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N°26
JUILLET 2007

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Le Monde des Parlements
Actualités dans le domaine de la coopération technique

AFGHANISTAN:
selon un expert de l'UIP, "il faudra du temps avant que les attitudes changent et que l'Assemblée nationale puisse fonctionner sans appui international"

Bibliothèque de la Wolesi Jirga à Kaboul. Sir Michael Davies, expert de l'UIP, est récemment rentré d'Afghanistan. Il explique pourquoi il est important de continuer à soutenir les institutions de ce pays.

ENTRETIEN

Q: Vous êtes récemment rentré de deux brefs voyages en Afghanistan, effectués dans le cadre du projet destiné à soutenir la mise en place du Parlement afghan, projet appuyé par le PNUD et l'UIP. Pouvez-vous expliquer ce que vous avez fait concrètement?
Sir Michael Davies:
Mon rôle était de conseiller le Parlement sur la manière de gagner en efficacité dans l'adoption des lois car un très grand nombre de projets de lois sont en souffrance depuis que le Gouvernement afghan a été formé en 2005. J'ai par ailleurs dispensé des conseils sur d'autres questions de procédure parlementaire et aidé à former les fonctionnaires parlementaires.

Q: A votre avis, quels sont les principaux défis posés au nouveau Parlement afghan ?
M.D.:
Le Parlement actuel est récent en Afghanistan. Il y a eu 30 ans de conflit depuis l'abolition de la dernière forme de gouvernement représentatif, en 1973. Cela signifie que ni les membres, ni les fonctionnaires des deux Chambres ne disposent d'expérience parlementaire, et qu'ils doivent apprendre leurs rôles respectifs sur le tas. Il faudra sans doute du temps pour qu'ils acquièrent les compétences nécessaires. Je crois qu'il y a un désir de travailler plus efficacement, mais l'Assemblée nationale ne dispose pas actuellement des infrastructures que l'on considère comme acquises dans les parlements européens et d'autres parlements occidentaux. Les locaux sont dispersés et les salles de réunion ne sont pas adaptées. J'ai assisté à des réunions de commissions qui se tenaient dans des salles où il était absolument impossible de faire tenir une chaise de plus, et où l'organisation laissait à désirer.

Q: Pensez-vous que le contexte politique actuel soit propice à l'établissement d'un parlement efficace?
M.D.:
Le système électoral afghan n'encourage pas la formation de partis politiques. De ce fait, il est beaucoup plus difficile d'inciter les deux chambres à prendre des mesures constructives, car il y a toujours des avis différents sur un problème donné – presque autant d'avis que de membres. Cela signifie que le gouvernement est largement dispensé de rendre des comptes sur ses politiques,car il n'y a pas d'opposition structurée et durable. On ne peut exercer de contrôle effectif dans un environnement parlementaire fragmenté.

Q: Les séances et les commissions plénières contribuent-elles effectivement à rendre le contrôle parlementaire constructif?
M.D.:
Ceux qui président les séances et les commissions plénières se voient souvent confier la tâche ingrate de faire en sorte que les intervenants ne digressent pas et que l'on évite de répéter constamment les mêmes choses. Diriger n'est pas une tâche facile, mais c'est un élément essentiel de tout parlement efficace. Je suis sûr que le fait d'aider les présidents à mieux maîtriser l'art de diriger les séances constituerait un projet utile. Actuellement, le problème majeur est le manque de discipline en matière de procédure dans les chambres, en particulier à la Chambre basse, la Wolesi Jirga. Trop souvent, les débats sur les dossiers dont la Wolesi est saisie sont interrompus par des membres qui soulèvent des questions d'intérêt local, ou par ce qui est perçu comme des insultes envers l'Assemblée nationale. Il est presque certain que ces interruptions diminueront à mesure que les membres s'habitueront aux conditions de la vie parlementaire et qu'ils comprendront que l'on obtient davantage en gardant son énergie pour contrôler l'action de l'Exécutif. Cela prendra du temps, toutefois la présence d'un nombre important de femmes parlementaires s'avère être un élément constructif, même si les parlementaires hommes des deux chambres ne partageraient probablement pas cet avis.

Q: Quelles sont les relations de travail entre parlementaires et fonctionnaires du Parlement?
M.D.:
Lors de mes courtes visites en Afghanistan, j'ai noté avec préoccupation que les fonctionnaires des deux chambres ne sont pas respectés en tant que conseillers et assistants parlementaires professionnels, contrairement à ce qui se passe dans les pays où la démocratie prospère. J'ai essayé d'encourager les administrateurs des commissions, en particulier, à montrer ce dont ils sont capables, mais nombre d'entre eux ont peur de perdre leur emploi en se mettant en avant en tant que conseillers. Il y a une explication culturelle à cela, néanmoins cela affaiblit leur rôle. Un corps de fonctionnaires sérieux et professionnel peut toutefois avoir une influence très positive sur les fonctions de contrôle d'un parlement. J'espère que les parlementaires afghans se mettront progressivement à compter davantage sur les fonctionnaires.

Q: Comment le soutien de la communauté internationale est-il perçu par les législateurs afghans ?
M.D.:
Il y a inévitablement des tensions concernant la participation de la communauté internationale aux affaires du Parlement. Le renforcement des capacités et l'aide dans divers domaines sont bien accueillis par la majorité des membres, mais dans le cas de la législation, les membres ont l'impression que l'on ne tient pas suffisamment compte de la culture et des pratiques afghanes. Il faut certainement aborder ces questions avec précaution.

Q: Malgré les défis considérables que vous venez de décrire, y a-t-il une chance de voir le Parlement afghan devenir un acteur clé dans le champ démocratique ?
M.D.:
Je crois que l'Assemblée nationale continuera à avoir besoin d'être soutenue, essentiellement au plan financier, mais aussi par des conseils, pendant de nombreuses années encore. L'Afghanistan n'est pas habitué à un système de gouvernement représentatif, et il faudra du temps avant que les attitudes changent et que l'on puisse affirmer que l'Assemblée nationale démocratique n'a plus besoin du soutien international.

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