je voudrais vous donner un exemple, d'abord sur la question de l'information. Dans certains pays comme les Philippines et la Corée, dans les années 40, pendant la Seconde Guerre mondiale, cette situation s'est produite. Aujourd'hui, une partie de mes électrices sont ces femmes âgées qu'on appelait à l'époque les "femmes de réconfort". Vous pensez peut-être que c'est quelque chose qui s'est produit il y a soixante ans, mais le phénomène perdure aujourd'hui. Il y a apparemment une absence de compréhension, un manque de prise de conscience, car cela existe encore. Il y a des traités internationaux qui sont déjà en vigueur, mais nous avons peut-être besoin de lois locales dans diverses régions pour renforcer ces traités internationaux. Il est important que les organes législatifs soient informés dans chaque pays. Les instances doivent être fermes en matière d'application. Les parlementaires et les personnes détenant une autorité devraient continuer à condamner très fermement ces actes. Une recommandation spécifique pourrait être d'utiliser la télévision nationale pour condamner les personnes impliquées, qu'il s'agisse de militaires ou de civils.

L'UIP ET L'UNICEF PUBLIENT UN GUIDE SUR LA LUTTE CONTRE LA TRAITE DES ENFANTS
A Manille, l'UIP et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) ont lancé un guide pour parlementaires intitulé Combating Child Trafficking. La Directrice générale de l'UNICEF, Carol Bellamy, a vivement engagé les législateurs à faire usage de leur pouvoir pour protéger les enfants contre l'exploitation, en affirmant : "soit ils prennent des décisions qui protègent les enfants, soit ils prennent des décisions qui les rendent vulnérables à l'exploitation et aux mauvais traitements. Le premier choix est la garantie quasi automatique d'un développement national soutenu, le second, de la perpétuation de la pauvreté."

112ème Assemblée Guide sur la lutte contre la traite des enfants
De gauche à droite : M. Franklin M. Drilon, Président du Sénat des Philippines et Président de la 112ème Assemblée de l'UIP, Mme Carol Bellamy, Directrice générale de l'UNICEF, le sénateur Sergio Páez, Président de l'UIP, et M. Anders B. Johnsson, Secrétaire général de l'UIP.

 

LES FEMMES PARLEMENTAIRES CELEBRENT 20 ANNEES DE PROGRES SUR LE FRONT POLITIQUE

Vernissage de l'exposition sur la réunion des femmes parlementaires
En 1889, il n'y avait pas une seule femme parmi les fondateurs de l'UIP; à l'époque, rares encore étaient les pays qui avaient reconnu le droit de vote et d'éligibilité des femmes. En 1921, deux femmes – venues d'Allemagne et du Danemark – furent les premières à participer aux débats d'une conférence de l'UIP, aux côtés de 108 hommes. Si cette première période peut paraître bien peu prometteuse en termes de participation des femmes, la situation est bien plus favorable aujourd'hui, puisque les femmes représentent désormais près de 30% des participants lors des Assemblées de l'UIP.

L'un des moteurs de cette avancée est la Réunion des femmes parlementaires, qui a célébré son vingtième anniversaire pendant la 112e Assemblée de l'UIP, à Manille. Dans un climat de solidarité et de fierté, la Réunion a fait le point des réussites passés, mais aussi des défis qui restent à relever dans la lutte pour l'égalité de chances et de droits.

L'histoire de la Réunion des femmes parlementaires est celle d'une lutte constante, marquée par des progrès réguliers. Lorsque la première Réunion organisée par le secrétariat de l'UIP s'est déroulée à Lomé en 1985, seules 26 femmes parlementaires étaient présentes; les préoccupations et les droits des femmes étaient alors jugés marginaux par rapport aux questions traitées par l'UIP et à la vie politique dans de nombreux pays. Quel contraste avec Manille, où 160 femmes de 120 pays étaient présentes pour débattre de questions concrètes telles que la violence familiale et les conséquences du VIH/sida sur l'existence des femmes.

L'objet initial de la Réunion des femmes parlementaires était de fournir aux femmes un espace leur appartenant pour qu'elles puissent se réunir et joindre leurs forces afin de porter à l'attention de tous des questions généralement passées sous silence dans les débats au sein de l'UIP et dans les discussions internationales, comme les obstacles culturels qui se dressent sur la voie des femmes ou l'égalité des sexes dans la vie politique et sur le lieu de travail. "Aussi longtemps que les femmes seront sousreprésentées dans les cercles du pouvoir, il sera nécessaire qu'elles se rassemblent pour s'encourager et pour unir leurs efforts", déclare la sénatrice canadienne J. Fraser.

En aval, on peut dire que le mouvement des femmes, au sein de l'UIP, a été un facteur décisif de progrès et de changement. Avec le temps, la Réunion a gagné en légitimité et en force. Ses objectifs se sont matérialisés à l'échelon politique global, avec une amélioration quantitative et qualitative de la participation politique des femmes. La Réunion a aussi donné à l'UIP une image de marque qui lui est propre : elle est le point de référence mondial pour les statistiques relatives à la participation des femmes à la vie politique. Elle a par ailleurs contribué à changer les mentalités, et incité les collègues masculins à intégrer les questions relatives à l'égalité des sexes dans les déclarations et les résolutions de l'UIP. La Réunion a demandé que les budgets parlementaires – y compris celui de l'UIP – soient analysés sous l'angle de l'égalité hommes-femmes.

