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N°26
JUILLET 2007

SOMMAIRE

white cube Éditorial
white cube Coopération avec l'UNICEF
white cube Point de vue
white cube Coopération avec l'OMC
white cube Analyse
white cube Droit de l'homme
white cube Coopération technique
white cube Évolution parlementaire
white cube Lu dans la presse

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Le Monde des Parlements
Point de vue

Que faire pour contrôler 640 millions d'armes légères ?

Les estimations chiffrent à 640 millions le nombre d'armes légères et de petit calibre en circulation dans le monde. Ces armes de poing, fusils d'assaut et missiles anti-aériens portatifs sont en grande partie aux mains de particuliers. De récents événements dramatiques ayant pointé l'urgence des mesures à prendre, l'UIP et le Centre pour le dialogue humanitaire - dont le siège est à Genève - ont publié un guide à l'usage des parlementaires intitulé Les pièces manquantes du puzzle : guide pour réduire la violence armée par l'action parlementaire. Mme Mireille Widmer, Responsable du programme sur la sécurité humaine et les armes légères au Centre pour le dialogue humanitaire, en explique les enjeux. Entretien.

Q: Quel rôle les parlementaires peuvent-ils jouer ?
Mme Mireille Widmer:
Nous avons toujours travaillé au niveau des diplomates dans le processus de l'ONU sur les armes légères. Mais si les diplomates peuvent et doivent approuver les grandes lignes politiques, ce sont les parlementaires qui ont un rôle important à jouer pour mettre en pratique ces politiques dans chaque pays. Cela concerne le transfert et la collecte d'armes en surplus, ainsi que la réglementation de leur utilisation. Les élus peuvent donc adopter des législations pour contrôler les armes aux mains des civils et soutenir des campagnes pour attirer l'attention du public sur des questions relatives aux services de police qui font leur travail correctement et qui permettent de réduire la demande d'armes dans un pays.

Q: N'est-il pas difficile de légiférer dans les pays où les armes légères sont aux mains des civils qui les utilisent pour se défendre ?
M.W.:
Nous respectons le fait qu'il faut tenir compte des circonstances dans chaque pays. Il n'y aura pas une seule et unique formule. Avec ce guide, nous avons tenté d'illustrer ce qui a été fait dans un certain nombre de pays pour contrôler les armes et montrer que ces mesures ont été efficaces et ont permis de diminuer le nombre de morts par armes à feu et le traumatisme que cela a engendré. Le but de ces mesures est de sauver des vies et d'améliorer la sécurité des citoyens. Nous avons aussi énuméré un certain nombre de questions que les élus doivent se poser au moment de légiférer, dans tous les pays du monde. Nous admettons qu'il y ait, dans une certaine mesure, un usage légitime des armes légères, mais il faut clairement définir qui a le droit de posséder des armes, de quel type, et combien d'armes une personne peut avoir chez elle, et la manière dont celles-ci pourront être utilisées.

Q: Comment légiférer alors que la majorité des films et des séries télévisées destinées aux adolescents véhiculent une culture de l'autodéfense, de la force et de l'usage des armes à feu ?
M.W.:
C'est un point intéressant qui concerne le monde du cinéma, l'image et la problématique hommes-femmes. Jusqu'à présent, à chaque fois que l'on parlait de la perspective du genre par rapport aux armes à feu, on montrait des femmes et des enfants victimes de la violence de ces armes. Le guide à l'usage des parlementaires montre qu'il existe un lien très fort entre masculinité et armes à feu et nous devons en tenir compte.

Q: Comment cela peut-il se faire ?
M.W.:
Les mentalités changent graduellement. Il faut en prendre conscience et dénoncer les effets pervers que cela peut avoir. Pour ce faire, les hommes mais aussi les femmes jouent un rôle majeur. Car si les femmes trouvent plus attirant un homme qui possède une arme à feu, elles font aussi partie du problème. Changer cette image se fera graduellement, comme cela s'est fait par rapport à la cigarette. Si nous voyons de moins en moins de films où les héros ont perpétuellement une cigarette à la bouche, c'est parce que la cigarette a été stigmatisée et qu'un effort de sensibilisation sur les dangers qu'elle présente a été fait. Il faudrait faire de même avec les armes qui posent un problème de santé publique.

Q: L'aspect économique est aussi important, puisque les armes représentent un commerce juteux
M.W.:
Il faut relativiser l'importance du commerce des armes légères. Certes, le commerce des armes lourdes et armes de guerre est très important, mais lorsque nous parlons d'armes légères, les gains sont plus modestes. Le Small Arms Survey publie chaque année un annuaire qui relativise cette importance économique. Tous les pays du monde ne produisent pas des armes légères : les cinq membres permanents du Conseil de sécurité produisent 88% des armes classiques. Il faut aussi s'atteler aux problèmes qui surgissent dans des pays producteurs. Il ne s'agit pas forcément d'interdire mais d'exercer un contrôle plus efficace pour éviter que ces armes ne finissent entre les mains de personnes qui en feront un mauvais usage. Une campagne sur les transferts d'armes a été lancée et la Grande-Bretagne joue un rôle constructif dans ce sens. L'industrie de l'armement s'est ralliée à cet effort et cela signifie qu'elle y voit un intérêt, non pas pour interdire l'utilisation des armes à feu mais pour essayer de limiter les dégâts en mettant en place des garde-fous. Il n'y a donc pas forcément une opposition entre l'industrie des armes légères et les parlementaires qui voudraient mettre en place des contrôles qui relèvent tout simplement du bon sens.

L'industrie du cinéma pourrait contribuer à faire changer l'image associant masculinité et armes à feu

L'actrice française Sara Forestier porte une robe aux couleurs d'Amnesty international en forme de manifeste, pour la première de Chacun son cinéma au Soixantième festival de Cannes, le 20 mai 2007 L'UIP a récemment publié deux guides, le premier sur la violence à l'égard des enfants (avec l'UNICEF), et l'autre, sur la limitation des armes de petit calibre (conjointement avec le Centre pour le dialogue humanitaire). A ce propos, l'actrice Sarah Jones, l'une des ambassadrices de bonne volonté de l'UNICEF, a estimé que la télévision et Internet pouvaient contribuer à la prise de conscience en ce qui concernait la violence à l'égard des enfants et que l'industrie cinématographique de Hollywood, qui dicte les images qu'enfants et adultes ne cessent de voir, avait un rôle important à jouer pour mettre fin à la culture de la violence. Mme Mireille Widmer, du Centre pour le dialogue humanitaire, a ajouté que le cinéma pouvait contribuer à faire changer l'image qui consiste à associer masculinité et armes à feu.

 

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