L'UIP au Forum économique mondial

Le Secrétaire général de l'UIP, M. Anders B. Johnsson, a été invité par le Forum économique mondial à la Rencontre informelle des décideurs de l'économie mondiale (IGWEL), réunion de chefs d'Etat et de gouvernement, de ministres et dirigeants d'organisations internationales et régionales, qui s'est tenue durant le Forum économique mondial, qui a eu lieu cette année à New York.

Extraits de l'intervention du Secrétaire général sur La gouvernance économique mondiale et la démocratie

La réunion du Forum économique mondial de cette année a été axée sur le grave déficit démocratique du mode de fonctionnement de la gouvernance économique mondiale. Les précédents forums se sont attaqués à ce problème et la réunion de cette année à New York n'a pas fait exception à la règle, mais les manifestations fréquentes de protestation souvent violentes dans les rues de Gênes, Göteborg et d'autres villes hôtes de grands sommets intergouvernementaux ont relancé le débat.

Un vaste éventail d'activités économiques - investissements, commerce et flux de capitaux transfrontières - tissent des liens toujours plus étroits entre les nations. Mais les populations se rendent compte de plus en plus qu'elles ne sont pas consultées lors de la prise de décisions sur les questions économiques ayant une incidence directe sur elles, que les activités qui en découlent ne se traduisent pas par une amélioration de leur niveau de vie et que la coopération internationale et le processus multilatéral de prise de décisions menacent paradoxalement plus que jamais leurs intérêts.

La mondialisation et la prédominance des facteurs économiques dans le développement des nations font qu'il est impératif de renforcer les processus politiques et le lien entre les citoyens et leurs représentants. Il est également crucial de renforcer le rôle des parlements et des parlementaires dans la coopération internationale. L'Union interparlementaire (UIP) est donc heureuse d'avoir été conviée au Forum de " Davos " de cette année aux fins d'instaurer un dialogue sur le rôle des parlements eu égard à la gouvernance économique mondiale.

Le Parlement se compose d'hommes et de femmes élus par le peuple pour le représenter et exprimer ses aspirations. C'est l'organe de l'Etat qui permet à la société, dans toute sa diversité, de participer au large processus politique et à la conception d'une politique d'intérêt général. Le Parlement incarne la souveraineté du peuple et peut, en toute légitimité, contribuer à traduire la volonté de l'Etat à l'échelle internationale.

Au niveau national, le Parlement doit contribuer plus activement à la mise en place d'un cadre de régulation des activités économiques. De par ses fonctions législative et de contrôle, le Parlement doit veiller à l'adoption de lois reflétant les besoins des populations et contrôler l'exécution, par le gouvernement, des politiques arrêtées.

Grâce à leur interaction permanente avec les citoyens - leurs électeurs - les parlementaires sont bien placés pour cerner les préoccupations et appréhensions du public et peuvent donner une dimension sociale, tant attendue, au processus de prise de décisions. Par ailleurs, le Parlement dispose de mécanismes institutionnels, tels que les auditions, au moyen desquels les acteurs de la société civile peuvent apporter leur contribution au débat.

Le Parlement peut jouer aussi un rôle particulièrement important eu égard à l'activité des structures intergouvernementales multilatérales. Un pas a déjà été fait dans ce sens avec la coopération grandissante entre le système des Nations Unies et les parlements nationaux, par le canal de l'Union interparlementaire, et au niveau de l'Organisation mondiale du commerce par le truchement de la première réunion parlementaire mondiale sur le commerce international organisée par l'UIP l'année dernière à Genève. L'UIP se propose d'agir de même à l'égard des institutions de Bretton Woods afin que les représentants élus du peuple, tant des pays créanciers que des pays bénéficiaires, puissent avoir un droit de regard sur les politiques des grandes institutions financières.

Des progrès ont déjà été accomplis dans maints pays, mais il reste beaucoup à faire. Pour que cet effort soit couronné de succès, il faudra, par ailleurs, renforcer de façon notable l'institution parlementaire et la doter des moyens nécessaires pour exercer ses fonctions législative et de contrôle.