Afin de marquer le vingtième anniversaire et de rendre hommage à toutes les femmes et à tous les hommes qui ont contribué à ce succès, une exposition sur l'histoire des femmes au sein de l'UIP a été mise sur pied.

L'HISTOIRE DE LA REUNION DES FEMMES PARLEMENTAIRES :

Sujet de recherche à l'Université de Genève

" 1978 – 1999 : La Réunion des Femmes au sein de l'Union interparlementaire " est le titre du mémoire soutenu par Mme Annalisa Sauli de Gironcoli, en avril 2005 à l'Université de Genève, dans le cadre de l'obtention d'un Diplôme d'Etudes Approfondies en Etudes Genre à la Faculté des sciences économiques et sociales.

Le travail met en exergue la lutte politique menée par les femmes, en tant qu'acteurs transnationaux, pour transformer, par leur participation, leur situation d' " exclusion " en " présence ". Il explique le succès de cette lutte par la combinaison de quatre facteurs : la présence très active d'un groupe de femmes parlementaires, le désir d'ouverture de l'Union Interparlementaire (UIP) qui aspire à accroître sa sphère d'influence, la conjoncture internationale favorable due à une certaine accalmie politique et le dynamisme des milieux féministes suscité par la Décennie de la femme.

L'étude en question a voulu ainsi démontrer que le hangement de la politique envers les femmes de l'UIP est le fruit de l'interaction entre l'activité de quelques femmes sensibles à la question de l'égalité des sexes, une conjoncture internationale particulièrement favorable et une organisation désireuse d'élargir sa sphère d'action en faveur de la communauté internationale. L'action des femmes parlementaires s'intègre ainsi parfaitement dans le mouvement international, en faveur des femmes, lancé par les Nations Unies. Elle donne une impulsion nouvelle à de nombreuses études et discussions sur la situation des femmes dans le monde, utilisant l'énorme potentiel d'informations et de structures de l'Union, ainsi que son exceptionnelle tribune politique. De son côté, l'Union voit sa collaboration avec les Nations Unies mise en valeur par cette ouverture aux problèmes de discrimination due au genre.

 

LE KOWEIT ACCORDE AUX FEMMES LE DROIT DE VOTE ET D'ELIGIBILITE ET NOMME UNE FEMME MINISTRE

"Je voudrais féliciter les femmes koweïtiennes de leurs efforts, ainsi que les législateurs et les autorités du pays pour leur décision. Les sociétés modernes ne seront plus humaines et plus équitables que lorsque l'ensemble de leurs citoyens participeront activement au processus de décision. L'UIP se tient prête à apporter son concours si le parlement et les femmes le souhaitent", a déclaré le Président de l'UIP, le sénateur Sergio Páez, durant sa visite officielle au Koweït, après la décision prise par l'Assemblée nationale du Koweït d'accorder aux femmes le droit de vote et d'éligibilité.

Un mois après cette décision historique, Mme Massouma al-Moubarak, professeur de sciences politiques et éditorialiste, était nommée ministre de la planification et ministre du développement administratif. Elle a déclaré à l'AFP que sa nomination à un poste ministériel représentait "un grand honneur pour les femmes koweïtiennes et un signe d'appréciation de leur lutte".

"la démocratie l’a emporté"

Le Président de l’Assemblée nationale du Koweït a commenté pour Le Monde des Parlements l’impact que devrait selon lui avoir cette décision. Entretien.

Q : A-t-il été difficile de persuader les membres de l’Assemblée nationale de donner aux femmes leurs droits politiques ?
Le Président du Parlement Jasem Mohammad Al-Khurafi :
Nous sommes fiers d’y être parvenus de manière démocratique, sans que le pays n’y soit contraint, ni que la décision soit prise par l’Émir ou par une personne isolée. La procédure prévue par la Constitution a été suivie. Il a fallu du temps, mais finalement ceux qui étaient favorables à la décision et ceux qui y étaient opposés sont tous convaincus que la démocratie l’a emporté et que nous devons tous accepter la décision de la majorité.

Q : Y a-t-il des chances de voir des femmes participer bientôt à la vie parlementaire ?
J. M. A-K.:
Il faudra du temps, car dans notre région du monde, nous avons des traditions, et des manières de penser différentes du point de vue religieux. Ceci dit, le temps nous a permis d’évoluer et il nous a donné la possibilité d’accepter le progrès. Bien que les femmes koweïtiennes n’aient obtenu le droit de vote que tout récemment, vous aurez certainement déjà noté la présence de femmes à divers échelons du gouvernement, et le fait qu’elles occupent des positions dirigeantes dans le secteur privé.

Q: Qu’attendez-vous de l’UIP ?
J. M. A-K.:
L’UIP a rempli sa fonction en exerçant une pression par son suivi de la situation touchant les droits des femmes. Elle sera désormais en mesure de suivre les succès remportés par les femmes au Koweït.

 PAGE D'ACCUEIL | PRINCIPAUX DOMAINES D'ACTIVITES | FONCTIONNEMENT ET DOCUMENTS 

 
Copyright © 2005 Union interparlementaire